S’il me faut aujourd’hui revenir
saluer la terre, arpenter
chemins et sentiers à la tombée du jour,
cependant qu’émerge dans l’hiver alentour
la clarté chétive des pierres entraperçues
entre les mousses des murs.
Le tracé entêté des piquets plantés
à intervalles réguliers au bord des prés vides…
Nulle activité au-delà, nulle vie
sinon tout à coup la silhouette dressée
d’un arbre à demi-mort, dénudé, à
à trois pas devant, là, seule présence
dans l’épais brouillard qui noie tout,
contraint Ie monde, sans le restreindre.
Quelle lumière désormais attendre de l’hiver,
quel message, quel feu
[…]
Une voiture est passée au pas sur la route,
en silence.
Un instant,
les pelotes de ses phares la devancent
de quelques mètres dans Ic brouillard avant
de se loger au creux de la haie qui borde
le pré en bas, comme pour déposer
dans Ie nid d’épines des branches
un œuf de lumière jaune, sans chercher
à savoir si la buse, un temps perchée
à la cime de l’orme mort en lisière de bois,
acceptera de le couver.
ElIe qui n’ouvre sur le monde de la nuit
qu’un œil froid, faussement fermé.
Le difficile métier de l’hiver, garder
la terre en joie.
Garder la terre en joie, Tarabuste, 2024, pages 121 et 129
:-)
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