« Savoir n’affaiblit pas le plaisir, savoir aurait plutôt tendance à l’intensifier, à susciter l’imaginaire ».
« Je ne vois pas que nommer soit en contradiction avec apprécier, c’est une autre forme de philia ; savoir que cette bergeronnette porte sur sa livrée, dans sa syrinx, ce qui la caractérise, ce qui la différencie des autres sous-espèces, me permet de suivre son parcours, quand elle aura disparu, permet à l’œil de l’esprit de poursuivre le voyage que le corps, qui a vu et senti, ne peut accomplir. [1]»
Le lecteur qui viendra à l’instant de se reporter à ma note explicative comprendra aisément comment la précision du vocabulaire, la solidité de certaines connaissances, loin d’encombrer ou de ralentir notre esprit, de faire écran au regard que nous portons sur les choses, leur confère a contrario, une finesse accrue, de plus ample portée. Non. Si les mots, c’est vrai, quand ils ne sont que les grossiers véhicules d’une langue inhabitée, d’un esprit conditionné, réduit à ses généralités apprises, nous masquent la singularité comme les consistances toujours en devenir des choses, comme il serait absurde au moment de les employer, de rejeter tout savoir, pour s’imaginer retrouver avec le monde l’édénique relation qui nous ferait pierre avec les pierres, rivière avec les rivières ou loup avec les loups.