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jeudi 28 mars 2024

DES MILLIONS ET DES MILLIONS DE NOUVEAUX POÈTES. VRAIMENT?

 


De partout monte aujourd’hui le bruit d’une renaissance de la poésie grâce aux réseaux sociaux. Ainsi, sur TikTok, le hashtag poetry cumulerait, si l’on en croit une émission récemment diffusée sur France-Inter,  des dizaines de milliards et de milliards de vues. Mais de quelle poésie s’agit-il ?  Force est de constater que les textes qui ressortent de cet océan de paroles lancées librement sur la toile restent sur le plan esthétique, artistique, d’une affligeante pauvreté. Pauvreté du vocabulaire. Pauvreté syntaxique. Pauvreté musicale.  Pauvreté intellectuelle. D’une pauvreté non voulue, entièrement subie, fruit de l’ignorance autant que de la vanité qui n’a rien à voir avec le concept d’art pauvre né en Italie dans les années 60, pour qui la limitation des matières et des moyens s’inscrit dans une démarche mâture consciente des principaux enjeux de l’art, de son histoire et de sa réception.

mercredi 8 septembre 2021

SUR L’OUVRIER MORT DE YANNICK KUJAWA AUX ÉDITIONS INVENIT.

Pas facile de faire parler une œuvre d’art, de l’évoquer par les mots jusqu’à finir par lui donner une profondeur intelligible, une épaisseur sensible, nous permettant non seulement de la mieux voir mais d’en partager avec d’autres l’effet. La pluralité d’effets plutôt dont elle est bien entendu porteuse. Pas facile, certes, mais nécessaire car « si l'image, comme le dit la philosophe Marie-José Mondzain, est ce que l’on voit ensemble, elle ne peut se construire que dans les signes partagés par ceux qui voient, et ces signes sont ceux de la parole, des signes langagiers.[i] »

Ceux qui ont eu la chance de lire l’Esthétique de la résistance de Peter Weiss, savent pour y avoir découvert les commentaires de l’extraordinaire frise du Pergamon de Berlin, à quelle hauteur de pensée – esthétique et politique liées – peuvent atteindre les mots quand ils cherchent à comprendre vraiment ce qu’ont pu voir les yeux[ii].

On ne peut donc que louer une entreprise comme celle des éditions invenit qui avec leur bien nommée collection « Ekphrasis », offrent à de très nombreux auteurs d’aujourd’hui l’occasion de se confronter aux œuvres les plus remarquables de divers musées, des moins connus jusqu’aux plus prestigieux.

Installé dans le Nord, Dominique Tourte, le directeur d’invenit fait bien entendu la part belle aux institutions comme aux écrivains de sa région dont on ne dira jamais assez la richesse littéraire comme artistique.  Ainsi pour ce volume que Yannick Kujawa consacre à l’Ouvrier mort du peintre Edouard Pignon, conservé en dépôt au Musée des Beaux Arts de Lille.

mardi 23 mars 2021

CONTINUER. SUR LE DERNIER LIVRE DE STÉPHANE BOUQUET, LE FAIT DE VIVRE CHEZ CHAMP VALLON.

Il me semble avoir déjà beaucoup écrit sur les diverses publications de Stéphane Bouquet. Mais précisément, Stéphane Bouquet est de ces poètes qu’on ne se lasse pas de suivre. D’accompagner. D’avoir envie, même s’il est bien sûr loin d’être ignoré du petit milieu qui s’intéresse vraiment à la poésie, de faire toujours davantage connaître et apprécier.

Les titres de ses livres d’abord, d’Un monde existe (2002) à aujourd’hui, Le fait de vivre, en passant par Le Mot frère, Un peuple, Nos Amériques, Les Amours suivants, Les Oiseaux favorables, Vie commune, La Cité de paroles, témoignent assez bien déjà de l’ouverture de pensée de cette poésie qui, bien qu’étant fondamentalement lyrique, intime et pourquoi pas, disons-le sentimentale, n’est jamais repliée sur elle-même, jamais narcissique et ne perd jamais de vue cet horizon commun que sont pour nous la vie, le monde et les autres surtout, avec qui nous les partageons.

 

De la profonde tristesse d’une séparation à laquelle difficilement s’accoutumer jusqu’à l’image finale d’une vie conçue comme une escrime à engager « sereinement » sur le mode « parade/riposte », le dernier livre de Stéphane Bouquet poursuit l’intention de ses textes précédents qui est de dire toute notre vie, en tentant comme il peut de défaire  ses nœuds de solitude, d’atteindre ce « Dimanche de l’année », ce « dimanche suprême », idyllique, où la formule du bonheur partagé donnerait l’illusion d’avoir enfin été, sinon trouvée, du moins suffisamment approchée pour en éprouver, ne serait-ce qu’un moment, les bénéfiques effets.