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samedi 5 mars 2022

COMPRENDRE QU’IL NE FAUT PAS COMPRENDRE. AVEC DOMINIQUE QUÉLEN.

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 Préparant une note sur La Gestion des ensembles communs de Dominique Quélen que nous aurons le plaisir d’accueillir à Boulogne le mardi 24 mai prochain à l’occasion de notre journée de remise du Prix des Découvreurs, je découvre ce très beau texte sur les premières relations entretenues, dès l’enfance donc, par ce poète, avec les mots et la littérature. C'est sur les ondes d’une radio dont j’ignore encore tout, Radio ritournelle (!!!) et je ne saurais trop engager les lecteurs de ce billet à l’aller écouter. Dominique Quélen dont le travail peut aisément passer pour étrange, impénétrable, secret, cabalistique, du moins pour les tenants d’une poésie naïve, explique là l’origine de sa fascination pour les mots et la part d’obscur qu’ils recèlent. Et c’est fort éclairant.

vendredi 27 août 2021

VIE DU POÈME. PIERRE VINCLAIR. PIETRO LORENZETTI !

Je m’apprêtais à écrire quelque chose sur un reste frappant de fresque ayant échappé à ma vigilance au cours d’une récente visite de la basilique San Francesco de Sienne, rendue difficile par la chaleur écrasante du moment. C’est une sortie de tombeau représentant l’un de ces moments majeurs du grand récit christique, qui pour une fois ne cherche pas à insister sur la dimension miraculeuse, « surréelle », de l’évènement mais nous montre un Jésus comme sortant tranquillement de l’intérieur d’un palais, ramenant simplement de la main les plis d’un vêtement lui donnant un faux air de patricien romain et n’ayant plus de divin, de visiblement sacré, que l’auréole entourant un visage représenté de face que ne singularise qu’un regard atteint d’une énigmatique pointe de loucherie. Due à Pietro Lorenzetti encore, cette représentation du Christ ressuscité datant des années 1330 et qui est tout ce qui reste d’une fresque plus monumentale où se voyaient sûrement l’étendard de la résurrection dont le personnage tient encore solidement la hampe de sa main droite et le groupe de soldats romains dormants, habituellement représentés dans ce type de scène, tranche avec celles de son époque et celles aussi qui se multiplieront après. Qu’on pense par exemple à cette image qu’en donna l’Angelico dans l’une des cellules de San Marco où le Christ flotte au-dessus du tombeau vide sur lequel le groupe des quatre Marie, venues avec l’aloès et la myrrhe, se penchent incrédules. Celle plus fantastique encore de Grünewald à Issenheim, jaillissant cosmique, dans une sidérante explosion de lignes et de couleurs.

mercredi 18 novembre 2020

FASTES ET AUTRES JOURS. MARDI 17/11/2020 : CADRER LA MORT !


Le confinement pourrait avoir cela de bon que me retenant davantage loin des destinations qui me sont toujours chères, il exalte le souvenir de ce qui m’y attache, ressuscite ainsi des joies passées qui autrement peut-être se seraient effacées recouvertes par le flux d’agitation de la vie ordinaire et les multiples tensions qui la tournent vers l’action et les temps à venir.

Me retournant ainsi vers un ancien Noël à deux pas de la Sint-Jacobkerk à La Haye je revois, je ne sais pourquoi, ces piles de fromages hollandais qui ne semblent vraiment délicieux que là-bas, appréciés dans la proximité des somptueuses natures mortes et des scènes de banquet anciennes qui forment un des trésors que l’on est venu admirer au Mauritshuis tout proche. L’une d’elles m’a toujours intrigué.


Ce n’est sans doute pas la plus belle de ce type de composition qu’il m’aura été donné de voir. Et j’en pourrais citer des dizaines et des dizaines de plus accomplies, de plus riches de sentiments et de plus audacieuses. Mais le tableau de Clara Peeters représentant précisément un plat empli des fromages que j’évoquais, accompagnés d’amandes, de figues, dattes et de bretzels, présente quelque chose à la fois d’évident et de mystérieux qui retentit tout particulièrement en moi. Je ne sais s’il s’agit de ces rendus de matière, le réalisme de ces surfaces de pâte durcie, craquée et qui un peu s’effrite, appartenant aux trois pièces de fromage que le peintre aura ici assemblées en masses lourdes et quelque peu terreuses. La sécheresse apparente des aliments superposés dans la partie gauche du tableau, jusqu’à l’assiette de beurre qui couronne leur empilement n’a par ailleurs rien qui fasse vraiment saliver. Ce n’est pas une question de gourmandise. Mais une question pour moi d’acuité. De profondeur. Car ce qu’on remarque tout de suite devant cet austère tableau ce sont les traces qu’auront laissé ici la vie. Le temps. Celui des serviteurs d’abord qui auront préparé ces agapes en y laissant les marques d’entaille de leur couteau. Celui de l’affineur ensuite dont on aperçoit le vide laissé par la tarière ou la sonde, sous le cercle rebouché du trou. Mais il y a autre chose. Ce tableau que le peintre aura signé, y inscrivant son nom sur le manche du couteau qui vient ajouter comme souvent dans ce genre de peinture la dimension du trompe-l’œil, contient encore un autoportrait. Là encore rien de bien révolutionnaire. Si ce n’est que la figure ici du peintre est quasi invisible. Rares en effet sont les visiteurs qui distinguent dans le couvercle en étain de la cruche en terre cuite, le reflet d’un visage de femme portant une coiffe claire.