mardi 6 février 2024

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. UN POÈME DU POÈTE POLONAIS TOMASZ BĄK EXTRAIT DE CANADA.


 Oran-yeah !

Cette fois-ci encore il ne s’agit pas de drogues.
Le foot se hase sur des émotions. des supporters,
de l’argent, un shampoing anti-pelliculaire.

Dans la bouche d’un commentateur britannique le mot Dutch
sonne comme bitch quand Arjen Robben dribble
chaque descendant illettré de Shakespeare

et marque un but. précis comme la division du travail
dans le commerce autour du stade : les Jaunes produisent, les Noirs vendent,
les Blancs en tirent profit. Et chacun est satisfait, le monde tourne ainsi,

car les fans ignorent que la vie ressemble parfois
à une situatlon conflictuelle sur le terrain. Qu’on répète en boucle
la vérité objective, elle est accessible à tous

sauf aux intéressés. De plus il y a but
et si les Néerlandais avaient des ressources naturelles,
après une telle action leur production flamberait d’une dizaine de points.

Le sifflet final ouvre les dionysies. Ça remue :
les perdants rentrent en économique, l’orange se déverse dans les rues
du Cap et Jimi Hendrix adapte prestement Guillaume de Nassau.

Avant de rendre l’antenne je crois que si Dieu existait
et voulait me faire du bien, pour la grande finale
on serait tous assis dans le même virage.

Canada,  p. 53,
traduit du polonais par Michal Grabowski en collaboration avec Clément Llobet
éditions LansKine, 2023 ( 2010 pour l’édition originale)

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