jeudi 15 avril 2021

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. ANIMAL(S) DE SYLVIE DURBEC.

 

Un ouvrage qui a la liberté du chevalier errant à travers ses forêts. Qui est donc en partie une quête. Avec une première page (ci-dessous) qui donnera bien envie de lire le reste. Où se rencontreront à l'aventure, bien des voix autres. Comme celle de Denise Le Dantec dans sa Seconde augmentée parue chez Tarabuste il y a quelques années.

Extrait :

Dulle Griet,

                               l'essoufflée

 

 

Dulle Griet à la tronçonneuse relevant ses amples jupes de nonne et courant vers la mer pour attaquer le cyclone,

sans demander pardon à qui que ce soit,

et courant,

plus vite, encore plus vite courant,

se dresse debout ce matin sur le clavier ou en même temps que je tape ces mots,

me prend à parti, s'exclamant :

Pourquoi utilises-tu toujours les mêmes ?

Pourquoi ne te mets-tu pas toi aussi à courir, brandissant une tronçonneuse contre ce monde malade à l'instar de ce peintre qui a montré cette nonne armée face à la tempête,

ou de cet autre, écrivain lui-même arrêté dans sa course il y a une année, dont la tronçonneuse a vrombi assez pour donner ce livre à couverture jaune que tu trimbales avec toi depuis que tu l'as acheté et dont tu crois, avec raison sans doute, qu'il te suivra désormais partout, comme certains, ceux de p.h. et de m.s.,

oui, pourquoi ?

Pas de réponse.

Tu regrettes que ce ne soient que des morts, tu penses à v.w. ou e.d., et dans un sursaut, toujours en face de ta fenêtre préférée, tu nommes herta müller, puis interrompue par le courant d'air que déplace ton compagnon en ouvrant la porte au chat dont tu n'avais pas perçu le miaulement matinal,

tu souffles un peu en ébouriffant tes cheveux,

tu voudrais que rien ne t'interrompe,

tu rêves un moment de ce lieu en bordure de forêt où tu souhaites te retirer,

où, crois-tu,

tu trouverais le temps d'écrire sur le lien qui existe entre réel et imaginaire,

animaux et humains,

                          à droite la montagne de Lure, à gauche le Ventoux,

au bout du chemin, le grand chêne aux pendus qui marque l'entrée dans la forêt

et dans cette histoire.



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