Composée comme son auteur l’écrit lui-même sur sa page Facebook d’un choix de ses meilleurs poèmes, autrement dit un florilège des textes qu’il aura composés tout au cours de sa vie d’écrivain militant attaché à faire progresser autant que possible les droits fondamentaux du vivant, en se forçant à « voir plus loin que le bout de son nez » s’autorisant aussi à imaginer un monde moins dur aux faibles, moins accommodant envers les puissants, cette anthologie d’une grande diversité, que l’on doit encore une fois aux éditions LansKine, dresse pour nous le portrait en creux d’un homme solidaire qui venu du monde ouvrier considère la poésie non pas comme une pratique esthétique bourgeoise mais un travail d’émancipation. Non seulement pour lui-même, ou pour l’humanité mais pour tout ce qui existe et pourtant ne dit mot.
LA ROCHE-POSAY
On n’a pas le droit d’être malheureux — c’est interdit.
Non : faut pas l’être — et c’est une insulte au malheur
irréversible, définitif, celui des morts proches, en masse
que d’être hésitant ou inactif, incertain.
Au moindre voile de tristesse : tu bondis — fais sourire.
Je cède au soleil, à la tranquillité de l’air, au pas lent
de qui passe. Suis niché dans un creux où le tabac
froid mouillé toute la nuit rend encore son odeur
d’angoisse figée, apaisée, rémanente. Qui prendra le droit
de voir plus loin que le bout de son nez ? Qui, comment
et pourquoi donc ? s’autorisera à imaginer au-delà de sa couche
un monde où nous-mêmes, à nouveau, autrement
aurons l’ambition de refaire d’abord et surtout la pousse
des petits et aussi toutes les rives des rivières données
aux fleurs, aux poules d’eau, aux barques allongées
aux grenouilles fines, aux herbes éclairées de par-derrière les oreilles.
Sur la place qui aura changé de forme les maisons
aux jardins verts ouvriront leurs pentes. On boira le vin choisi.
Mots échangés librement. Possibles présents
juste assez pour sentir l’air vif.
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