Maurice Regnaut est mort en 2006. Il fut enseignant, auteur de théâtre, poète bien sûr et membre pendant plus d’un tiers de sa vie du Comité de rédaction d’Action poétique. Il est bon que les poètes n’abandonnent pas les poètes. Que parmi la foule des disparus ils ne se contentent pas de n’honorer par leur souvenir que les grandes figures tutélaires.
Merci donc à mon ami Hervé Martin pour l’envoi du recueil Ternaires, que vient de publier la petite maison qu’il a crée, Au Salvart.
Reprenant, comme il le dit lui-même, la forme donnée du haïku japonais, pour la détourner, en abandonnant notamment sa fixité métrique, Maurice Regnaut, dans les trois vers de ses Ternaires, et les trois parties qui composent ce recueil, répond au grand mystère de notre relation fugitive et transitoire au monde, celui comme éternel du ciel, de la mer, des arbres et des couleurs changeantes de la vie qui de partout manifeste sa présence, par une grande économie de parole. Trois vers par page donc mais qui se veulent chacun pris dans leur angle propre, tremblants et traversants. Jusqu’à dans la dernière partie qui les voit se resserrer sur la radicale puissance de l’amour.
Le poème ici s’avoue sans bavardage, visant directement à la profondeur sans se soucier de multiplier les approches. Le sentiment du monde comme celui d’exister passe par des notations réduites à leur plus extrême simplicité. Cela paraîtra certes vague à certains. Quand d’autres y trouveront réponse à ce goût légitime assez commun de la formule. Qui dans toute l’ouverture de sa généralité parvient par grâce partagée à transmettre en celui qui l’accueille quelque chose d’une illumination.
Trois extraits :
Ô monde immense
Et moi
En mes mots seuls
*
Fais connaissance,
Toi que nul n’a su croire,
Avec l’échec.
*
Ciel, là-bas, de plus en plus rouge, un jour nouveau va naître,
Oui, tout l’horizon n’est plus que promesse,
Et moi plus que stupeur, de sourire ainsi à ce qui viendra.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire