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samedi 15 mars 2025

LE VRAI POÈTE VOLCANIQUE DU MOMENT, C’EST LUI !


 

Merci à Henri Droguet de m’avoir adressé ce nouveau livre paru chez Gallimard où je retrouve, toujours avec le même plaisir, la façon bien à lui qu’il a de s’arranger avec les mots, la langue, de venir inlassablement la brasser, machiner, triturer, pour en faire ressortir tous les principes actifs qu’elle contient.

Le vrai poète volcanique du moment, c’est lui.

Oui. Dans le corps à corps éruptif toujours renouvelé qu’il entretient depuis longtemps avec le monde, Henri Droguet ne cesse d’ajouter aux quatre éléments dont nous disons qu’est composé l’Univers, ce cinquième qui n’est pour nous pas le moindre : la langue. Dans sa phénoménale inépuisable et surgissante inventivité.

 

mardi 25 février 2025

DEUX NOUVEAUX LIVRES DE VALÉRIE ROUZEAU À LA TABLE RONDE.


 

Bien reçu aujourd’hui les petits oiseaux de la petite dame. Avant de parler du tout dernier je ne peux m’empêcher de revenir sur ce Vrouz qui reparaît donc aujourd’hui dans la collection de poche des éditions de la Table ronde et que je ne saurais trop inviter chacun à lire comme à relire.

Ah ! que la vie est quotidienne […]

Non ! vaisselles d’ici-bas

Jules Laforgue Les Complaintes

 

Dans le monde de l’écriture poétique contemporaine, Valérie Rouzeau occupe une place très particulière. Elle apparaît comme une sorte de phénomène où se concilieraient à la grande satisfaction de nos plus anciens préjugés d’école, l’œuvre d’un côté, la vie de son auteur de l’autre. On aime chez Valérie Rouzeau cette impression qu’on a, quand on la voit, d’un être totalement raccord comme on dit, avec celui qu’elle nous donne à imaginer dans chacun de ses livres.

vendredi 21 février 2025

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. ÉRIC SAUTOU, LE SOUVENIR, AUX ÉDITIONS UNES.


 

Rassemblant les doutes, les inquiétudes, les interrogations, les images, les attentes, les constats souvent douloureux, qui font pour lui toute l’obsession de sa relation incomplète avec la vie, Éric Sautou, dans la claire et transparente opacité de son dernier livre, ne cesse d’exposer son existence à la plaque sensible d’une parole dont il faut entendre l’émouvante et incisive vibration.

mardi 11 février 2025

SAUTONS DANS QUI RESPIRE AVEC JADIS POÏENA D’HÉLÈNE SANGUINETTI CHEZ FLAMMARION.

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SAUTONS

dans qui respire,

 

Se servir du point comme tremplin. De la virgule non pas comme une pause, mais une entaille, pour accélérer l’écriture, la pousser en avant. En avant ! C’est le mot d’ordre du poème dans l’œuvre d’Hélène Sanguinetti, même quand, traversé par un deuil, il se tourne vers le Jadis, « la douceur propre au jadis », comme elle l’écrit dans son Avant-Propos qui explique la raison pour laquelle elle a finalement accepté la proposition d’Yves di Manno, de conjuguer dans un même recueil son dernier livre-poème, Jadis, Poïena, sous titré une poème et son tout premier livre, Fille de Jeanne-Félicie, écrit il y a plus de 38 ans.

C’est en fait de mouvements et de relations, d’élans, de ruptures, de coups d’arrêt et de reprises, d’une suite syncopée d’impulsions que procède l’art poétique d’Hélène Sanguinetti. Qui cherche moins à rendre compte du réel qui l’entoure qu’à lui rendre coup pour coup, répondant toujours à la violence à la fois merveilleuse et terrible des choses par une façon bien à elle de stimuler, d’électriser la langue, pour la reconvertir en vie. Jusque dans la chute, la perte ou le regret.

Jadis, Poïena, d’Hélène Sanguinetti, est une mise en théâtre de voix venant de divers points répliquer, au sens presque sismique du terme, au deuil qui l’a frappé. Choc puissant dont les marques restent bien visibles à l’intérieur d’un(e) poème qui, à la façon des grandes lyriques d’autrefois, commence par invoquer les Muses, aujourd’hui devenues ombres et revient par deux fois, à l’intérieur de courts blocs de prose, sur l’enfant qu’elle a été, Fille de mère bien sûr, mais aussi de tout un paysage, milieu, matériel et humain, qui lui auront fait famille.

Alors, quand s’élèvent ces voix, jusqu’à celle de deuil qui aujourd’hui profondément les colore, il se produit la même chose dans sa langue qu’une explosion d’énergie qui fait, qui veut, que « des mers reculent / d’autres avancent », que les « fleurs/fanées se réveillent,/ se remettent/ en bouquet,/ de l’autre côté/ de la frontière, », tandis que les images toujours vives des anciennes amours reviennent, descendent « sans freiner/ à peine un bout/ de savate ROUIIIIINNNNN ! » jusqu’à l’eau de la rivière.

Ça sent bon alors « l’amour du sauvage », « l’amour des Huns ».

Ces « Huns » dont en même temps il importe de ne pas oublier la violence destructrice dont ils restent chargés dans notre imaginaire.

 


 

vendredi 20 décembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : NATURE EN DÉCOMPOSITION DE CAMILLE LOIVIER CHEZ BACKLAND ÉDITIONS.

Cliquer pour lire l'ensemble de nos extraits

Nature en décomposition n’est pas un livre pour ceux qui n’aiment de la poésie que ce qui joue sur le vague des mots. Les fades connivences du sentimentalisme borné. Il procède d’un double mouvement extrêmement vivant de projection/diffusion et d’assimilation/concentration qui tente de tenir la balance plus ou moins égale entre tout ce qui du monde extérieurement nous aspire et de ce qui intérieurement cherche à être retenu de soi. L’extrême mobilité affective de l’auteur qui ne s’encombre jamais de raisonnement y entraîne le lecteur sur les voies syncopées d’une relation intime et souvent très physique avec ces diverses présences qui s’offrent tant à notre regard, à notre imagination, notre connaissance qu’à nos gestes ainsi qu’à nos angoisses, nos désirs ou nos aspirations.

samedi 28 septembre 2024

PHILOSOPHIE JARDINIÈRE. LE SOC DE YANNICK FASSIER AUX ÉDITIONS TARMAC.

Je ne sais trop pourquoi j’ai reçu, il y a quelques jours, ce premier ouvrage d’un certain Yannick Fassier, intitulé Le Soc, sorti chez Tarmac éditions. Même s’il m’arrive effectivement de rendre compte d’ouvrages qui ne sont pas de poésie, ce sont essentiellement les poètes et leurs éditeurs qui m’adressent leurs livres. J’ai donc regardé avec une certaine curiosité ce livre dont le sous-titre, Matrice & Machines, I, m’a d’abord fait un peu peur comme d’ailleurs certains intertitres en caractères gras, Sympoïèse 0, Sympoïèse 1, Sympoïèse 2 etc…, ou Nappes noétiques, qui échappaient à mes capacités immédiates de compréhension. Éprouvant alors la tentation de remiser l’ouvrage en compagnie de ceux dont je sais que je n’aurai ni le temps ni l’envie de rendre avant de mourir compte, j’ai quand même pris sur moi d’en lire un peu au hasard quelques pages pour tranquilliser ma conscience…

Bien sans doute m’en a pris. L’ouvrage de Yannick Fassier tout nourri qu’il est de pensée en apparence complexe n’a rien qui puisse rebuter le lecteur bénévole – dont je suis - qui ne déteste rien plus que l’infecte prétention de ceux et celles qui se parent des oripeaux des grands noms de l’art et de la littérature pour couvrir leur très bourgeoise et stérile pensée.

mercredi 25 septembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : LE TUTOIEMENT DES MORTS D’ALEXANDRE BILLON À L’ARBRE VENGEUR.

 

« - Est-ce que tu aimes la vie ?

C’est la question qu’il me posa alors et c’est la scène où j’ai bu et rebu en secret toute ma vie. Une question brutale, un peu trop grande pour l’enfant que j’étais. [1]»

 

Récit autobiographique, roman philosophique, posthume déclaration d’amour, autofiction poétique ou comme le présente son éditeur, essai confessionnel, ce Tutoiement des morts du poète[2] et professeur de philosophie Alexandre Billon, paru à l’Arbre vengeur, pour difficile qu’il soit à définir avec exactitude, tant il se joue avec une tranquille assurance des codes traditionnels, est un ouvrage avant tout fortement personnel, un de ces ouvrages qui nourri en profondeur de toute une histoire, une expérience, une connaissance inquiètes de la vie, tente de répondre à certaines des interrogations fondamentales qui si elles se sont bien et durablement posées à son auteur, nous concernent en fait tous.

dimanche 15 septembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : LES REBELLES MAGNIFIQUES D’ANDREA WULF AUX ÉDITIONS NOIR ET BLANC.

 

Iéna, 2024. Flânant dans les rues de la ville, le voyageur qui, acceptant de détourner les yeux de son téléphone portable, s’écarte un peu de l’ancienne place du Marché où se trouve l’Hôtel de Ville, peut découvrir devant un bâtiment d’apparence plus ancienne que les modernes constructions qui l’entourent, les bustes bien alignés de trois des personnalités qui en l’espace des quelques années qu’elles y auront vécu, auront contribué à faire de cette petite ville de Thuringe ne comptant à l’époque qu’à peine quelques dizaines de milliers d’habitants, l’un des foyers intellectuels les plus importants d’Europe, le lieu fondateur du Romantisme et de l’idéalisme allemand. Ces bustes sont ceux de Caroline Michaelis-Böhmer-Schlegel-Schelling[1], d’August-Wilhelm Schlegel et de son frère Friedrich.

Sait-il que sa façon qu’il imagine propre et peut-être même naturelle de voir le monde et de concevoir sa réalité personnelle doivent sans doute tout ou presque – n’exagérons pas – non pas seulement à ces trois êtres mais à ceux qui à un moment bien particulier de l’Histoire, en pleines guerres napoléoniennes, ont gravité, ici autour d’eux[2].

vendredi 6 septembre 2024

BOUQUET FINAL ? SUR JEUX D’OISEAUX DANS UN CIEL VIDE de FABIENNE RAPHOZ CHEZ HÉROS-LIMITE.

Entendez-vous dans les mots         

                                                          se déplacer (changer de sens)

                                                          les leçons semblables aux oiseaux

                                                          de ce discours embrumé?

[…]

 

                                                            Jeux d'oiseaux dans un ciel vide

 

Robert Duncan, The Opening of the Field, New York: Grove Press, 1960 ;  traduit par Yves Di Manno

 



Rendant rapidement compte hier du dernier ouvrage de Fabienne Raphoz, Infini présent, je me suis rendu compte que le long article de présentation que j’avais consacré à la sortie de ses Jeux d’oiseaux dans un ciel vide, n’était pas disponible sur ce blog. Cet article éclairant la démarche particulière de cette auteure que j’estime importante, je crois utile de le republier aujourd’hui.

mercredi 4 septembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : INFINI PRÉSENT DE FABIENNE RAPHOZ CHEZ HÉROS-LIMITE.

 

Après le monde des oiseaux c’est sur celui des insectes que le dernier livre de Fabienne Raphoz se penche. À sa façon à la fois érudite et joueuse mais toujours pleine d’attentions. Cela donne un ouvrage des plus singuliers dans lequel chaque poème trouve plastiquement et intellectuellement sa forme en fonction de son sujet, le mot sujet étant ici à prendre au sens autant biologique que linguistique du terme, l’insecte particulier ou l’espèce qu’évoque chacun des 73 poèmes de l’ensemble n’y apparaissant pas comme objet d’étude mais comme le partenaire d’une espèce de danse ludique rendant grâce à l’infinie diversité du vivant et à notre capacité poétique à en accueillir, en recueillir, la précieuse et de plus en plus fragile substance.