lundi 10 juillet 2023

BONNES FEUILLES. MÉLODIE DE VIENNE DE L'AUTRICHIEN ERNST LOTHAR CHEZ LIANA LEVI.

Je ne suis pas certain que la formule retenue par l’éditeur, d’un Downtown Abbey de Vienne, soit totalement pertinente pour résumer en trois ou quatre mots ce fort et remarquable roman de près de 700 pages qui commence comme un Balzac, celui du Chat qui pelote, fait penser assez vite ensuite à travers le portrait qu’il brosse de l’une de ses principales héroïnes, Henriette Stein, à la Madame Bovary de Flaubert avant de prendre son envol et ne plus renvoyer qu’à lui-même. Ce roman viennois paru à New-York dans une traduction anglaise en 1944, tout en se montrant d’une rare finesse psychologique et d’une grande clarté aussi d’exposition, témoigne surtout, de la part de son auteur, d’une capacité rare à rendre tout un climat d’époque en en faisant bien ressortir les évolutions, les contradictions, les nuances, dans une variété de ton qui ne s’interdit pas plus la tendresse que l’ironie… À travers l’histoire des habitants d’une grande maison familiale, c’est une idée « du destin d’un pays, dont le tragique défie, la vraisemblance » qu’Ernst Lothar entend nous donner, sans, qu’à l’image de l’un de ses principaux personnages, Hans Alt, le « patriotisme » qui demeure fondamentalement le sien ne soit « une question de fierté blessée, ni la honte de vivre dans un pays défait, quasiment détruit et mortellement humilié ». Pour lui «  l’Autriche est plus qu’un beau pays, c’est l’idée de la coexistence d’individus aux idées différentes, une idée universelle et salvatrice ». Son Autriche n’est bien entendu donc pas celle de Hitler et des neo-nazis. C’est celle de « Joseph II ou la religion de la tolérance, Mozart ou l’élévation de l’âme. La forêt viennoise ou les bienfaits de la beauté. »

Suis heureux que le hasard m’ait fait rencontrer ce livre que vraiment je recommande.

*Cliquer dans l'image pour ouvrir le PDF et lire notre extrait.


 

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