on disait
écrire sauve
là où on n'écrit pas
on est perdu
condamné
mais écrire ne sert (à) rien
de rien n'est le serviteur
(l'instrument)
ne se met pas à votre écoute
est toujours là
où on n'écrit pas
on pourrait écrire
là où on n'écrit pas
si on savait
cette vive
fugitive
vérité
***
on est écrasé
de fatigue
les doigts tombent
de la main
les mots s'affaissent
sur la page
ceux du livre
qu'on croit lire
impossible de les soulever
une rose rouge
brille
entre les feuilles berçantes
du marronnier
***
écrire
était une maison
un temps il en est resté
au plus haut étage d'un immeuble
une petite pièce
nue
dedans
une petite table
qu'on voit du dehors
par une fenêtre
en avançant pas après pas
sur une planche
longeant l'immeuble
au-dessus du vide
dépassée
la petite table
aperçue
du dehors funambule
dans la petite pièce
on arrive
au bout de la planche
il reste
le vide
***
les oiseaux marchent sur le terre-plein de la cheminée
écrivent sur le ciel
les porte
ce qu'on appelle le vide
***
ils écrivent pour nous
grosse
noire
aussi noire que vivante
elle vient
au plus près
se poser sur la rampe
en fer forgé
hier c'était
une petite charbonnière
pleine de couleur
de l'autre côté
de la vitre
salie par la peur
***
encore un pas
avancer encore un pied
sur quelle langue
déambulatrice
prendre appui
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