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MASQUES ALASKIENS, CHATEAU-MUSEE de BOULOGNE-SUR-MER |
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Je lis toujours avec intérêt les considérations
que Florence Trocmé publie dans son flotoir. Ce qu’elle vient d’écrire récemment au sujet de la traduction et peut-être
aussi sur la question de la mise en scène des grandes œuvres littéraires me
donne d’ailleurs envie de revenir un peu sur certaine des idées que je défends
à l’intérieur de ce blog.
Bien sûr, je partage a priori la considération qu’éprouve Florence
Trocmé pour le travail de P. Markowicz et son souci de rendre, avant tout,
compte du caractère d’altérité
des oeuvres composées dans des langues étrangères.
Il y a pour chacun, en terme
d’élargissement d’être, plus d’avantages
à concevoir la traduction comme un chemin vers l’autre qu’à la réduire à n’être
qu’une adaptation - à nos communes façons de voir, de penser, de sentir - du
système de représentations fondamentalement différent dans lequel s’inscrit
toute oeuvre produite dans une culture autre. Rien ne peut être plus triste
pour l’homme que de ne savoir pas, comme dirait Francis Ponge, sortir de sa rainure. Et s’empêcher ainsi de se dupliquer
constamment lui-même. Je partage à ce sujet les points de vue que développe
Marielle Macé dans son dernier ouvrage, qui prenant les
choses de manière très large, nous porte à reconnaître, non seulement dans la
pluralité des formes prises par la vie humaine, mais aussi dans l’immense variété des existences animales, ce qu’à la suite de Canguilhem
elle appelle des allures diverses de la
vie, des styles, et va jusqu’à distinguer dans la multiplicité même des
objets – je pense en particulier au passage qu’elle consacre aux instruments de
musique – autant de manières d’instituer des relations nouvelles avec le monde.