Écrivain, intime de Baudelaire ainsi que son biographe, Charles Asselineau livre dans cet extrait de l’Appendice qu’il a rédigé pour l’édition des Fleurs du Mal chez Lévy en 1868, son sentiment sur la responsabilité de la critique littéraire à l’égard du public de son temps. On ne pourra qu’être frappé par la pertinence de ses observations que le dit progrès des temps, l’esprit systématique de gratulation induit par les réseaux sociaux, nous conduisant à douter de la sincérité de tout jugement, me semblent avoir rendu d’une encore plus évidente acuité.
Les poésies de Charles Baudelaire étaient depuis longtemps attendues du public, j’entends de ce public qui s’intéresse encore à l’art et pour qui c’est encore quelque chose que l’avènement d’un poëte.
Et, à ce sujet, ne calomnions pas trop la société actuelle. Il est difficile que quelque chose de beau ou de bon se produise sans que cette société, qu’on dit si matérielle et si endormie, n’en reçoive quelque agitation. Je vais plus loin. Je suis étonné de sa bonne volonté à faire des succès et à se laisser duper par le mot d’ordre de ceux qu’elle investit de la fonction de l’éclairer.