Les kylix sont des coupes à boire. Larges et peu profondes on en trouve à partir du VIIème siècle avant J.C., peintes uniquement au début sur leur paroi extérieure. Vers le Vème on voit apparaître les fameuses coupes à yeux dont existe à Boulogne-sur-Mer un intéressant exemplaire sur lequel, il y a quelques années, les éditions Invenit, pour un bel ouvrage savant portant sur l’importante collection Panckoucke, m’ont demandé ce qu’on pourrait appeler une variation littéraire que je me suis réjoui de composer. Les époques suivantes ont vu les artistes commencer à orner l’intérieur de ces coupes dont les formes auront dans les grandes lignes relativement peu évoluées. J’aimerais partager aujourd’hui une curiosité photographiée par moi au Altes Museum de Berlin, un kylix à figure intérieure rouge représentant non une danseuse comme cela est assez fréquent, ou la figure pourquoi pas de Dionysos, mais une hétaïre nue urinant dans un vase, son visage encadré de pièces d’habillement que je laisse aux experts le soin de nommer avec toute l’application dont ils savent faire preuve. J’imagine qu’il sera bien aisé aux fertiles esprits qui liront cette notule et ne s’arrêteront pas au facile parallèle avec les petites tasses de saké qu’offrent à leurs clients les restaurateurs chinois, de gloser sur les symboliques diverses de cette représentation au lieu bien particulier où l’artiste l’aura placée. J’y vois personnellement, sans me priver du reste bien sûr, quelque chose d’assez ressemblant mais sur le plan conceptuel à cette fameuse image d’autrefois qu’on trouvait sur les boites de Vache qui rit. La notion d’infini étant dans mon kylix entraînée, me semble-t-il, par cette circulation, je ne sais comment dire, qu’établit l’objet ainsi peint entre le vide et le plein.
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