Passer d’un signe de feu à un signe d’air, de l’énergie libérée et sans doute un peu folle du désir à une sorte de plus cérébrale compréhension de ce qui fait sa relation profonde à ce qui de partout la déborde ainsi pourrait, dans un premier temps peut-être, se définir le projet du dernier livre de l’artiste-poète bruxelloise Elke de Rijcke que viennent de publier les éditions LansKine.
Tournant autour des drames compliqués de la relation amoureuse, des effets aussi de l’âge sur le corps, des incessantes métamorphoses dont se pare l’existence, des pertes irréversibles encore qui la scandent, nourrie d’une attention précise incessamment renouvelée aux innombrables et mouvants objets des sens et de l’art comme de toute une littérature scientifique dont le vocabulaire d’ordinaire jugé incompatible avec celui de la poésie est en revanche assez souvent convoqué par les artistes contemporains et leurs ingénieux curateurs, le livre d’Elke de Rijcke est un livre ambitieux qui ne se propose rien de moins encore que de renouveler sa « captation du réel » dans un effort qui va de l’organique à la pensée et réciproquement, comme de la sensation à la représentation se repliant systématiquement sur elles-mêmes.