
Plaisir aujourd’hui de parcourir le dernier
numéro de la revue Contre-Allées qui derrière le caractère disons
minimaliste de sa forme : un ensemble d’une douzaine de feuilles A4, plié
puis agrafé, qui n’a rien au premier regard d’un bel objet de collection, livre
depuis des ans et des ans des textes que bien des publications sur papier
glacé, au graphisme avantageux, pourraient lui envier. C’est que les personnes
qui la dirigent, Romain Fustier en particulier et Amandine Marembert, sans
compter sans doute les membres de leur rédaction Emmanuel Flory, Armelle
Leclercq et Aurélien Perret, que je n’ai malheureusement pas la chance d’avoir
pu rencontrer, s’y connaissent en matière de poésie. De poésie durable, veux-je
dire, c’est-à-dire de poésie qui parle à la plupart des lecteurs que nous
sommes. Étant d’abord humainement, charnellement, mais aussi culturellement et en
langue, habitée. Il est bon que de telles publications qui assurent le partage
attentif et régulier d’une poésie à hauteur d’homme (pardonnez-moi de continuer
à considérer ce dernier terme dans son acception neutre d’espèce, indépendante
de toute signification genrée) existe et continue d’exister entretenant ainsi
cette « effervescence incessante » dont parle Romain Fustier
dans un avant-propos dont je partage pour l’essentiel tant la généreuse vision que
l’élan combatif.