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lundi 2 janvier 2023

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : PORTE DU SOLEIL, LE DERNIER LIVRE DE CHRISTOPHE MANON, AUX ÉDITIONS VERDIER.

 

Giovanni di Paolo, Inferno, école toscane du XVème siècle

Sunt lacrimae rerum ![1] Peut-être qu’en effet comme s’écrie Enée découvrant à Carthage une fresque évoquant les divers épisodes de la guerre de Troie, les œuvres d’art, pourvu qu’on y reconnaisse aussi des traces de sa propre vie, de ses propres angoisses, des drames qu’on aura vécus, sont les larmes des choses, bien plus en fait qu’une simple occasion de plaisir artistique voire une forme supérieure d’embellissement de la vie.  Établissant toute une série de correspondances entre des faits révolus et des situations présentes,  des émotions passées et d’autres actuelles, nombreuses en effet peuvent être les œuvres qui possèdent, comme le précise encore Virgile, ce charme mortel de pénétrer l’âme et d’ébranler fortement certaines sensibilités.

C’est ce que nous fait, entre autres choses, comprendre, le tout dernier ouvrage de Christophe Manon, Porte du Soleil, qui sous le prétexte d’une quête des origines, se constitue finalement en récit poétique des tribulations d’un cœur blessé, dépourvu d’espérance, saisi d’une incompréhensible douleur, d’accès violents de rage[2], que son arrivée au soleil de Perugia, berceau de sa lointaine famille, plonge dans l’enfer[3] d’une existence qu’il ne maîtrise plus.

samedi 6 août 2022

AUTOUR DE JACQUES DARRAS. UN NUMÉRO SPÉCIAL DE LA REVUE INTUITIONS.

Heureux de pouvoir prendre aujourd’hui le temps de lire ce numéro spécial de la revue Intuitions mettant à l’honneur mon ami Jacques Darras. Avec des inédits, quelques courtes études et une petite compagnie de poètes parmi lesquels je suis heureux aussi de retrouver Amandine Marembert qui livre d’ailleurs ici, avec l’émerveillée en même temps que discrètement douloureuse sensibilité qu’on lui connaît, une suite bucolique et jardinière dont je retiens précisément cette phrase qui consonne tellement avec le livre de Powers Sidérations dont je viens de parler sur mon blog que je ne peux m’empêcher de la reproduire ici : « il nous faudrait écouter le monde/ avec des oreilles d’ours ». L’oreille d’ours étant en l'occurrence l’autre nom – faisant heureusement lien avec le monde animal - de l’épiaire de Byzance, plante singulière par la douceur de ses feuilles.

Au sommaire de ce numéro dû aux bons soins d’Éric Sivry, directeur et fondateur de la revue et de la présidente du comité de lecture Sylvie Biriouk, on trouvera, outre bien entendu les textes de Jacques, d’Amandine dont je viens de parler et de moi-même, ceux de Murielle Compère Demarcy, d’Isabelle Sancy, de Jean-Luc Escoubas et d’Eric Sivry lui-même qui sont pour moi de belles découvertes.

jeudi 14 juillet 2022

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : L’EXPE(R)DITION D’YVES BOUDIER À LA RUMEUR LIBRE.

C’est un livre dont j’aimerais pouvoir parler plus longtemps. Pouvoir à son propos évoquer aussi bien la constellation de mes propres lectures, l’idée que je me fais du livre comme aventure, l’admiration que j’éprouve pour ces masques Kodiak[1] qui font l’orgueil du Château-Musée de la ville de Boulogne-sur-Mer que le mérite singulier du magnifique travail d’Yves Boudier dont je comprends maintenant l’intérêt qu’il manifestait devant ces répliques de bateaux accrochées dans la grand-salle de la maison d’hôtes où je l’avais logé, en compagnie d’autres artistes, lors d’une récente Périphérie du Marché de la poésie.

L’Expe(r)dition n’est pourtant pas un livre de poésie. C’est un récit en grande partie maritime, d’une extrême précision, historique comme matérielle, qui fait revivre, comme on a pris l’habitude sans doute exagérée de dire, la figure du grand navigateur danois, passé au service du puissant Empire russe, Vitus Jonassen Béring à qui l’on doit la découverte ou plutôt la redécouverte du célèbre détroit qui porte aujourd’hui son nom et qui sépare depuis la fin de la dernière époque glaciaire, le continent européen du continent américain.

dimanche 3 juillet 2022

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. CONTREBANDE DE LAURENT ALBARRACIN AU CORRIDOR BLEU.

Contrebande de Laurent Albarracin est un recueil de sonnets coupé en son milieu d’une succession de quelques proses qu’on dira poétiques. Dans la ligne héritée de Ponge ces textes se détournent du lyrisme personnel, de l’expression directe des sentiments, pour prendre le parti des choses, considérées non dans leur particularité mais dans leur généralité. C’est à-dire leur idéalité de chose. Qui en fait n’existe pas. La mare, pas plus que la tondeuse Honda, les nuages ou la tasse de café, n’ont d’existence réelle. Ce sont ce qu’on appelle des concepts, des outils efficaces de pensée permettant l’échange et la communication, le déploiement de toute l’intelligence réflexive nécessaire pour se figurer et pour interroger le monde. Ce qui existe en fait déborde toujours et largement son nom. Existe en dehors du nom. Une mare dans sa réalité est toujours singulière. Est par exemple cette singulière étendue d’eau venue, après des jours de fortes pluies dans ma forêt d’Ecault, contrarier ma promenade en occupant tout le creux d’un chemin. De cette réalité en soi inconnaissable comme nous l’a bien appris Kant, je ne pourrai jamais construire qu’une représentation subjective dont les mots que j’utilise peineront toujours à signifier la débordante matérialité, mais suffisent en général à en donner l’idée.

samedi 8 janvier 2022

NOUS RÉAPPROPRIER L’ÉPOPÉE. SUR LE DERNIER LIVRE DE JACQUES DARRAS, AUX ÉDITIONS DU CASTOR ASTRAL.

ÉPIQUE ! en capitales d’imprimerie suivies d’un point d’exclamation tel est le titre de la toute dernière publication du poète Jacques Darras aux éditions du Castor Astral. Voila qui nous avertit qu’il ne s’agit pas là d’un simple ouvrage d’histoire littéraire mais bien plutôt comme toujours chez Darras d’une affirmation d’être qui sonnerait ici comme un cri de ralliement s’efforçant d’entraîner avec lui l’ensemble des forces créatrices qui s’occupent encore aujourd’hui à donner sens et puissance à la poésie. Le sous-titre de l’ouvrage, Le poète dans le temps, sans majuscule à poète, indiquant qu’il ne s’agit pas ici de se limiter à circonscrire un genre mais de s’inscrire au cœur d’une communauté de concepteurs et d’inventeurs de formes répondant par la parole aux défis de leur temps.

Il suffira d’ailleurs de lire l’émouvante dédicace rédigée par l’auteur à « la mémoire d’Édouard Darras », son « grand-père paternel, pulvérisé dans la poussière de l’anonymat par l’artillerie allemande dès septembre 1914, au Bois de la Gruerie, et de son fils Paul », père de l’auteur, « orphelin à l’âge d’un an, pupille de la Nation, retenu prisonnier plus de cinq ans en Silésie lors de la Seconde Guerre mondiale » pour bien comprendre les véritables enjeux d’un livre qui ne vise à rien moins qu’à « exhorter le sujet humain à s’affranchir définitivement des nationalismes et collectivismes de toute espèce, et à reprendre l’épopée simple et aléatoire de sa vie sur Terre, en étroite filiation avec les siens, les éléments et les étoiles dans l’Univers ».

dimanche 7 novembre 2021

POÈTE À DÉCOUVRIR. JOHN CLARE, 1793-1864.

CASPAR DAVID FRIEDRICH, L'ARBRE SOLITAIRE, 1822, BERLIN ALTE MUSEUM.

 Un post Facebook du poète Jean-Pierre Vidal me fait aujourd’hui ressouvenir d’un poète anglais, contemporain de Keats et de Shelley, dont l’œuvre restée chez nous infiniment moins célébrée que celle de ses 2 prestigieux compatriotes, ne mérite pas de rester ignorée. Il est vrai qu’être enterré jeune à Rome après une fin tragique fait plus pour une réputation que mourir lentement dans un asile surtout quand on ne se trouve être au final qu’une sorte d’autodidacte égaré n’ayant comme singularité que d’écrire des vers pas toujours clairement ponctués et de hanter les bois et les campagnes. John Clare puisque c’est de lui qu’il s’agit, vécut presque totalement en marge de la bonne société et la majorité de ses poèmes ne fut publié qu’à titre posthume avant de devenir une référence pour nombre de poètes modernes dont l’un des fondateurs de l’école de New-York, John Ashbery.

jeudi 21 octobre 2021

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. TIROIR CENTRAL DE SOPHIE COIFFIER AUX ÉDITIONS DE L’ATTENTE.

Tiroir central de Sophie Coiffier est de ces livres comme on aime : où la pensée – qui existe – ne se laisse pas – trop – intimider par cette volonté bien française de tout contrôler, de privilégier les contenus aux espaces, les mots à la parole. Bref, de vouloir à toute force se rassurer en affrontant la trouble et broussailleuse indécence des choses en produisant un objet littéraire calqué sur les attentes jardinières des publics prétendus cultivés.

 10 courts textes de quelques pages augmentées de photos au polaroïd, pourraient venir ici consigner la vie de l’auteur en lui proposant leurs cases bien distinctes d’où ressortirait pour elle l’illusion qui pourrait être bienvenue, d’un ordre, d’une maitrise la mettant davantage en conformité avec ce monde enclin à tout cataloguer, tout définir, tout catégoriser mais où nous finissons par n’être plus personne.

 

dimanche 11 avril 2021

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS : L’INTERVALLE, LE BLOG DE FABIEN RIBERY !

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Un régal. Une merveille. Des articles de qualité par quelqu’un qui sait de quoi il parle et comment en parler. Une très belle présentation avec un soin particulier accordé à l’illustration. Il n’y a pas que de la poésie, même si. Pas que de la littérature, même si. On trouve aussi des choses très intéressantes sur l’art en général, la philosophie… Ce beau lieu existe je crois depuis avril 2016. Et dire que je ne le découvre qu’aujourd’hui.