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Venue de loin, une conscience sensible s’émerveille des présences auxquelles accorder son corps, son regard, son esprit, sa langue, à l’intérieur du paysage dépourvu d’homme dans lequel elle vient de se voir précipitée. Le luxembourgeois Florent Toniello a découvert l’Islande durant l’été 2023. En résidence d’auteur à Berlin, lui est venu l’idée d’évoquer ces rudes territoires en une série de poèmes en prose, centrés sur divers éléments de nature qui en sont le plus caractéristiques : aurore boréale, fjord, geyser, cratère, lac, neige, banquise, brume, glacier, cendre et lave dont le nom islandais, HRAUN, fournit le titre de l’ouvrage. Quelques présences animales, ours polaire, renard, courlis corlieu, ainsi que mythologique, elfe, complètent ce tableau auxquelles les images d’un photographe allemand établi en Islande, Thomas Fleckenstein, ajoutent un suggestif contrepoint.
Frappé depuis ma découverte en 2018, du remarquable ouvrage de Véronique Brindeau, Louange des mousses, par ces organismes qui sont bien d'avant les hommes, d'avant les arbres et les fleurs, présentes depuis trois cents millions d'années, mais que notre culture occidentale a toujours tendance à la différence en particulier du Japon, à mépriser, j’ai retenu pour le partager sur ce blog le texte qui dans le recueil de Florent Toniello leur est consacré. On y appréciera la façon herbue[1] dont notre auteur, à travers le monologue intérieur de son personnage d’extraterrestre confronté à un univers qui lui est en principe totalement étranger, s’efforce de faire expressivement et voluptueusement corps avec la radicale autant que tonique altérité du vivant qui l’accueille.
Prolongements
Sur les mousses, on n’oubliera
pas le livre de Vincent Zonca, Lichens et ses références multiples au
poète ligure Sbarbaro. Voir : http://lesdecouvreurs2.blogspot.com/2023/05/lichens-lichens.html
On pourra aussi se reporter aux extraits que j’ai retenus de l’œuvre à mes yeux majeure du romancier américain Stanley K. Robinson : sa trilogie de Mars, tout particulièrement le second volume intitulé Mars, la verte : http://lesdecouvreurs2.blogspot.com/2022/09/heroiques-lichens-lire-quelques-pages.html
Voir aussi la Saison des mousses de Fabienne Raphoz : http://lesdecouvreurs2.blogspot.com/2023/04/aimer-plus-loin-avec-la-saison-des.html
[1] Les calligraphes japonais distinguent 3 degrés successifs d'écriture : le « zhen » qui consiste à écrire le monde en lui imposant la régularité de nos lois. Le « xing » forme d’écriture plus libre et enfin le « cao » qu’on peut traduire par « herbu » par laquelle l’être fait se rejoindre plus en profondeur la nature dans son altérité propre avec la culture. Source : http://lesdecouvreurs2.blogspot.com/2017/01/herbes-conjoindre-nouveau-nature-et.html
"Éprouvante simplicité" est le titre d'un poème de René CHar.
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