mardi 21 février 2023

VIVRE, ÉCRIRE, AVEC LA PEINTURE : À PROPOS DE DEUX LIVRES RÉCENTS DE JAMES SACRÉ ET DE MYRIAM ECK.

 

Accompagner avec ses mots l’œuvre d’un peintre est une des tentations parmi les plus fréquentes du travail poétique. Inversement les peintres apprécient le plus souvent de voir leurs amis poètes prêter voix à ces choses muettes dont comme disait Poussin ils font profession [1]. Sans remonter aux célèbres ekphrasis tant prisées de la littérature antique, chacun a toujours bien en tête le dialogue entre Baudelaire et Delacroix, Mallarmé et Manet, Apollinaire et Derain, Cendrars bien sûr et Sonia Delaunay, Chagall ou Fernand Léger ou plus proche de nous Charles Juliet et Bram Van Velde … C’est que pour paraphraser le célèbre rhéteur Lucien de Samosate, quiconque voit se présenter sous ses yeux un spectacle ou une œuvre admirable ne peut faire autrement que d’éprouver en lui le besoin de s’en pénétrer et ne pouvant demeurer muet devant tant de beautés, de tenter de les exprimer « par une parole reconnaissante ».[2] Aujourd’hui peintres et poètes, s’ils continuent d’entretenir entre eux cette stimulante complicité voient surtout dans cette démarche un moyen de sortir un peu de la solitude où les enferme leur art, tant poésie comme peinture à l’exception de quelques rares grandes exceptions restent toujours dans la cruelle réalité imposée par nos univers marchands, terriblement confidentielles.

lundi 20 février 2023

SUR LA PLACE ET LE RÔLE AUJOURD’HUI DES POÈTES FEMMES. UN NUMÉRO IMPORTANT DE LA REVUE NU(e).

Dans mon tout dernier post je remarquais la part de plus en plus importante que prenaient les femmes sinon dans le monde poétique actuel, du moins sur le plan plus particulier quand même de la publication. La sortie, le mois dernier, du numéro 79 de la revue NU(e), entièrement consacré au cinquième volet du projet intitulé POÈT(e)S, qui s’est tenu en mai dernier dans la belle ville de Besançon sous la direction d’Élodie Bouygues, enseignante-chercheuse à l’Université de Franche-Comté, vient opportunément prolonger, et enrichir surtout de matière, ma rapide réflexion.

Dans son avant-propos, Aude Préta-Beaufort de l’Université de Lorraine qui explique la genèse du projet dont avec Élodie Bouygues, mais aussi Béatrice Bonhomme, de l’Université Côte d’Azur/ Nice, Anne Gourio à l’Université de Caen-Normandie, Évelyne Lloze de l’Université Jean Monnet / Saint-Étienne, elle est l’une des chevilles ouvrières, replace dans son contexte cette importante initiative, montrant la diversité des entreprises et des travaux engagés au cours de ces dernières décennies pour,  comme elle l’écrit, « mettre davantage en lumière la place et le rôle [des poètes femmes) dans le champ actuel de la poésie ».

vendredi 17 février 2023

ARCHITECTES DE LEUR PROPRE VIE. À PROPOS D’UNE SÉLECTION DES LIVRES TOUT RÉCEMMENT REÇUS PAR LES DÉCOUVREURS.

 

 Certes, au final,on m’objectera toujours bien des choses mais le fait est que je reçois de plus en plus d’ouvrages de poésie écrits par des femmes. Et alors qu’à l’origine du Prix des Découvreurs, il y a quelque vingt-cinq ans, nos sélections s’employaient à accorder une place encore exagérément belle aux hommes,  ces derniers ont cessé aujourd’hui d’être majoritaires. Et je constate que la plupart des voix nouvelles que poussent mes collègues sont de plus en plus désormais des voix de femmes. En témoignent ces cinq ouvrages découverts à mon retour de vacances que j’ai rassemblés sur la photo devant un arrière plan de Constable. Manière pour moi de faire écho à ce titre d’Ariane Dreyfus, Nous nous attendons, et tout particulièrement à cette magnifique invite qu’on y lira : « le ciel/ Et la pente// Disent « Viens ! » aussi fort l’un que l’autre ».

dimanche 5 février 2023

LA POÉSIE : POURQUOI QUI COMMENT QUOI ... POÈME DE DENISE LE DANTEC.


 Je découvre ce matin sur Facebook ce poème inédit de Denise Le Dantec qui mérite bien d'être partagé sur un autre media et d'être offert surtout à ces jeunes et à leurs professeurs auxquels ce blog est plus particulièrement destiné. Pour stimuler leur réflexion sur ce genre  si délicat à aborder qu'est la poésie qui meurt effectivement dès qu'elle n'est plus considérée que comme un simple objet culturel.  

J'accompagne ce texte, en guise de clin d'oeil à l'amateur de jardins qu'est Denise, d'un fragment de tableau du peintre Brusselmans. 

 

samedi 4 février 2023

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. CE QUE M’A SOUFFLÉ LA VILLE DE MILÈNE TOURNIER.

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NÉCESSITÉ DE LA POÉSIE. CE QUE M’A SOUFFLÉ LA VILLE DE MILÈNE TOURNIER AU CASTOR ASTRAL.


Empathie et fragilité. Fragilité car empathie à moins que ce ne soit plutôt le contraire. C’est ce qui me vient d’abord à l’esprit au moment de commencer à parler une nouvelle fois de la poésie de Milène Tournier. Je pourrais ajouter courage et énergie pour rendre compte aussi de ce qui la pousse à marcher et marcher sans relâche, écrire et écrire sans jamais s’arrêter, à la rencontre de la ville, des villes et de ce qui immensément les peuple : les vivants et les morts, les machines, les pierres, les arbres, les objets, le ciel aussi encore plus bleu que grand, les rêves, les absences, les douleurs emportées.

dimanche 29 janvier 2023

ROYAUTÉ DE LA PAROLE. SUR LE DERNIER LIVRE DE DENISE LE DANTEC AUX ÉDITIONS SANS ESCALE.

Cliquer dans l'image pour lire l'ensemble des textes

Ne glosons pas trop longuement sur le dernier livre de Denise Le Dantec. Les poèmes qui le composent se lisent en effet dans une sorte d’évidence. Précisons cependant que ce recueil répond à son précédent intitulé Ô Saisons et que cette filiation rimbaldienne manifeste se retrouve tant dans l’intention de l’auteur que dans la nature illuminante ou lumineuse de ses vers.

samedi 21 janvier 2023

RECONNAÎTRE EN SOI L’ENTÊTEMENT DE VIVRE. TAILLER SA FLÊCHE DE CORALIE POCH AUX ÉDITIONS LA TÊTE À L’ENVERS.

 

Sans doute y -a-t-il trop d’oiseaux. De métaphores aussi qui s’entrechoquent. Tout un opéra d’éléments, de motifs pris à la nature, qui plonge le lecteur dans un monde qui finalement reste beaucoup plus mental que véritablement ouvert sur notre réel sauvage, inconnaissable et plein[1]. Les formes toutefois dans lesquelles le livre de Coralie Poch, Tailler sa flèche, trace sa voie, n’en sont pas moins le plus souvent émouvantes, parlantes. Animées qu’on les sent d’un authentique et puissant besoin de parole. De dire.

mercredi 18 janvier 2023

UN LIVRE C’EST QUELQU’UN. À PROPOS DE LIRISME, D’AURÉLIE FOGLIA CHEZ CORTI.

Ce n’est pas une note de lecture[1]. Juste l’ébauche d’une sorte de conversation comme on en aurait avec une personne qu’on connaît comme ça, mais sans plus, avec laquelle, la pluie ayant cessé de tomber, la lumière étant revenue, on se serait un peu attardés dans la rue, à échanger des impressions. Tout ça pour dire que le livre d’Aurélie Foglia, je n’ai pas encore trouvé le temps, vraiment de le lire, de m’engager dans sa lecture. Que je l’ai seulement feuilleté. Mais que j’ai bien envie cependant d’en partager ici quelque chose. Qui dira quand même qu’il existe. Qu’un regard l’aura parcouru. Aura aussi eu l’envie de le lire.

Les gens qu’on rencontre ont des vies. Des vies qui en profondeur les remuent. Les font toucher à des milliers et des milliers de choses dont leur monde est rempli. On ne peut que les imaginer quand on ne fait que les croiser. Ce qui n’est pas nécessairement triste. C’est la vie. C’est le temps. Je prends le livre d’Aurélie Foglia comme ça. Une personne que je rencontre. Qui me livre une petite partie d’elle. Mais qui suffit à notre reconnaissance réciproque. D’êtres humains vivants. Dans nos vies différentes.