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samedi 28 septembre 2024

PHILOSOPHIE JARDINIÈRE. LE SOC DE YANNICK FASSIER AUX ÉDITIONS TARMAC.

Je ne sais trop pourquoi j’ai reçu, il y a quelques jours, ce premier ouvrage d’un certain Yannick Fassier, intitulé Le Soc, sorti chez Tarmac éditions. Même s’il m’arrive effectivement de rendre compte d’ouvrages qui ne sont pas de poésie, ce sont essentiellement les poètes et leurs éditeurs qui m’adressent leurs livres. J’ai donc regardé avec une certaine curiosité ce livre dont le sous-titre, Matrice & Machines, I, m’a d’abord fait un peu peur comme d’ailleurs certains intertitres en caractères gras, Sympoïèse 0, Sympoïèse 1, Sympoïèse 2 etc…, ou Nappes noétiques, qui échappaient à mes capacités immédiates de compréhension. Éprouvant alors la tentation de remiser l’ouvrage en compagnie de ceux dont je sais que je n’aurai ni le temps ni l’envie de rendre avant de mourir compte, j’ai quand même pris sur moi d’en lire un peu au hasard quelques pages pour tranquilliser ma conscience…

Bien sans doute m’en a pris. L’ouvrage de Yannick Fassier tout nourri qu’il est de pensée en apparence complexe n’a rien qui puisse rebuter le lecteur bénévole – dont je suis - qui ne déteste rien plus que l’infecte prétention de ceux et celles qui se parent des oripeaux des grands noms de l’art et de la littérature pour couvrir leur très bourgeoise et stérile pensée.

vendredi 9 février 2024

AUTREMENT


 Les fleurs tombent
Il ferme la grande porte du temple
Et s’en va

BASHÔ

sans que personne l’entende

 

feuilles
diminuées de ce matin mouillé
dans le jardin de la sous-préfecture
                      un oignon
rouge dans la main Il passe

 
amateur des jardins Il ignore tout du Père
Camelli / de l’émotion qui le saisit
à la vue de la fleur du camélia quand celle-ci
avait encore un autre nom c’était quelque part
dans l’orient extrême sur la route du thé
ce jour-là sans doute qu’il en remercia
– à une majuscule près ce n’était pas si bête –
simplement le Ciel
 

mais parce que cela fait longtemps
qu’il n’a plus écrit de Poème il est content
de ce début d’averse qui recolore
autour de lui les choses simples
 
                      autrement


Georges Guillain
Parmi tout ce qui renverse

mercredi 2 février 2022

RETOUR DES CAHIERS DE POÉSIE EN PARTAGES. AUJOURD’HUI CHRISTIAN DEGOUTTE : JARDINS PUBLICS.

CLIQUER POUR OUVRIR LE PDF

 

C’est, pour moi, une réelle joie aujourd’hui de relancer la publication de ces cahiers numérique de Poésie en Partages, dont nous avons sorti en 2020-21, les 10 premiers numéros. La coupure des vacances d’été, les conditions particulières de travail engendrées par une situation sanitaire qui qu’on le veuille ou non, finit quand même par éroder les forces, ont fait que j’ai beaucoup hésité avant de donner suite à cette entreprise, malgré l’intérêt qu’elle aura, si j’en crois les chiffres, suscité. C’est en effet plus d’une quinzaine de milliers de vues que compte au total l’ensemble de nos numéros en version téléchargeable à quoi l’on peut ajouter le nombre cette fois plus modeste des consultations sur Calameo.

mardi 9 novembre 2021

JARDINS MERVEILLEUX. LE JARDIN DE LIVIE À ROME.

Les images ne manquent pas sur le net des fameuses peintures de la villa de Livie, dite ad gallinas albas[1], qu’on peut aujourd’hui admirer, comme je l’ai fait, au Museo Nazionale Palazzo Massimo Alle Terme de Rome.  Plus ancien exemple, à notre connaissance, d’une peinture de jardin continue, ces peintures couvrent la totalité des murs aveugles d’une pièce à l’origine souterraine, de quelques six mètres sur douze où la troisième épouse d’Auguste et mère de l'empereur Tibère, projetait vraisemblablement de transporter ses invités dans le monde enchanté d’une grotte sacrée parlant à l’imagination de toute la puissance des formes idéalisées de la belle nature.

jeudi 1 avril 2021

SUR CE DIFFICILE TERRAIN DE VIVRE. À PROPOS DU DERNIER LIVRE DE CAMILLE LOIVIER, CARDAMINE AUX ÉDITIONS TARABUSTE.


 C’est en recourant à nouveau à un beau nom de plante que Camille Loivier qui fait partie de ces poètes que j’ai plaisir à suivre, a choisi d’intituler son tout dernier ouvrage. « Cardamine » est un terme générique qui recouvre en fait près de 150 espèces dont certains de mes amis, sans en connaître toujours, je suppose, l’appellation scientifique, peuvent citer avec moi les plus répandues, cardamine hirsute, cardamine des près, cardamine amère… La cardamine des murailles pousse entre les pierres des murs de mon jardin. On dit qu’elle est comestible, goûteuse. Et j’avoue que j’ai plaisir à la voir recouvrir de ses fleurs minuscules ces espaces réputés ingrats.

 

mercredi 4 novembre 2020

PETITS MAÎTRES NON DÉPOURVUS D’IMPORTANCE. PIERRE-HENRI VALENCIENNES PEINTRE DE PAYSAGE.

P.H. Valenciennes, Paysage classique avec figures et sculpture, 1788, Paul Getty Museum, Los Angeles

 

 

Sans doute ne suis-je plus assez moderne ou contemporain pour me montrer indifférent au beau travail ainsi qu’à la belle carrière de ce Pierre-Henri Valenciennes qui fut au tournant du XIXème siècle le peintre par lequel, semble-t-il, la peinture de paysage à laquelle nous sommes devenus si sensibles, commença d’acquérir pour elle-même ses lettres de noblesse. Pour le dire à grands traits, Valenciennes fut le lien qui par son exemple et son enseignement conduisit de Poussin à l’impressionnisme, ayant formé dans son atelier puis dans ses cours à Polytechnique comme à l’Ecole des Beaux Arts bien des peintres de talent qui apprirent grâce à lui à regarder vraiment les jardins et les paysages. En fonction des saisons comme des heures de la journée.

Grand voyageur au cours de sa jeunesse qui lui fit en particulier découvrir l’Italie, Valenciennes multipliait devant les mouvantes, émouvantes, architectures du monde les études selon nature, consignant formes, rapports de masses ou rendus de matière, s’intéressant tout particulièrement aux jeux de lumière, aux variations de couleurs issus tant de l’éclat contrasté d’un ciel d’orage que de l’étourdissant flamboiement d’un soleil couchant.

Etude de paysage, Rome

 

La bibliothèque en ligne Gallica offre aux curieux la possibilité de feuilleter virtuellement l’un de ses carnets ramenés de Rome qui lui fournirent par la suite matière à réaliser ces importants tableaux qui bien qu’animés toujours de figures mythologiques s’imposent d’abord à nos yeux comme paysages, paysages composés, où une nature initialement perçue comme vivante, ne joue jamais le rôle d’un décor insignifiant et inanimé mais possède comme il l’écrit « une expression déterminée », parle à l’âme, exerce sur le spectateur « une action sentimentale ».

 

 

P.H. Valenciennes Etude de nuages, 1782, National Gallery, Londres

Romantique donc et classique à la fois, la peinture de Pierre-Henri Valenciennes est portée par « l’ardente ambition de représenter avec justesse et vérité »  - ces derniers mots bien entendu devant être compris de la façon dont ils étaient entendus à l’époque – « le spectacle de la nature ». Un spectacle qui comme tout spectacle est perçu avant tout dans ses effets : imposants et terribles comme lorsqu’il peint la mort de Pline et l’éruption du Vésuve ou simplement inspirant des sensations douces et mélancoliques comme dans ce tableau du Getty Museum où tant de choses se lisent pour moi de la fugacité et du mouvement mystérieux de nos existences sous un ciel qui distribue ses ombres autant que ses clartés.

 

Professeur impliqué, solide et exigeant, Valenciennes soutenait que le simple talent qu’il nommait mécanique du peintre ne pouvait à lui seul suffire à faire de lui un artiste. Il pensait qu’il fallait avoir beaucoup regardé, beaucoup apprécié et pour cela avoir aussi beaucoup voyagé avant de pouvoir peindre un paysage. Il recommandait à ses élèves de lire, de méditer. Afin de développer le plus possible en eux ces parties qu’il appelait « sentimentale et philosophique ». Ce n’était pas encore l’époque où l’art se vit essentiellement dans les esprits en termes, comme diraient les économistes, de « destruction créatrice ». Il se vivait encore, du moins chez lui, sans impatience et par là sans angoisse. Raison pour laquelle comme le suggère Kafka dans ses Préparatifs de noce à la campagne (1), mélancoliquement, il pouvait figurer parfois sur la toile, quelque chose de l’ordre d’un retour au Paradis.

 Note : 

1. "Peut-être n'y -a-t-il qu'un péché capital : l'impatience. Les hommes ont été chassés du paradis à cause de leur impatience, à cause de l'impatience, ils ne rentrent pas". Kafka

 

samedi 6 janvier 2018

UN BEAU LIVRE : JARDINS EN TEMPS DE GUERRE DE TEODOR CERIĆ.



J’aime les jardins. Je les aime dans leur réalité. Leur présence diverse. Leur devenir aussi. Comme dans l’idée qu’ils m’aident depuis longtemps à me faire du monde. C’est pourquoi, Jardins en temps de guerre, le petit livre de Marco Martella dont j’avais déjà bien apprécié Le jardin perdu, publié en 2011, dans la même collection, «un endroit où aller », des éditions Actes Sud, est de ces livres précieux capables de conforter ce qui, pour moi, constitue bien plus qu’une passion : une amitié profonde et nécessaire, équilibrante, nourrissante, respectueuse aussi des différences et des singularités. En bref, ce que les anciens grecs appelaient « philia ».


Ce n’est pas que le livre de Marco Martella déborde d’aperçus ingénieux, ou renouvelle de façon décisive l’approche esthétique, philosophique, historique ou sociologique du jardin. Non. Mais il aborde son sujet à travers une approche sensible, personnelle, éprouvée, recourant à la fiction d’un jeune auteur serbo-croate, arraché à son pays par la guerre, pour mieux nous entraîner sur les routes d’Europe, à la découverte de divers jardins témoignant de la diversité des formules par lesquelles leur inventeur ou leur propriétaire s’est efforcé comme il dit, d’offrir « à l’individu un refuge où le fracas de l’histoire, qui gronde au-delà de leurs murs d’enceinte, ne parvient que comme un écho lointain. »

vendredi 2 septembre 2016

EXOTEN RAUS !

Musée des Beaux-arts de Tours  et son cèdre du Liban
   
Billet paru à l’origine dans POEZIBAO et dont le caractère d’actualité, je pense, n’échappera à personne.

Forêts de combat ! (Kampfwälder). Combien de fois ne s’est-on pas heurté, jusqu’au cœur des situations les plus douces, les plus apparemment bienveillantes à cette «dureté imprévue» qu’évoque dans Paysages urbains, Walter Benjamin comprenant au spectacle de fleurs «serrées en pots contre les vitres des maisons», de certaine petite ville du nord – pensées, résédas – qu’elles représentaient moins « un salut de la nature », «qu’un mur contre l’extérieur». 

Politique, idéologie, la vieille fantasmatique de la défiance et des exaltations imbéciles du moi et de l’identité ravage toujours l’ensemble de notre pitoyable et souvent effrayante économie humaine. Sait-on suffisamment par exemple que les gros concepts de supériorité de la race aryenne et de purification ethnique exposés dans Mein Kampf furent, à l’époque nazie, appliqués rigoureusement aussi au paysage. Destruction des espèces dîtes dégénérées, malades. Proscription des variétés insolites. Des feuillages bigarrés. De toute la gamme des grimpantes, des pendantes, des spiralées ! Bordures composées uniquement d’espèces indigènes droites capables de faire obstacle au virus étranger tout en procurant au peuple le milieu nécessaire à son bien-être physique et spirituel. Autour de 1939, le conflit qui embrase l’Europe n’épargne pas les plantes ! Un groupe d’illustres botanistes soutenu par les plus hautes autorités réclamera «une guerre d’extermination» (Ausrottungskrieg) contre… la balsamine à petites fleurs, cette intruse mongole, venue menacer « la pureté du paysage allemand» !