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mercredi 13 mars 2024

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS : LA PLONGEUSE DE PIERRE VINCLAIR.


complainte de la plongeuse

C’est à la maison, disent certains,
qu’est la maison, mais ma maison,
marmonne la plongeuse
en mâchouillant les dents de son tuba
en plastique rouge
est l’océan. 

jeudi 7 mars 2024

VIENT DE PARAÎTRE : QUI NE DISENT MOT DE LAURENT GRISEL CHEZ LANSKINE.

 

 Composée comme son auteur l’écrit lui-même sur sa page Facebook d’un choix de ses meilleurs poèmes, autrement dit un florilège des textes qu’il aura composés tout au cours de sa vie d’écrivain militant attaché à faire progresser autant que possible les droits fondamentaux du vivant, en se forçant à « voir plus loin que le bout de son nez » s’autorisant aussi à imaginer un monde moins dur aux faibles, moins accommodant envers les puissants, cette anthologie d’une grande diversité, que l’on doit encore une fois aux éditions LansKine, dresse pour nous le portrait en creux d’un homme solidaire qui venu du monde ouvrier considère la poésie non pas comme une pratique esthétique bourgeoise mais un travail d’émancipation. Non seulement pour lui-même, ou pour l’humanité mais pour tout ce qui existe et pourtant ne dit mot. 

vendredi 9 février 2024

AUTREMENT


 Les fleurs tombent
Il ferme la grande porte du temple
Et s’en va

BASHÔ

sans que personne l’entende

 

feuilles
diminuées de ce matin mouillé
dans le jardin de la sous-préfecture
                      un oignon
rouge dans la main Il passe

 
amateur des jardins Il ignore tout du Père
Camelli / de l’émotion qui le saisit
à la vue de la fleur du camélia quand celle-ci
avait encore un autre nom c’était quelque part
dans l’orient extrême sur la route du thé
ce jour-là sans doute qu’il en remercia
– à une majuscule près ce n’était pas si bête –
simplement le Ciel
 

mais parce que cela fait longtemps
qu’il n’a plus écrit de Poème il est content
de ce début d’averse qui recolore
autour de lui les choses simples
 
                      autrement


Georges Guillain
Parmi tout ce qui renverse

mardi 6 février 2024

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. UN POÈME DU POÈTE POLONAIS TOMASZ BĄK EXTRAIT DE CANADA.


 Oran-yeah !

Cette fois-ci encore il ne s’agit pas de drogues.
Le foot se hase sur des émotions. des supporters,
de l’argent, un shampoing anti-pelliculaire.

Dans la bouche d’un commentateur britannique le mot Dutch
sonne comme bitch quand Arjen Robben dribble
chaque descendant illettré de Shakespeare

et marque un but. précis comme la division du travail
dans le commerce autour du stade : les Jaunes produisent, les Noirs vendent,
les Blancs en tirent profit. Et chacun est satisfait, le monde tourne ainsi,

car les fans ignorent que la vie ressemble parfois
à une situatlon conflictuelle sur le terrain. Qu’on répète en boucle
la vérité objective, elle est accessible à tous

sauf aux intéressés. De plus il y a but
et si les Néerlandais avaient des ressources naturelles,
après une telle action leur production flamberait d’une dizaine de points.

Le sifflet final ouvre les dionysies. Ça remue :
les perdants rentrent en économique, l’orange se déverse dans les rues
du Cap et Jimi Hendrix adapte prestement Guillaume de Nassau.

Avant de rendre l’antenne je crois que si Dieu existait
et voulait me faire du bien, pour la grande finale
on serait tous assis dans le même virage.

Canada,  p. 53,
traduit du polonais par Michal Grabowski en collaboration avec Clément Llobet
éditions LansKine, 2023 ( 2010 pour l’édition originale)

lundi 5 février 2024

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. UN POÈME D'EMMANUEL MOSES EXTRAIT DE SES POEMES FANTÔMES.


 

La langue qui t'accompagne depuis toujours

Le toujours d'une vie, de chaque vie -

A grandi en toi comme une forêt

Et elle te permet de dire la joie et la tristesse

La lune pâle et le fleuve presque noir de ta ville

Quand tu le longes, la nuit, plein d'amour

Elle te permet d'appeler tes morts

Comme Adam appela, quand il les eut nommés, les animaux

Et de les faire venir à toi, dociles,

Du pays dont on dit, pourtant,

Qu'on ne revient pas

Elle te permet de rebâtir ton passé

De même qu'on reconstruit une ville après une guerre ou un séisme

Souvenir par souvenir

Même si parfois certains s'écroulent à nouveau et qu'il faut recommencer

La langue qui t'accompagne éclaire tes pensées et tes sentiments

Car elle est aussi cela :

Un soleil qui illumine les nuages d'où il émerge

Qui illumine la terre sous lui avec ses plaines et ses collines

La langue venue du rire et du lait maternels

De la chaleur des jours anciens.

Poèmes fantômes, p. 69

éditions LansKine, 2023

poème attribué fictivement par l'auteur à Damir Morpurgo (1905-

1961) poète slovène de langue allemande.


mardi 16 janvier 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. LA POÉSIE EST SUR LA TABLE DE DENISE LE DANTEC AUX ÉDITIONS UNICITÉ.


 

Cliquer pour lire l'ensemble du poème en PDF

Plus de cinquante années après son premier livre, Métropole, paru en 1970 aux éditions P.J. Oswald, Denise Le Dantec continue comme elle l’écrit « à amasser de la lumière dans [son] sac ». Celle d’une poésie qui n’a que faire des simplismes, des intellectualismes, des formalismes, des platitudes, des renoncements ou des vulgarités contemporaines, mais qui, parfaitement au fait de tous les questionnements et de toutes les libertés qui auront marqué l’histoire poétique des cent dernières années, continue de porter au plus haut un désir de parole totalement ouvert sur le monde dans toute sa beauté comme dans sa non moins fondamentale monstruosité.

samedi 9 décembre 2023

CHOSES QUI FONT TOUJOURS RÉFLÉCHIR. LIVRES VS TABLEAUX DANS L’INTRODUCTION À LECTURE DE HUIT LITHOGRAPHIES DE ZAO WOU-KI D’HENRI MICHAUX, 1950.

 


"Les livres sont ennuyeux à lire. Pas de libre circulation. On est invité à suivre. Le chemin est tracé, unique.

Tout différent le tableau : immédiat, total. À gauche, aussi, à droite, en profondeur, à volonté.

Pas de trajet, mille trajets, et les pauses ne sont pas indiquées. Dès qu'on le désire, le tableau à nouveau, entier. Dans un instant, tout est là. Tout, mais rien n'est connu encore. C'est ici qu'il faut commencer à LIRE.

Aventure peu recherchée, quoi que pour tous. Tous peuvent lire un tableau, ont matière à y trouver (et à des mois de distance matières nouvelles), tous, les respectueux, les généreux, les insolents, les fidèles à leur tête, les perdus dans leur sang, les labos à pipette, ceux pour qui un trait est comme un saumon à tirer de l'eau, et tout chien rencontré, chien à mettre sur la table d'opération en vue d'étudier ses réflexes, ceux qui préfèrent jouer avec le chien, le connaître en s’y reconnaissant, ceux qui dans autrui ne font jamais ripaille que d'eux-mêmes, enfin ceux qui voient surtout la Grande Marée, porteuse à la fois de la peinture, du peintre, du pays, du climat, du milieu, de l'époque entière et de ses facteurs, des évènements encore sourds et d'autres qui déjà se mettent à sonner furieusement de la cloche.

Oui, tous ont quelque chose pour eux dans la toile, même les propres à rien, qui y laissent simplement tourner leurs ailes de moulin, sans faire vraiment la différence, mais elle existe et combien instructive.

Que l'on n'attende pas trop toutefois. C'est le moment. Il n'y a pas encore de règles. Mais elles ne sauraient tarder… »

lundi 4 décembre 2023

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS : POÈMES POUR LES P'TITS (qui savent lyre) D'YVES BOUDIER CHEZ LANSKINE.

 

Une suite de courts poèmes simples mais qui font réfléchir. Une jolie maquette de couverture. Des dessins inspirés par les poèmes à la p'tite fille du poète, qui signe Blanche. C'est au final un p'tit livre à mettre avec les cadeaux de Noël à côté des p'tits chaussons, au pied de la ch'minée. 

Merci à l'ami Yves Boudier d'avoir compris que j'étais encore aussi ce p'tit non seulement qui sait lyre mais éprouve toujours du plaisir à continuer d'apprendre.

samedi 14 octobre 2023

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. UN POÈME DE JAN WAGNER SUR UN TABLEAU DE LAVINIA FONTANA.

CLIQUER POUR LIRE L'ENSEMBLE DU POÈME.

 

C’est dans le livre de Jan Wagner, australie, dont j’ai récemment rendu compte ici, que j’ai découvert l’existence du portrait de la petite Antonietta, fille d’un « sauvage » ramené des îles Canaries et atteinte de cette rare, très rare maladie, l’hypertrichose qu’il ne faut pas confondre avec l’hirsutisme, beaucoup plus répandue. Ce portrait réalisé en 1595, à Bologne, sans doute à la demande du grand naturaliste de la Renaissance Ulysse Aldrovandi, par la peintre Lavinia Fontana, se trouve depuis quelques années au Château Royal de Blois en souvenir du premier « possesseur » de la famille Gonzalez dont Antonietta est la fille, Henri II. C’est à la mort de ce dernier que son épouse Catherine de Médicis aurait cédé les Gonzalez à ses cousins de Parme. (voir mon précédent article : Des sauvages et des poils)

Antonietta et son père lui-même atteint d’hypertrichose, maladie d’origine génétique, faisaient partie de ces « mirabilia » , c’est-à-dire de ces créations de la nature qui excitent la curiosité, l’étonnement ou l’effroi, c’est selon, dont les hommes de la Renaissance se montrèrent si friands. Qu’on pense à ces Cabinets de curiosité que tous les grands personnages de l’époque se devaient de posséder. Le système de pensée de l’époque étant profondément différent du nôtre comme l’aura bien montré par exemple Michel Foucault dans Les Mots et les choses, voyait dans les créatures humaines comme les Gonzalez, ni tout à fait des êtres humains, ni tout à fait des bêtes, mais à cause du lien avec l’animal qu’induit leur pilosité assimilée à un pelage, les considérait comme des êtres hybrides qui ne pouvaient qu’être dépourvus d’âme. Ce qui ne les empêchait pas de se voir confier certaines fonctions. Le père d’Antonietta par exemple fut formé aux humanités, apprit le latin et accéda auprès d’Henri II à la charge d’aide porteur du pain de sa Majesté.

Se posant devant la petite toile de Blois enfermée dans son cube de verre, le poète ici laisse libre cours à ce sentiment d’empathie qu’on ne peut manquer d’éprouver devant le visage de cette petite fille dont finalement on ne sait et ne saura rien de la façon dont elle aura personnellement vécu son étrange situation. C’est souvent l’intérêt de la poésie de Jan Wagner que de nous faire partager sa curiosité du monde et de nous faire voyager aussi bien dans le temps que dans l’espace. Dans l’infinie réalité des choses comme dans l’imagination qu’on en a.