mercredi 6 juillet 2022

CAHIER D’ACCOMPAGNEMENT PRIX DES DECOUVREURS 2022-23. SUR L’ÉCHELLE DANSER DE CLAUDE FAVRE CHEZ SÉRIE DISCRÈTE

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C’est avec l’ouvrage de Claude Favre, Sur l’échelle danser parue chez Série discrète (Bordeaux) que nous achevons la publication de nos 7 Cahiers d’accompagnement qui devraient permettre à l’ensemble des établissements scolaires qui s’y intéresseront de participer activement et surtout de façon fructueuse à l’édition 2022-23 du Prix des Découvreurs.

Plus d’une centaine d’heures de travail sans compter bien sûr en amont notre propre découverte des textes, ont encore été nécessaires cette année à la réalisation de ces Cahiers qui je le pense fournissent aux jeunes – mais pas que – une occasion unique de découvrir vraiment de larges pans de notre poésie contemporaine et de découvrir également à partir d’elle bien des choses du monde dans lequel nous vivons. J’entends trop souvent dire que la poésie d’aujourd’hui est trop peu accessible. Que les livres sont chers. Qu’on ne les trouve nulle part. Et qu’ils sont pour certains illisibles. Tout cela peut-être est vrai. En tout cas pas entièrement faux. Mais comme j’aimerais que ceux que j’entends régulièrement déplorer cet état de choses jettent une fois au moins l’œil sur le travail que nous accomplissons depuis tant d’années et s’en fassent les promoteurs actifs auprès de leurs réseaux plutôt que de continuer à l’ignorer et à publiquement se lamenter.

Car c’est vrai, trop limités encore sont les relais qui, tant dans le cadre de l’institution scolaire que dans celui des milieux poétiques, s’intéressent à notre travail et font un peu l’effort de le faire connaître. Dommage. Dommage pour tous. Que la plupart préfèrent les grandes opérations de communication bavardes et bariolées aux entreprises de fond. Sérieuses et appliquées.

Ceci est un appel.

Mais sans grande illusion.

Il consonne je crois d’ailleurs parfaitement avec le livre de Claude Favre, un livre de courage et d’énergie dans lequel la conscience large des misères de notre injuste condition n’empêche pas le cœur de célébrer la vie, de se hisser à sa hauteur. Je laisse le lecteur curieux faire dans ce Cahier ses propres découvertes. Accueillir aussi cette écriture à la fois claire et dérangeante. Tissée en partie de voix autres. Incorporées. Précieuses. Comme un jardin dans une pierre.

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dimanche 3 juillet 2022

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. CONTREBANDE DE LAURENT ALBARRACIN AU CORRIDOR BLEU.

Contrebande de Laurent Albarracin est un recueil de sonnets coupé en son milieu d’une succession de quelques proses qu’on dira poétiques. Dans la ligne héritée de Ponge ces textes se détournent du lyrisme personnel, de l’expression directe des sentiments, pour prendre le parti des choses, considérées non dans leur particularité mais dans leur généralité. C’est à-dire leur idéalité de chose. Qui en fait n’existe pas. La mare, pas plus que la tondeuse Honda, les nuages ou la tasse de café, n’ont d’existence réelle. Ce sont ce qu’on appelle des concepts, des outils efficaces de pensée permettant l’échange et la communication, le déploiement de toute l’intelligence réflexive nécessaire pour se figurer et pour interroger le monde. Ce qui existe en fait déborde toujours et largement son nom. Existe en dehors du nom. Une mare dans sa réalité est toujours singulière. Est par exemple cette singulière étendue d’eau venue, après des jours de fortes pluies dans ma forêt d’Ecault, contrarier ma promenade en occupant tout le creux d’un chemin. De cette réalité en soi inconnaissable comme nous l’a bien appris Kant, je ne pourrai jamais construire qu’une représentation subjective dont les mots que j’utilise peineront toujours à signifier la débordante matérialité, mais suffisent en général à en donner l’idée.

vendredi 1 juillet 2022

CAHIER D’ACCOMPAGNEMENT PRIX DES DECOUVREURS 2022-23. CONTREBANDE DE LAURENT ALBARRACIN AU CORRIDOR BLEU.

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La série se complète. C’est aujourd’hui le sixième – sur sept – de nos Cahiers d’accompagnement pour l’édition 2022-23 du Prix des Découvreurs. Bientôt donc pour nous le moment de prendre quelques vacances en attendant cette rentrée où nous espérons bien que nombreux seront les professeurs qui convaincus de l’intérêt que présente pour leurs élèves l’ensemble des matériaux que nous leur fournissons et des activités que nous leur proposons, décideront de se lancer à nouveau ou pour la première fois dans notre belle entreprise.

Laurent Albarracin propose avec Contrebande des sonnets très contemporains dans un esprit hérité de Ponge mais qu’il fait aussi dialoguer avec de célèbres exemples tels le Sonnet des voyelles de Rimbaud ou le Spleen de Baudelaire. Nous accompagnons ici notre choix d’extraits, de références à l’œuvre passablement excitante de Magritte mais aussi d’un artiste moins connu sans doute, Jacques Carelman, dont l’inventive drôlerie ne devrait pas laisser nos jeunes indifférents. Un petit passage par l’art conceptuel et les fameuses chaises de l’artiste américain Joseph Kosuth complète cet accompagnement qui vise en particulier à renforcer la conscience que l’on devrait toujours conserver de la différence qui existe entre la chose, sa représentation imagée et son signifiant dans la langue.

Alors que pour beaucoup encore, la poésie se confond avec l’expression personnelle des sentiments et le lyrisme, que s’est imposée l’idée que le sonnet est aujourd’hui une forme obsolète totalement ringardisée, on appréciera la façon dont le livre d’Albarracin remet en question ces grossières préventions tout en nous confortant dans l’idée que le poète est bien toujours, comme le veut l’étymologie, un créateur, un inventeur, un manipulateur – au sens non péjoratif du terme - à travers le travail duquel l’intelligence que nous nous formons du monde ne peut que s’affermir, s’augmenter, s’aiguiser. Et pas nécessairement dans le chagrin, la douleur. Dans la jubilation.

Feuilleter le Cahier avec CALAMEO.
 

lundi 20 juin 2022

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. LES CHANTS DE KIEPJA DE FRANCK DOYEN AUX ÉDITIONS FAÏ FIOC.



 

Nous sommes tous des ruisseaux d’une seule eau
Raul Zurita, poète chilien.



« Hutte, os, pluie, peau », tels sont, dans le désordre, les mots qui, dans la langue kawesqar, nous accueillent dans les marges du livre de Franck Doyen, que nous proposons ici de découvrir. Et que ces mots naviguent, minuscules et fragiles canots, autour de cette succession abrupte de blocs que forment en regard les textes de l’auteur n’est pas sans importance. Sans signification.

CAHIER D’ACCOMPAGNEMENT PRIX DES DECOUVREURS 2022-23. FRANCK DOYEN, LES CHANTS DE KIEPJA CHEZ FAÏ FIOC.

Un langage plus vaste que la solidarité biologique va s’ouvrir à nous à nouveau

 

Jérôme Rothenberg, Journal seneca, Corti, 2015

Diversité. Diversité des écritures mais aussi diversité des mondes comme des thématiques, explorés par ces écritures, telle est la règle que nous nous appliquons depuis toujours à respecter. Comme le confirme bien aujourd’hui la publication de notre quatrième Cahier d’accompagnement pour l’édition 2022-2023 du Prix des Découvreurs. Consacré au livre de Franck Doyen, Les chants de Kiepja, paru aux éditions Faï fioc, ce nouveau Cahier nous entraîne vers les territoires extrêmes de la Terre de Feu, cet archipel balayé par les vents, soumis à d’incessantes pluies, à la rencontre des peuples Kawesqar et Selk’nam, ce dernier passant aux yeux de certains ethnologues comme le créateur d’une forme de théâtre rituel le plus ancien du monde.

mardi 14 juin 2022

CAHIER D'ACCOMPAGNEMENT POUR MA MÈRE N'A PAS EU D'ENFANT DE GENEVIÈVE PEIGNÉ.

Et de Trois ! Je mets donc en ligne aujourd’hui le troisième des Cahiers d’accompagnement de la sélection 2022-23 du Prix des Découvreurs. Plaisir pour moi de me replonger dans l’ouvrage de Geneviève Peigné, Ma mère n’a pas eu d’enfant, dont j’ai pu dire tout le bien que j’en pensais lors de sa parution aux belles éditions des Lisières.

Comme les deux précédents ce Cahier de 22 pages au format A4 permettra aux jeunes qui ne pourront pas tous acheter, bien entendu, l’ouvrage de G. Peigné, de s’en faire à travers d’assez larges extraits, une idée qui je l’espère leur donnera envie d’en lire davantage grâce en particulier aux commandes effectuées dans leur établissement par l’intermédiaire de leur professeur de lettres ou de leur professeur documentaliste.

vendredi 10 juin 2022

SUR UNE COUPE À BOIRE DE BERLIN.

Les kylix sont des coupes à boire. Larges et peu profondes on en trouve à partir du VIIème siècle avant J.C., peintes uniquement au début sur leur paroi extérieure. Vers le Vème on voit apparaître les fameuses coupes à yeux dont existe à Boulogne-sur-Mer un intéressant exemplaire sur lequel, il y a quelques années, les éditions Invenit, pour un bel ouvrage savant portant sur l’importante collection Panckoucke, m’ont demandé ce qu’on pourrait appeler une variation littéraire que je me suis réjoui de composer. Les époques suivantes ont vu les artistes commencer à orner l’intérieur de ces coupes dont les formes auront dans les grandes lignes relativement peu évoluées. J’aimerais partager aujourd’hui une curiosité photographiée par moi au Altes Museum de Berlin, un kylix à figure intérieure rouge représentant non une danseuse comme cela est assez fréquent, ou la figure pourquoi pas de Dionysos, mais une hétaïre nue urinant dans un vase, son visage encadré de pièces d’habillement que je laisse aux experts le soin de nommer avec toute l’application dont ils savent faire preuve. J’imagine qu’il sera bien aisé aux fertiles esprits qui liront cette notule et ne s’arrêteront pas au facile parallèle avec les petites tasses de saké qu’offrent à leurs clients les restaurateurs chinois, de gloser sur les symboliques diverses de cette représentation au lieu bien particulier où l’artiste l’aura placée. J’y vois personnellement, sans me priver du reste bien sûr, quelque chose d’assez ressemblant mais sur le plan conceptuel à cette fameuse image d’autrefois qu’on trouvait sur les boites de Vache qui rit. La notion d’infini étant dans mon kylix entraînée, me semble-t-il, par cette circulation, je ne sais comment dire, qu’établit l’objet ainsi peint entre le vide et le plein.