Une église est une église
est une église. Vraiment ? Redécouvrant, comme à chacune de mes visites, l’abbatiale
de Saint Austremoine (le moine venu du Sud) qui se présente comme une des plus
belles réussites de l’art roman d’Auvergne inspirée, on le sait, de Notre-Dame-du-Port
de Clermont-Ferrand, j’ai bien vérifié qu’elle possédait effectivement, comme
toutes les autres, porche, chapelles, clocher, vitraux et chapiteaux de pierre.
Église donc. Circulons. Rien de plus n’est à voir.
Personnellement, j’envie quand
même un peu ces pointilleux monographes, capables sur des dizaines et des
dizaines de pages de m’expliquer à grand
renfort de termes spécialisés, ce qui fait de chacun des édifices qui se
proposent un peu partout dans le monde à mes touristiques admirations un
organisme architectural et sculptural à part, un individu dans son genre. Ce
que le plus souvent notre défaut de culture, le peu d’ardeur réelle de nos curiosités
vite épuisées par les plus grossiers commentaires, nous privent de savoir
reconnaître.
S’arrêter à Issoire ce
n’est donc pas seulement profiter d’un excellent repas à la terrasse estivale
du P’tit roseau et y jouir encore d’un bon moment de détente avant
d’affronter quelques centaines de kilomètres plus loin l’assommante traversée
de la Beauce, c’est se régaler d’abord de la chaude couleur de cette pierre
d’arkose dont à la différence de la plupart des monuments auvergnats tout
entiers de roche basaltique, les moines bénédictins ont construit là leur
église. C’est reconnaître l’ajout aux douze signes du zodiaque qui ceinturent son
chevet, d’un treizième, représentant un griffon dévorant ce qui semble être un
mouton. Occasion de découvrir grâce aux archives du journal La Montagne qu’il
s’agirait peut-être – j’en doute - d’une allusion de l’époque au célèbre Roman
d’Alexandre dont des figurations datant du même XIIème existent
à Moissac, Toulouse, Thouars et paraît-il encore dans bien d’autres églises en
Suisse comme en Italie.