samedi 7 mai 2022

ADA MONDÈS. 24ème PRIX DES DÉCOUVREURS DE LA VILLE DE BOULOGNE-SUR-MER POUR PAYSAGES CUBAINS AVEC PLUIE AUX ÉDITIONS DU PETIT VÉHICULE.

Ada Mondès au Channel de Calais avec les élèves du Lycée Berthelot.

Heureux aujourd’hui, à l’issue d’une semaine on ne peut plus chargée, d’annoncer officiellement l’attribution du 24ème Prix des Découvreurs de poésie de la Ville de Boulogne-sur-Mer – c’est son exact intitulé – à la jeune poète Ada Mondès, pour son livre, Paysages cubains avec pluie, publié par les éditions du Petit Véhicule. Nous nous réjouissons à cette occasion de voir un ouvrage bilingue – espagnol / français – couronné par cette majorité de jeunes lecteurs et lectrices qui dans les collèges et lycées ayant participé à l’opération, l’auront découvert et apprécié. Surtout quand nous constatons qu’à côté de ce livre celui de la grande poète américaine Sharon Olds, dans une traduction remarquable de Guillaume Condello, a réuni sur lui une part presqu’aussi importante de suffrages qui le placent en seconde position. Honneur donc, cette année, aux femmes et aux langues, dans notre palmarès qui retiendra aussi la belle troisième place d’un poète discret, Sébastien Ménard que nous sommes également heureux d’avoir fait découvrir.

C’est la spécificité de notre opération que de mettre en présence des œuvres où poètes nouveaux et auteurs reconnus sont offerts à la découverte. Pas de concurrence entre eux puisqu’aucune œuvre ne vise à supplanter les autres. Toutes s’efforçant, dans notre esprit, de faire progresser, de conserve, un désir inspiré, éclairé, et toujours plus fortifiant de parole, de parole affranchie, ouverte et singulière, chez des jeunes de plus en plus soumis malheureusement aux insidieux formatages du temps. C’est pourquoi j’associe dans la proclamation de ce nouveau palmarès, les noms d’Etienne Faure, de Stéphane Bouquet, de Marine Riguet et de Milène Tournier que je remercie tout autant que celles et ceux que j’aurais précédemment cités, de nous avoir accompagnés tout au long de cette année.

Une année qui, pour nous avoir permis, contrairement aux deux éditions précédentes, de mener à terme notre action, ne nous aura toutefois pas encore fait retrouver les chiffres de participation si réconfortants des années d’avant Covid. Plus de la moitié des effectifs que nous comptions naguère ont été pour nous perdus. Pas entièrement pensons-nous du fait des conditions difficiles imposées par la persistance du virus mais nous en sommes intimement persuadés par ce qu’il faut bien appeler les effets pervers engendrés dans les lycées, par les réformes dîtes Blanquer, qui, en contradiction d’ailleurs avec les déclarations affichées, ont singulièrement réduit les espaces de liberté rendant à l’école possibles les activités dévolues à l’action culturelle et artistique.

L’école pour être un lieu serein et authentique d’apprentissage et d’éducation ne peut être un espace permanent d’évaluation (normative) et de contrôle. Elle doit être un espace de confiance offrant à chacun, élèves comme professeurs, du temps. Pour faire mieux respirer l’intelligence. Les sensibilités. Les partages et la reconnaissance. Je me souviens qu’un jour l’école est passée du règne de l’Instruction publique à celui de l’Education nationale. Passer d’instruire à éduquer est un noble projet qui vise – voyez les étymologies – à faire de chaque jeune jusque-là simplement perçu comme le récipient de toutes sortes de savoirs qu’on lui déverse dans la tête, un Sujet majuscule en puissance. Une liberté responsable qu’on s’efforce, pour lui, comme pour la bonne marche de notre société, prétendument démocratique, de faire advenir. J’ai bien peur parfois que ce beau mot d’éduquer ne soit qu’un mot. Pour dire tout autre chose. Comme abandonner, par exemple. Aux puissances égoïstes et mercenaires du présent.

Honneur alors une nouvelle fois aux Paysages cubains d’Ada Mondès ! Aux six autres auteurs qui l’ont accompagnée. À tous ces héroïques professeurs qui ne se résignent pas à l’aplatissement généralisé de la parole. Et bonne chance à cette belle jeunesse. Vers qui va prioritairement, notre inquiétude. Et aussi notre affection.

NB

Ce 24ème Prix des Découvreurs sera officiellement remis à Ada Mondès le mardi 24 mai prochain à la B.M. de Boulogne-sur-Mer lors d’une manifestation élaborée en partenariat avec le Marché de la Poésie de Paris dans le cadre de ses Périphéries.

Télécharger ici le programme détaillé.

Lire notre compte-rendu de rencontre avec Ada Mondès

Lire notre présentation de Paysages cubains 


 

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