complainte de la plongeuse
C’est à la maison, disent certains,
qu’est la maison, mais ma maison,
marmonne la plongeuse
en mâchouillant les dents de son tuba
en plastique rouge
est l’océan.
Puisqu’il n’y a pas de mots pour l’océan (le mot
« océan » n’est qu’une flèche et n’atteindra jamais sa cible)
la plongeuse ne parle pas
sous l’eau :
mais pourchasse le sens dans les poissons
qui filent
ou la regardent, oeil absolu
qui pourrait en dire long
sur une chose
ou l’autre.
La maison n’ayant de limite,
mes poissons auront toujours pu
s’en aller quelque part,
plus loin des continents plastiques
des pollutions vomies par les rivières
et de l’acidité,
soupire la plongeuse
face aux graphiques,
lorsque dans son bureau au sec
elle se souvient que l’infini
est mouillé :
peut-être.
La maison qu’elle habite est tout
entière un doute.
En effet les ondes circulent
dans l’onde, la voix des tritons et sirènes,
les légendes alambiquées de l’eau
lui glisseront dessus
comme si l’on nageait
à l’air libre dans une
solitude plus sombre
et plus immense qu’aux abysses ;
ou s’il fallait porter tuba
pour respirer
quoi qu’il en soit.
Dans l’eau les plongeurs pissent ou pleurent.
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