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vendredi 24 janvier 2025

À PROPOS DE FICTION TOMBEAU PARU DANS LE DERNIER LIVRE DE DOMINIQUE QUÉLEN CHEZ BACKLAND ÉDITIONS.

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Personne ne me croira, j’imagine, si j’affirme que la poésie de Dominique Quélen est une poésie des plus claires. Ou comme il l’écrit lui-même, d’une « obscurité plus claire que la clarté même ». Et pourtant quiconque garde bien à l’esprit 1) ces deux ou trois choses fondamentales que ses cours de linguistique lui auront enseignées à propos de la différence entre le mot et la chose, la nature complexe et diverse du signe, comme aussi 2) certaines des considérations de Stéphane Mallarmé autour de la fleur absente de tout bouquet ou par exemple encore de la disparition élocutoire du poète, sans trop négliger non plus 3) ce qu’il faut savoir du Temps comme des temps qui s’efforcent dans nos langues à le décomposer grammaticalement en formes, pourrait souscrire à cette affirmation[1]. Bien reconnu, par ailleurs, que les textes de Dominique Quélen procèdent assez souvent, quelle que soit la nature de ce qu’ils évoquent, d’un humour pince sans rire et d’une forme sans doute un peu douloureuse mais tout-à-fait réelle d’auto-dérision, je crois pouvoir dire que ces livres avec toute l’invention perpétuelle qui les caractérise, signifient à coup sûr davantage que ces monceaux de vers de Carnaval ou de Carême qui ne cherchent, à gros ou maigres renforts de clichés comme de clins d’œil à la mode du temps, qu’à faire poésie sans en prendre le risque vraiment.

mercredi 22 janvier 2025

DÉCOUVRIR UN EXTRAIT DU DERNIER LIVRE D’EMMANUEL MOSES, ET SOUVIENS-TOI QUE JE T’ATTENDS (ÉDITIONS MONOLOGUE)

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 Trois personnages pouvant indifféremment être deux femmes et un homme ou deux hommes et une femme, attendent "quelqu'un". Qui devrait arriver. On pense bien entendu à Godot. Mais le titre de l'ouvrage qui renvoie à Apollinaire lui confère une tonalité très différente de celle qui caractérise l'oeuvre de Samuel Beckett. 

Merci à Gilles Jallet de m'avoir adressé ce texte.  

EXTRAIT :

dimanche 5 janvier 2025

UN TRIPTYQUE SUR LES RELATIONS ENTRE TRAVAIL ET CAPITAL ! ADOLPH MENZEL À BERLIN VU PAR L’AUTEUR D’ESTHÉTIQUE DE LA RÉSISTANCE.

  

Depuis une dizaine d’années que mon ami Laurent Grisel me l’a fait découvrir, j’incite les personnes de ma connaissance qui me paraissent être en mesure de s’y plonger, car la lecture d’un tel livre pour passionnante qu’elle soit n’en reste pas moins exigeante, à lire l’Esthétique de la Résistance de l’écrivain et dramaturge Peter Weiss. Le théâtre de l’Odéon doit donner en mars prochain une adaptation – encore que je ne sois pas trop sûr de la justesse ici de ce terme – de ce long roman initiatique par le metteur en scène Sylvain Creuzevault. Je recommande à chacun de lire ci-dessous la note de présentation donnée par l’Odéon pour se faire une rapide idée de l’intérêt de cette œuvre réellement exceptionnelle. Et de lire avec attention cet extrait qu’on trouvera à la fin de la première partie de l’ouvrage et qui évoque un célèbre tableau du peintre Adolph Menzel que j’ai eu la chance il y a quelques années de voir à Berlin. L’acuité du regard de Weiss où préoccupation esthétique et revendication politique fondamentale ne font qu’une s’y manifeste à plein.

On nommait généralement ce tableau dont nous vîmes l’original plus tard à la National Galerie, l’Apothéose du travail. L’atmosphère de l’industrie lourde avait été rendue de façon convaincante, témoignant d’une grande connaissance en la matière. La vapeur, le vrombissement des marteaux, le grincement des grues et des chaînes de traction, le mouvement rotatoire des volants des machines, la chaleur du feu, l’incandescence du fer, les muscles tendus, tout cela se ressentait dans cette peinture. Le groupe des forgerons poussait le bloc de métal incandescent depuis la charrette relevée sous le cylindre dans le centre du tableau, à droite, à l’abri d’une plaque de tôle, accroupis parmi les tuyaux et les chaînes, quelques hommes se reposaient, mangeaient à la cuiller dans des écuelles, portaient une bouteille à la bouche et, sur le bord gauche du tableau, le buste nu, les hommes de l’équipe qu’on venait de relever se lavaient le cou et les cheveux. Chaque manipulation, chaque torsion et chaque flexion par-dessus les outils et même la fatigue, l’abattement de ceux qui étaient assis là dans le coin, était un élément constituant de l’immense halle ; se faufilant parmi les tiges et les tringles, la lumière du jour qui ne perçait la fumée qu’à quelques endroits, paraissait inaccessible. La description de cet engrenage sans fin, de ces corps en sueur n’exprimait rien de plus que la dureté du travail qui s’effectuait ici dans une totale soumission. La violence de ce qui était soulevé et brandi là, réglée et dominée, l’instant d’extrême concentration au moment de saisir les tenailles, la vigilance du contremaître barbu près du levier lorsqu’il recevait la pièce laminée, les corps enduits de suie qu’on frottait rudement, les brefs instants où tout s’éteignait, tout cela ne se référait qu’à un seul thème, le travail, le principe du travail et c’était un principe bien précis dont on ne pouvait définir la nature qu’après l’avoir minutieusement observé. Il ne s’agissait pas d’un travail comme celui dont parlait mon père, mais d’un travail accompli pour le prix le plus bas et le profit maximum de celui qui l’achetait.

dimanche 29 décembre 2024

CONTRE L’ART DE RAMPER EN POÉSIE. DE JEAN-MARIE CHASSAIGNON À L’ITALO CALVINO DU MÉTIER D’ÉCRIRE EN PASSANT PAR QUELQUES « AMIS » FACEBOOK..

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Rien de nouveau bien entendu sous le soleil. Toujours il se sera trouvé des auteurs plus ou moins reconnus, souvent moins que plus, pour condamner l’aveuglement de leurs contemporains en matière de goût et la pauvreté des productions éditoriales de leur temps. Préparant ce court billet de blog je tombe ainsi sur cette figure à première vue bien intéressante de Jean-Marie Chassaignon, (Lyon 1743, Thoissey 1796), auteur comme chacun sait des Cataractes de l'imagination, déluge de la scribomanie, vomissement littéraire, hémorragie encyclopédique, monstre des monstres, sous le pseudonyme d’Épiménide l'Inspiré, prétendûment publié dans l'antre de Trophonius au pays des Visions (1779), où je trouve ceci[1] : « Il en vrai qu'on empoisonne le public de fades productions; mais dans la république des Lettres, ce crime n'est point puni. Il est permis aux mauvais Ecrivains de faire des livres, aux sots de les lire, & aux Libraires de les vendre le plus chèrement qu'ils peuvent. Hé comment vivrions-nous, dit le Libraire, si nous faisions autrement ? Comment feroit cette foule d'Auteurs & de Correcteurs qui ne subsistent que des sottises dont ils barbouillent du papier ? Il est dans tous les métiers des Charlatans. Les mauvais Ecrivains sont les Charlatans de la république des Lettres leurs drogues se vendent souvent mieux que les ouvrages des plus Grands hommes.... Si l'on n'imprimoie que des Oeuvres sublimes, la moitié des libraires de l'univers mourroit de faim & l'autre moitié ne seroit pas trop bien dans ses affaires. […]  D'ailleurs les plus minces Ecrits peuvent être d'usage. Et dans ce siècle où la foule des Ecrivailleurs est si grande, où tout le monde a droit de prétendre à la rosette du bel-esprit, il ne seroit point surprenant qu'il fût du bon ton d'écrire trivialement. Qu'on consulte le célèbre Anglois, Martin Scribler, dans son Art de Ramper en poésie.[2] »

mardi 15 octobre 2024

BONNES FEUILLES. DEUX EXTRAITS DU SOC DE YANNICK FASSIER AUX ÉDITIONS TARMAC.


 

J’avais prévu après avoir rendu comme j’ai pu compte de l’intéressant ouvrage de Yannick Fassier, Le Soc, d’en reprendre ici quelques extraits consistants permettant non seulement de se faire une idée de l’écriture assez singulière de ce livre mais de nourrir un peu plus encore les pistes de réflexion finalement assez nombreuses que ce blog a entrepris de suivre. Les images que je viens de poster de quelques toiles du peintre suédois Liljefors m’ont amené à choisir ces quelques pages que je trouve personnellement lumineuses à propos de l’opposition entre le végétal et l’animal. Des propos qui ne sont pas chez moi sans entrer en résonance avec de nombreux autres textes comme la célèbre huitième élégie de Duino de Rilke, tel passage d’Italo Calvino sur l’herbe[1] ou encore d’Augustin Berque[2]voire bien sûr des ouvrages comme celui de Baptiste Morizot Manières d’être vivant…

J’ai adjoint à ce long extrait un plus court passage sur la façon dont à travers la mémoire, la lecture, l’écriture, la culture donc, les morts se conjuguent pour toujours aux vivants. À l’infini.

 

Nature morte — Le groupe ne rend pas l'animal plus fort, il retarde seulement sa mort. II facilite la résistance de son individualité. Le groupe se sert du nombre. Il y a une différence de nature entre la vie en réseaux du végétal et la vie individuelle de l'animal, au sens d'individu, qui vit en collectif. Lorsque je regarde une prairie, je ne vois pas un troupeau. Je vois une vie qui a la possibilité de se revivifier, de se régénérer au fil des saisons. La prairie ne vieillit pas, alors que le troupeau vit sans cesse sous la menace de son extermination.

dimanche 15 septembre 2024

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : LES REBELLES MAGNIFIQUES D’ANDREA WULF AUX ÉDITIONS NOIR ET BLANC.

 

Iéna, 2024. Flânant dans les rues de la ville, le voyageur qui, acceptant de détourner les yeux de son téléphone portable, s’écarte un peu de l’ancienne place du Marché où se trouve l’Hôtel de Ville, peut découvrir devant un bâtiment d’apparence plus ancienne que les modernes constructions qui l’entourent, les bustes bien alignés de trois des personnalités qui en l’espace des quelques années qu’elles y auront vécu, auront contribué à faire de cette petite ville de Thuringe ne comptant à l’époque qu’à peine quelques dizaines de milliers d’habitants, l’un des foyers intellectuels les plus importants d’Europe, le lieu fondateur du Romantisme et de l’idéalisme allemand. Ces bustes sont ceux de Caroline Michaelis-Böhmer-Schlegel-Schelling[1], d’August-Wilhelm Schlegel et de son frère Friedrich.

Sait-il que sa façon qu’il imagine propre et peut-être même naturelle de voir le monde et de concevoir sa réalité personnelle doivent sans doute tout ou presque – n’exagérons pas – non pas seulement à ces trois êtres mais à ceux qui à un moment bien particulier de l’Histoire, en pleines guerres napoléoniennes, ont gravité, ici autour d’eux[2].

jeudi 19 octobre 2023

CUEILLIR AUJOURD'HUI LES OLIVES AVEC JEAN GIONO.

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 Cueillir les premières olives en regardant la mer. Un court échange avec Gérard Cartier me remémore la présentation que j’ai faite il y aura bientôt huit ans du magnifique livre de Giono, Noé, que je ne saurais trop inciter chacun, s’il ne l’a déjà fait, à lire.

Dans cet ouvrage la cueillette des olives constitue un moment marquant de la construction par l’auteur de son univers propre. Je reprends aujourd’hui, avant d’abandonner pour deux bonnes semaines, les activités que j’entreprends autour de ce blog, et de rejoindre notre petite oliveraie ligure, la publication d’une bonne dizaine de pages que j’ai réalisée autour de ce passage capital. Ce travail, déjà téléchargé plus de 400 fois, me paraît mériter d’être à nouveau proposé à l’attention.

lundi 10 juillet 2023

BONNES FEUILLES. MÉLODIE DE VIENNE DE L'AUTRICHIEN ERNST LOTHAR CHEZ LIANA LEVI.

Je ne suis pas certain que la formule retenue par l’éditeur, d’un Downtown Abbey de Vienne, soit totalement pertinente pour résumer en trois ou quatre mots ce fort et remarquable roman de près de 700 pages qui commence comme un Balzac, celui du Chat qui pelote, fait penser assez vite ensuite à travers le portrait qu’il brosse de l’une de ses principales héroïnes, Henriette Stein, à la Madame Bovary de Flaubert avant de prendre son envol et ne plus renvoyer qu’à lui-même. Ce roman viennois paru à New-York dans une traduction anglaise en 1944, tout en se montrant d’une rare finesse psychologique et d’une grande clarté aussi d’exposition, témoigne surtout, de la part de son auteur, d’une capacité rare à rendre tout un climat d’époque en en faisant bien ressortir les évolutions, les contradictions, les nuances, dans une variété de ton qui ne s’interdit pas plus la tendresse que l’ironie… À travers l’histoire des habitants d’une grande maison familiale, c’est une idée « du destin d’un pays, dont le tragique défie, la vraisemblance » qu’Ernst Lothar entend nous donner, sans, qu’à l’image de l’un de ses principaux personnages, Hans Alt, le « patriotisme » qui demeure fondamentalement le sien ne soit « une question de fierté blessée, ni la honte de vivre dans un pays défait, quasiment détruit et mortellement humilié ». Pour lui «  l’Autriche est plus qu’un beau pays, c’est l’idée de la coexistence d’individus aux idées différentes, une idée universelle et salvatrice ». Son Autriche n’est bien entendu donc pas celle de Hitler et des neo-nazis. C’est celle de « Joseph II ou la religion de la tolérance, Mozart ou l’élévation de l’âme. La forêt viennoise ou les bienfaits de la beauté. »

Suis heureux que le hasard m’ait fait rencontrer ce livre que vraiment je recommande.

*Cliquer dans l'image pour ouvrir le PDF et lire notre extrait.


 

samedi 24 septembre 2022

HÉROÏQUES LICHENS ! LIRE QUELQUES PAGES STIMULANTES DU LIVRE DE K.S. ROBINSON, MARS LA VERTE.

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Quand tant, sur les réseaux, semblent considérer qu’habiter le monde c’est se mettre en scène autour d’une bonne bouteille à la terrasse ensoleillée d’une ville étrangère, tout en se référant à quelque grande figure artistique ou littéraire dont ils ne cherchent au fond qu’à faire publiquement parade, il est bon de rappeler qu’on trouve aussi dans les livres comme dans une relation discrète autant que curieuse à tout ce qui nous entoure, de quoi rendre cette habitation plus authentique et surtout plus réfléchie. Plus nécessaire à partager. Les livres de K.S. Robinson, comme celui dont je l’ai rapproché hier de Peter Weiss, sont des livres qui réclament de leurs lecteurs beaucoup de leur attention et beaucoup de leur temps. Les évoquer dans ce blog pour en susciter la lecture réclame aussi son travail propre. Et même si je suis bien conscient que ce travail ne touchera en définitive qu’assez peu de personnes, cela, que d’autres aussi je sais entreprennent de leur côté, participe d’un esprit de résistance, d’humaine générosité, qu’il importe à tout prix de maintenir. Un seul auditeur suffit à Jean Sébastien Bach avait l’habitude de dire mon ami aujourd’hui disparu, le peintre Rémi Darbre. Oui, surtout si les quelques « auditeurs » que nous avons ne sont en rien des « auditeurs » passifs » et cherchent aussi de leur côté à construire ces nouveaux communs, rendre davantage visibles ces nouveaux imaginaires qui se donnent pour objectif de désaliéner les consciences. Ne serait-ce que des totalitarismes jouisseurs, narcissiques et marchands. 

mardi 9 août 2022

À PROPOS DE PUBLIER. UN RAYON DE SOLEIL SUR DES MOTS BIEN VIVANTS.

En lien avec les Disputaisons impulsées par Jean-Pascal Dubost sur POEZIBAO, autour des raisons qui poussent les poètes à publier, on a envie de dire quand même ou malgré tout, j’aimerais partager ici la fin d’un roman presque totalement inconnu que le poète et professeur de philosophie, Alexandre Billon m’a incité dernièrement à lire par le biais d’une publication FB. Stoner, de John E. Williams, auteur américain mort dans les années 90 raconte l’existence d’un fils de paysan pauvre qui à l’Université où son père fait le sacrifice de l’envoyer pour suivre des études d’agronomie, découvre à la manière d’une illumination l’importance de la littérature et devient professeur. Mariage raté avec une épouse d’un milieu supérieur qui fera tout aussi pour lui ôter son lien privilégié avec sa fille unique, carrière universitaire bridée par l’hostilité d’un de ses collègues devenu son supérieur, découverte de l’amour partagé brisé par les conventions, tout fait apparemment de cette vie, une vie profondément ratée, n’était l’extraordinaire façon qu’a le personnage de résister de l’intérieur à tout ce qui devrait le broyer. Je reviendrai peut-être là-dessus qui dit quelque chose aussi de la rigueur qu’il est parfois beau de s’imposer à soi-même, du stoïcisme qui n’est pas toujours la manière la pire d’affronter le mal qui partout rôde autour de soi. Bref un très beau livre. Qui en dit aussi énormément sur le caractère trompeur des apparences. Sans oublier bien sûr la grandeur de la littérature. Et la noblesse de l’enseignement. Enfin, tel qu’il est envisagé, parfois.

jeudi 4 août 2022

POUR SALUER SIDÉRATIONS, LE DERNIER ROMAN DE RICHARD POWERS CHEZ ACTES SUD.

Après avoir accompagné, il y a deux ans, mon été provençal, par la lecture de l’Arbre-Monde, j’ai pu, cette fois dans une autre campagne, me plonger dans le dernier livre de Richard Powers, Sidérations, paru chez Actes Sud, livre tout autant concerné que le précédent « par la question de savoir comment retourner à la terre et comment nous réhabiliter vis-à-vis de la communauté plus qu'humaine ».

Un important entretien accordé par l’auteur à Stéphane Duchêne dans le cadre d’une rencontre organisée à la Villa Gillet deLyon, me dispense de présenter à mon tour ce livre dont beaucoup déjà ont parlé dans les tous les media possibles. Il me suffira de dire que j’ai tant corné de pages au cours de ma lecture que cette opération qui visait à me permettre de revenir aux éléments pour moi les plus importants et nécessaires du livre en vue d’un commentaire sur ce blog, en est devenue ridicule, revenant à me faire relire l’ouvrage dans sa quasi-totalité. Mais l’important dans un livre n’est-il pas ce qu’il vous fait plutôt que la façon dont il est fait qui n’est une question après tout que pour les professeurs. Ou les professionnels de l’écriture.

vendredi 8 juillet 2022

BONNES FEUILLES : JULIEN LE RÊVEUR DE CHRISTIANE VESCHAMBRE AUX ÉDITIONS ISABELLE SAUVAGE.

Présenté comme « une fantaisie », « un conte politique et poétique », Julien le rêveur, rappelle l’importance que tient le rêve dans l’œuvre et bien entendu la vie de Christiane Veschambre qui livre en effet ici un texte qui sans avoir la profondeur et la gravité de Basse langue ou de dit la femme dit l’enfant, eux aussi parus aux belles éditions Isabelle Sauvage, réjouira bien des lecteurs par la façon dont se voient épinglée « l’idéologie par laquelle on resserre [aujourd’hui de plus en plus] l’étau autour de ceux qu’il faut rendre profitables » au système économique injuste qui nous est imposé.

Julien, classé parmi les « Décrocheurs » n’a d’autre compétence que d’être un rêveur invétéré. Il mettra un temps cette compétence au service des autres en devenant une sorte de rêveur public, déréglant ainsi le fonctionnement de l’Agence Pôle-Emploi qui subit sa contagion. Les choses naturellement reviendront dans l’ordre et comme tout se finit bien dans les contes, il nous faudra imaginer Julien heureux avec beaucoup d’enfants.

EXTRAIT :

lundi 14 mars 2022

QUATRE À QUATRE VERS LE NORD DE JACQUES DARRAS AUX ÉDITIONS COURS TOUJOURS.

 

C’est dans un petit format carré parfaitement adapté au choix par son auteur de le composer en une suite de quatrain d’alexandrins que les éditions COURS TOUjOURS, ont choisi de présenter le tout dernier ouvrage de Jacques Darras, Quatre à quatre vers le Nord. Hommage, comme le dit le communiqué de presse, « aux personnes aimées, aux lieux fondateurs, festifs ou pétris de culture, moments rares ou familiers », c’est en reprenant la forme des « Congés d’Arras », inaugurés par Jean Bodel et repris par Baude Fastoul et Adam de la Halle, au XIIIème siècle, que notre poète a composé les siens, n’étant lui toutefois ni atteint par la lèpre (Bodel et Fastoul), ni déçu par ses concitoyens au point de souhaiter les abandonner pour le Sud (Adam), mais simplement arrivé au moment où il faut bien se résoudre à envisager qu’on touche aux limites de sa longue existence. Pas de nostalgie pourtant dans ces Congés. Toujours au contraire la tenace expression d’un profond attachement à une aire géographique large, qui comme on l’a dit par ailleurs va quasiment de Senlis aux îles Hébrides et de Londres à Berlin, de la Tamise à la Spree. Dans une célébration continue de ses paysages, de sa culture, de ses richesses de toutes sortes. Sans négliger au passage un émouvant salut aux amis. Vivants et disparus. Le tout accompagné d’« une Chimay rouge, eau d’Oise toute proche sur orge grillée » pour mieux goûter encore à la « chance matinale de vivre ».

lundi 7 février 2022

BONNES FEUILLES. MORT D’UN CHARTREUX DE GÉRARD VINCENT.

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Ce n’est pas parce qu’il est comme moi d’origine boulonnaise ou que son personnage s’appelle Dambleteuse, du nom de la plage magnifique où nous aimons, l’un comme l’autre, régulièrement, nous promener, que je tiens aujourd’hui à saluer la récente publication du livre de Gérard Vincent, Mort d’un chartreux aux éditions du Rocher. Gérard Vincent aura passé sa vie professionnelle à s’occuper de livres, au service de la maison Gallimard. Mais surtout son existence, voyageuse, n’aura jamais manqué de se voir accompagnée par la lecture de toutes sortes de poètes chez qui il aura puisé de quoi affronter l’inquiétude en lui de l’existence. Sous le soleil noir du temps, naguère paru à l’Age d’homme, évoquait ainsi les figures hautement bouleversantes de Trakl, Mandelstam et Celan.

Avec Mort d’un chartreux, Gérard Vincent se coule cette fois dans la conscience, l’âme (?), d'un moine d’une petite soixantaine d’années, tout nourri lui aussi de poésie, qui suite à l’annonce d’un cancer incurable, affronte l’imminence de sa disparition prochaine, en tenant à conserver ses habitudes de vie cloitrée et en rédigeant le journal qui constitue la matière du livre. Comme l’écrit une critique du Figaro littéraire que nous reproduisons au début de nos extraits, « on ressort apaisé de cette lecture, hymne à la Vie simple, à la grande Vie ». Avec surtout, en ce qui nous concerne, une nouvelle fois la preuve, humaine, charnelle, existentielle, je ne sais comment dire, de l’importance sinon de la nécessité d’une certaine poésie. Pour qui cherche vraiment à élargir et mieux aimer la vie. Dans ce qu’elle a parfois aussi de dur et difficile à nous offrir.