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jeudi 18 avril 2024

À PROPOS DES COUVERTURES CONTEMPORAINES DE JOËL BASTARD CHEZ GALLIMARD.

 

 J’hésitais ce matin entre parler d’un tableau d’Ingres dans lequel étrangement je crois voir figurer un Magritte[1] et me casser les dents sur le très énigmatique recueil de Joël Bastard, Les couvertures contemporaines qui viennent de sortir aux éditions Gallimard[2]. Et si je tentais d’en parler ensemble ? Après tout il s’agit moins dans ce blog surtout dans ces derniers temps de rendre compte OBJECTIVEMENT d’une œuvre que d’en noter en moi, les prolongements.

mardi 13 février 2024

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR ET DES DIZAINES D’ÉTÉS DORÉS DE JÉRÔME LEROY À LA TABLE RONDE.

 

Difficile de choisir dans ce dernier recueil de Jérôme Leroy le poème qui en donnera la note la plus juste ou incitera le lecteur de ce récépissé à se plonger – la métaphore ici fait sens tant la mer, les mers tiennent de place dans l’imaginaire de l’auteur – dans la lecture du livre.

Après Nager vers la Norvège que nous avons tant aimé avoir sélectionné pour notre Prix des Découvreurs d’avant juste le Covid, les poèmes qu’on pourrait dire acidulés et qui malgré la distance humoristique ou spirituelle que leur auteur tient le plus souvent à y maintenir, s’accompagnent toujours ne serait-ce qu’en sourdine d’un certain pincement au cœur. C’est que les textes de Jérôme Leroy semblent être constamment écrits « pas trop loin de la mort » voire même d’une disparition définitive de l’homme ce qui rend à chacun des menus plaisirs comme des grands bonheurs évoqués, le plus souvent d’ailleurs au passé, son caractère inestimable.

De cette sensibilité particulièrement aiguisée au temps, qui selon lui va très vite (p. 136), découle sans doute l’attrait chez Jérôme Leroy pour tout ce qui peut donner l’impression d’avoir su en arrêter la marche. Ainsi son goût pour les photographies anciennes, les polaroïds, les échoppes des bouquinistes, mais aussi les longs dimanches solitaires dans les petites sous-préfectures ou les terrasses, les jardins  dans lesquels s’allonger sur une chaise longue avec un thé et des livres anciens. Sans compter sur le plan formel le goût peut-être un peu facile du vers qui se répète, comme sur le plan de l’existence celui de remettre ses pas dans les lieux qu’on a déjà occupés.

Ainsi, pétris de nostalgie pour ces années d’enfance et de jeunesse abandonnées aux divers plaisirs qu’offre à ces âges l’existence, les poèmes de Jérôme Leroy nous font entendre la chanson désormais douce-amère d’une sensibilité amoureuse avant tout des plaisirs de la vie que pénètre « la certitude secrète enfouie que ce monde va mourir que nous sommes en sursis »(p. 162). Tout en se refusant de mettre pour l’instant le point final à rien qui ne puisse revenir ne serait-ce qu’en rêve ou dans le corps hospitalier, partageable et toujours rebondissant des mots.

mercredi 19 juillet 2023

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. QUELQUES POÈMES EXTRAITS D’ÉTUDE D’ÉLOIGNEMENT D'EMMANUEL MOSES.

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Avec Étude d’éloignement le lecteur retrouvera, avec plaisir j’espère, cette sensibilité labile qui fondée sur une conscience aigüe de la fuite du temps, de la précarité des choses comme de leur incessant renouvellement fait de chaque moment un passage, un mouvement, l’occasion encore d’une promesse, le plus souvent d’une nostalgie. Chaque poème semble ainsi faire état d’une transition, enchaînant ses propres accords à ceux des textes qui l’accompagnent, de manière à faire entendre l’aria inépuisablement réinventée d’un être dont la seule souveraineté qu’il conserve sur l’existence n’est plus que de chanter. S’ouvrant sur le dur constat du mur infranchissable auquel se heurtent l’infini des possibles illusoirement promis à l’enfant, s’achevant sur la vision d’un Double, lui-même voyageur, qui s’éloigne sur la route sans qu’on ait pu rien lui demander, le livre d’Emmanuel Moses est un livre, comme il dit, secret. Un livre aussi de pitié, dans lequel le poème s’il fait le plus souvent état d’une tristesse, tend dans le même mouvement à la soulager. Par la reconnaissance, à côté de tout de qui s’éloigne, afflige et sans doute mortifie, de ce qui paradoxalement parfois nous revient, invite et réenchante, dans la beauté, malgré tout, de « l’air bleui du soir ».

samedi 8 janvier 2022

NOUS RÉAPPROPRIER L’ÉPOPÉE. SUR LE DERNIER LIVRE DE JACQUES DARRAS, AUX ÉDITIONS DU CASTOR ASTRAL.

ÉPIQUE ! en capitales d’imprimerie suivies d’un point d’exclamation tel est le titre de la toute dernière publication du poète Jacques Darras aux éditions du Castor Astral. Voila qui nous avertit qu’il ne s’agit pas là d’un simple ouvrage d’histoire littéraire mais bien plutôt comme toujours chez Darras d’une affirmation d’être qui sonnerait ici comme un cri de ralliement s’efforçant d’entraîner avec lui l’ensemble des forces créatrices qui s’occupent encore aujourd’hui à donner sens et puissance à la poésie. Le sous-titre de l’ouvrage, Le poète dans le temps, sans majuscule à poète, indiquant qu’il ne s’agit pas ici de se limiter à circonscrire un genre mais de s’inscrire au cœur d’une communauté de concepteurs et d’inventeurs de formes répondant par la parole aux défis de leur temps.

Il suffira d’ailleurs de lire l’émouvante dédicace rédigée par l’auteur à « la mémoire d’Édouard Darras », son « grand-père paternel, pulvérisé dans la poussière de l’anonymat par l’artillerie allemande dès septembre 1914, au Bois de la Gruerie, et de son fils Paul », père de l’auteur, « orphelin à l’âge d’un an, pupille de la Nation, retenu prisonnier plus de cinq ans en Silésie lors de la Seconde Guerre mondiale » pour bien comprendre les véritables enjeux d’un livre qui ne vise à rien moins qu’à « exhorter le sujet humain à s’affranchir définitivement des nationalismes et collectivismes de toute espèce, et à reprendre l’épopée simple et aléatoire de sa vie sur Terre, en étroite filiation avec les siens, les éléments et les étoiles dans l’Univers ».

mardi 9 novembre 2021

JARDINS MERVEILLEUX. LE JARDIN DE LIVIE À ROME.

Les images ne manquent pas sur le net des fameuses peintures de la villa de Livie, dite ad gallinas albas[1], qu’on peut aujourd’hui admirer, comme je l’ai fait, au Museo Nazionale Palazzo Massimo Alle Terme de Rome.  Plus ancien exemple, à notre connaissance, d’une peinture de jardin continue, ces peintures couvrent la totalité des murs aveugles d’une pièce à l’origine souterraine, de quelques six mètres sur douze où la troisième épouse d’Auguste et mère de l'empereur Tibère, projetait vraisemblablement de transporter ses invités dans le monde enchanté d’une grotte sacrée parlant à l’imagination de toute la puissance des formes idéalisées de la belle nature.

vendredi 23 avril 2021

SUR L’ÉCART QUI EXISTE, UN LIVRE D’OLIVIER VOSSOT AUX ÉDITIONS LES CARNETS DU DESSERT DE LUNE.

On ne sait trop de quoi parle précisément le livre d’Olivier Vossot qui tantôt évoque, à la troisième personne, l’alcoolisme destructeur du père, à la seconde, le travail créateur du grand-père poète, et à la première du pluriel comme à l’impersonnel, cette rumeur surtout qui partout de nos vies enfle. On ne sait rien du « tumulte que chacun porte ». Des pensées retenues. On reste pris dans cette brouille incertaine des choses. Ces lumières et ces ombres qui de partout font signes. Mais signes de silence. On comprend cependant qu’il est des enfances qui d’être confrontées à des figures de fuite et de chagrin, des existences lourdes, trop lourdes à porter, n’en finissent pas d’éprouver envers tout leur distance.

En courtes phrases tantôt interrogeantes, tantôt, peut-être à l’excès, gnomiques mais toujours d’une belle tenue, le texte d’Olivier Vossot tente de rendre compte de cette mémoire de vivre qui colore chaque instant de notre vulnérable et perméable présent. C’est émouvant. Fragile et secret à la fois. Comme une vitre à travers laquelle regarder le temps. En y posant comme c’est dit les doigts. Sans la pouvoir ou la vouloir ouvrir.

 EXTRAITS CHOISIS