« Il nous faut rester des lecteurs. Nous ne viserons pas à cette gloire supplémentaire qui appartient aux rares êtres qui sont aussi des critiques. Mais nous n’en avons pas moins notre responsabilité de lecteur, et même notre importance. Les critères que nous posons et les jugements que nous portons s’insinuent dans l’air et deviennent partie de l’atmosphère que respirent les écrivains en travaillant. Une influence est créée, qui le marque, même si elle ne trouve jamais son expression imprimée. Et cette influence, si elle est bien préparée, vigoureuse, personnelle, sincère, pourrait être de grande valeur aujourd’hui, quand la critique se trouve par la force des choses en suspens, quand les livres défilent comme une procession d’animaux dans une baraque de tir et que le critique n’a qu’une seconde pour charger, viser, tirer, bien pardonnable s’il prend un lapin pour un tigre, un aigle pour une volaille, ou manque son but et perd son coup contre quelque pacifique vache qui paît dans le champ voisin." Virginia Woolf, « Comment lire un livre », in L’Art du Roman, Coll. « Signatures », Points, 2009, pp. 168, 169
Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
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