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Trois personnages pouvant indifféremment être deux femmes et un homme ou deux hommes et une femme, attendent "quelqu'un". Qui devrait arriver. On pense bien entendu à Godot. Mais le titre de l'ouvrage qui renvoie à Apollinaire lui confère une tonalité très différente de celle qui caractérise l'oeuvre de Samuel Beckett.
Merci à Gilles Jallet de m'avoir adressé ce texte.
EXTRAIT :
A. - un homme va arriver. Il marche à reculons.
B. — Un homme arrive. Il a été arrêté, battu, torturé parce qu'il appartenait au syndicat des étudiants progressistes et que la junte au pouvoir considérait ses militants comme des éléments subversifs et donc à éliminer coûte que coûte. Il va livrer son témoignage et me montrer ses cicatrices. Pour que j'enregistre son récit et que je prenne des photos.
C. — Quelqu'un va venir nous enfermer à double tour et cadenasser tous les volets. À jamais.
B. — Quelqu'un va arriver pour nous délivrer, forcer la porte, faire sauter les cadenas, nous rendre la lumière du jour.
A. — Qui vient ? Une femme, avec l'intention de traverser la maison de part en part, et de poursuivre son chemin dans le jardin puis au-delà, après le petit portail en bois peint en vert, entre les deux haies de buis, vers d'autres maisons, d'autres jardins. Comme Burt Lancaster dans un film américain des années 70, elle sera peut-être pieds nus, en maillot de bain, inquiétante et pleine de charme.
C. — Une moniale va arriver, une bénédictine, qui ressemblera à s'y méprendre à la femme aux cheveux noirs et aux yeux fervents, mais elle, toute de bleu vêtue, comme dans les peintures italiennes du quattrocento et ensemble, nous allons réciter le Je vous salue Marie. Elle s'appellera d'ailleurs elle-même Marie. Puis elle priera pour moi et pour tous les cœurs brisés qui sont, paraît-il, ce qu'il y a au monde de plus parfait.
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