De livre en livre. De poème en
poème. Et dans toutes les postures, comme ici tête en bas, Etienne Faure fore un peu plus tous les bois de la
langue. Jusqu’à s’y éprouver termite. Ou plutôt lucifuges, individu pluriel : ces insectes dévorant ne se
vivant qu’en groupes. Pour s’entregénérer mieux. Cela nous donne une succession
de galeries par lesquelles s’enfoncer en phrases toujours recommencées, dans
les communs affects de la vie et des choses qui passent. Des vies, des choses
ayant saveur de passé. Et d’histoire. La dure friabilité aussi de tout ce qui
depuis longtemps s’est vu creusé puis évidé en nous. La seule consistance
demeurant celle de ces obstinées cheminements ou pour le mieux dire, ces sapes.
Par quoi le petit grand monde versicolore que fait en nous notre existence, chez
lui se réduit lentement mais sûrement, c’est un maître, en sa poudre de mots.
Dimanche,
les mauvais fils, intrus lucifuges
en
quête de nourritures terrestres,
ingurgitaient
des livres, mangeaient leur bois
vermoulu
à souhait jusqu'à la sciure,
dévorant
les ouvrages, les charpentes,
littératures
faîtières,
et
par leurs petites entrées étrangères
se
propageaient, occupant l'espace,
non
pas en dynasties, corps et métiers, mais
petits
groupes jamais repus de ce bois
remâché,
trituraient les textes
à
les réduire en poudre — et puis sortaient
en
perçant un trou, trêve d'ermite,
pour
écrire à leur tour on ne sait quoi, reprendre
cette
espèce de cycle reproducteur,
occupés
longtemps par cette activité
à
perpétuer leur propre saccage,
signer
leurs agissements d'intrus qui firent
les
vices cachés des maisons de famille.
les
intrus
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