Détail d'une toile du peintre Yves Loubeyre |
« Assise au bord de l’eau » Edith Azam compose à l’intention
d’une qui lui « fait couteau dans le
cœur » et qu’elle appelle Hannah,
une chanson de Mal-aimée qui retrouvant au passage quelques accents apollinariens
secoue par ce qui s’y livre de détresse authentique et d’impuissance à la
savoir dire. Toute nue et entière. Par une succession de poèmes aux vers
généralement courts et saccadés, d’ahan,
elle tente d’arracher son chagrin à sa « langue de terre ». Pour reprendre son vol. Se reconfondre à cette femme-oiseau partie quelque-part bien trop loin, emportant sa
part d’elle. Et ce n’est pas si doux. Et ce n’est pas si tendre, ce
désarmé, désaimé lamento d’amante et de poète à qui l’on a rogné les ailes : ce
presque chant rompu n’élevant vers le ciel qu’un seul mot.
Hannah
la vie :
c'est
à hurler
et
hurle fort cet oiseau-là
à
me tordre les os :
de
la tête.
Mon
corps
j'en
vois l'usine
je
vois bien tous ces mots
qui
me pèsent des tonnes.
Arrache-moi
arrache-moi
Hannah
cette
langue de terre !
fais-moi
sortir un peu du sol
que
tout :
que
tout ne soit pas pour la casse
que
cette course vers le vide :
m'épuise
vers un mieux.
La
vie ?
C'est
de la paille.
On
fait un feu avec
qui
ne brûle que pour nous
qui
ne nous brûle que nous
et
puis après ?
Juste
merci Hannah
tu
m'arraches les mots
que
nul ne sait bien vivre.
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