Qu’il évoque des oliviers centenaires, ce qu’on appellerait aujourd’hui la « résilience » du lichen, la cueillette des quetsches, l’effrayante apparence du pitbull, un amoncellement de coquilles d’huitres, un boqueteau en feu, Strinberg titubant à l’intérieur d’un café, une toile de Lavinia Fontana représentant Antonietta, fille de « l’homme sauvage du Ténériffe », sans doute atteinte d’une hypertrichose qui lui donne l’apparence d’un animal couvert de poils, le poème, ici, tel le caméléon évoqué en ouverture du livre - « un astronome avec un œil au ciel et l’autre au sol » - fait sa proie de tout ce qui peut passer à portée de regard sans rien laisser voir de sa forteresse intérieure mais en lui restituant par la pensée toute son épaisseur de monde. L’huître, par exemple, « auster » en allemand, rappelant Austerlitz et la figure du général Junot qui avant la bataille se faisait servir par son valet de camp[3] deux ou trois bonnes centaines de ces charnus et fondants mollusques… L’arbre à quetsches se faisant dès la métaphore des deux premiers vers, presque Yggdrasil, arbre monde[4] …