Aujourd’hui – ça faisait trop longtemps – bon soleil, vent tombé, odeurs de terre, le parfum d’un lilas… C’est un matin de promenade. À divaguer avec le chien… Non. Je ne partage pas l’avis de ceux qui pensent que les espaces numériques librement ouverts à notre curiosité ne sont pas faits pour y partager des formes quelque peu exigeantes de poésie. Tout medium, on le sait, présente ses avantages qui se font toujours au détriment de quelque chose. Si l’avantage du numérique est son apparente gratuité, sa facilité et sa rapidité d’accès, sa capacité à affranchir les auteurs des conditions matérielles, économiques, commerciales et relationnelles auxquelles oblige l’édition traditionnelle[1], on ne doit pas sous-estimer que la démarche consistant à parcourir des yeux un texte proposé sur un fil d’actualité Facebook ne peut être la même que celle conduisant l’acheteur d’un livre à lire ce même texte l’esprit déjà bien disposé, chez lui, voire à la terrasse d’un café. Toutefois quand on sait combien peu nombreux sont ceux qui achètent vos livres, combien sont encore infiniment moins nombreux ceux qui vous font part de leur réaction, la tentation du numérique n’est pas sans séduction.
Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
samedi 11 mai 2024
mardi 9 janvier 2024
QUELS VŒUX POUR 2024 ET POUR LA POÉSIE ?
Travaillant hier à présenter l’intéressant ouvrage de Typhaine Garnier et plus particulièrement l’image décapante qu’elle y donne, dans un certain nombre de passages, du Poète institutionnel et de la cour ridicule dont il est l’objet de la part de ces « têtes molles » qui affectent de le sacraliser, je suis retombé sur cette Physiologie du Poëte, illustrée par Daumier, que, sous le pseudonyme de Sylvius, on doit en fait à un certain Edmond Texier, poète défroqué devenu journaliste, qui tourne en dérision avec, ma foi, un certain talent les principaux poètes de son temps. [1]
J’avais eu recours à cette publication pour me moquer - hélas, j’ai ce tempérament - de certains de ces poétereaux qui multipliant les récriminations contre le peu d’espace accordé à LA POÉSIE, restent aveugles à l’écart astronomique qui existe entre la pauvreté de leurs propositions et l’ambition démesurée qui les porte. Dans la préface de son premier et quand même assez piètre recueil, intitulé En Avant ! Edmond Texier déclarait ainsi : « Fasse le ciel que notre livre tombe au milieu du monde, comme la pierre tombe dans le fleuve en excitant à la surface des cycles immenses et prolongés». Or, en matière de retentissement, chacun sait bien que l’ouvrage de poésie laisse plus souvent infiniment insensible la surface des eaux qu’il n’y produit ces cercles immenses et prolongés rêvés par notre aspirant poète. Et cela, en dehors bien sûr de l’outrance visible du propos, continue aujourd’hui, bien sûr, à faire bigrement question.
vendredi 27 août 2021
VIE DU POÈME. PIERRE VINCLAIR. PIETRO LORENZETTI !
Je m’apprêtais à écrire quelque chose sur un reste frappant de fresque ayant échappé à ma vigilance au cours d’une récente visite de la basilique San Francesco de Sienne, rendue difficile par la chaleur écrasante du moment. C’est une sortie de tombeau représentant l’un de ces moments majeurs du grand récit christique, qui pour une fois ne cherche pas à insister sur la dimension miraculeuse, « surréelle », de l’évènement mais nous montre un Jésus comme sortant tranquillement de l’intérieur d’un palais, ramenant simplement de la main les plis d’un vêtement lui donnant un faux air de patricien romain et n’ayant plus de divin, de visiblement sacré, que l’auréole entourant un visage représenté de face que ne singularise qu’un regard atteint d’une énigmatique pointe de loucherie. Due à Pietro Lorenzetti encore, cette représentation du Christ ressuscité datant des années 1330 et qui est tout ce qui reste d’une fresque plus monumentale où se voyaient sûrement l’étendard de la résurrection dont le personnage tient encore solidement la hampe de sa main droite et le groupe de soldats romains dormants, habituellement représentés dans ce type de scène, tranche avec celles de son époque et celles aussi qui se multiplieront après. Qu’on pense par exemple à cette image qu’en donna l’Angelico dans l’une des cellules de San Marco où le Christ flotte au-dessus du tombeau vide sur lequel le groupe des quatre Marie, venues avec l’aloès et la myrrhe, se penchent incrédules. Celle plus fantastique encore de Grünewald à Issenheim, jaillissant cosmique, dans une sidérante explosion de lignes et de couleurs.
dimanche 14 mars 2021
AVEC LES DÉCOUVREURS, LIRE EN TOUTE GRATUITÉ L’ÉDITION NUMÉRIQUE DE COMPRIS DANS LE PAYSAGE.
CLIQUER POUR LIRE |
Trois ans depuis qu’avec les éditions LD j’ai pu redonner le texte de Compris dans le paysage, publié pour la première fois en 2010 chez Potentille. Depuis j’ai eu l’occasion d’en parler régulièrement dans les classes qui m’avaient spécialement invité pour évoquer à partir de ce texte comment la poésie en tant que parole profondément intime pouvait – si elle le pouvait – aborder la question de l’horreur dans laquelle historiquement baignent les sociétés. Je remercie chaleureusement les professeurs qui m’auront donné cette occasion rare de faire entendre dans toute sa richesse et sa complexité un travail qui en dépit de sa brièveté m’aura beaucoup appris sur la nature et les pouvoirs de la parole poétique et largement contribué à construire la représentation théorique que désormais je m’en fais et cherche à travers mon travail critique à partager. Peu d’exemplaires en sont maintenant disponibles. Et le succès que je découvre des tous nouveaux Cahiers numériques de Poésie en Partages que j’ai récemment lancés me prouve que l’on aurait bien tort de systématiquement vouloir éditer sur papier, ce qui oblige à les vendre, des productions qu’on peut mettre si facilement à disposition de tous en employant les outils que nous offre le net. C’est pourquoi j’ai décidé de partager dorénavant, en toute gratuité, Compris dans le paysage avec tous ceux qui voudront bien s’y intéresser.
mardi 9 mars 2021
TENIR AU MONDE. SUR UN BON LIVRE DE SÉBASTIEN MÉNARD PARU CHEZ PUBLIE.NET.
Certes, je n’ai pas lu les autres recueils de Sébastien Ménard, qui montrent, je crois, une personnalité portée vers la rencontre, séduite par les marges et les empathiques couleurs des routes, du risque et du voyage, mais je ne crois pas que ce livre qui se déploie dans le cadre plus resserré d’une existence tournant autour d’une terre, d’un jardin, d’une petite famille aussi dont on devine qu’elle peine parfois à joindre les deux bouts, soit d’un caractère si différent. Le principe étant de s’y montrer ouvert au monde, à l’importance de chaque instant vécu qui nous traverse, en l’amenant le plus possible à l’expression.
mardi 2 février 2021
QUE LA POÉSIE NOUS EMPORTE ! SUR VIVONNE LE TOUT DERNIER ROMAN DE JÉRÔME LEROY.
Vivonne est le nom d’un poète dont les textes ont la particularité de « transporter » non seulement en imagination, mais physiquement, dans un monde qui au sens propre les accueille, les lecteurs qui n’attendent plus rien de leur vie soit qu’ils sont arrivés à son terme, soit que les conditions qui leur sont faîtes la leur rendent impossible. Et bien entendu, plus le monde devient insupportable, et c’est le cas pour celui qu’imagine ici l’auteur, dévasté par les ouragans, les typhons, où la température des nuits d’hiver dépasse les 40 degrés, où notre beau pays de France et ses campagnes bucoliques sont devenus des lieux d’affrontement sanglants entre sectes politico-religieuses rivales[i] que le pouvoir central parvenu entre les mains de l’extrême-droite, les Dingues, ne parvient plus à contrôler, plus ce monde donc, que menace encore le Stroke, c’est-à-dire la panne informatique totale, devient insupportable, plus nombreux se font peu à peu ses lecteurs.
mercredi 9 septembre 2020
RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. PASTORAL DE JEAN-CLAUDE PINSON.
Paul SIGNAC, Au temps d'harmonie, Lithographie, Houston, Texas. |
Je sais gré, depuis de très longues années à Jean-Claude Pinson, d’avoir, notamment avec Habiter en poète et à une époque où cela ne semblait plus aller de soi, redonné foi en une poésie qui, sans bien sûr oublier les conditions essentielles de sa matière de langue, ne renonçait pas à se vouloir et se chercher toujours au monde, dans un souci permanent non de l’imiter, de le représenter mais de le refigurer de manière intelligente et sensible dans toute la puissance et la portée de l’élan créateur qui pousse l’homme à sortir de soi pour s’inventer une soutenable et vivante demeure. Pastoral que viennent de publier les éditions Champ Vallon, reste dans cette ligne par quoi la poésie, bien au-delà souvent des œuvres qu’elle produit, s’impose à mes yeux comme une politique profonde. Une forme particulière de santé. Á la fois physique et morale. Pour l’individu isolé comme pour la collectivité tout entière qui s’appelle l’Humanité.
En nous ramenant à ce lien essentiel que nous entretenons
avec la Nature, envisagée non comme ce pittoresque magasin d’images dont on
emprunte la marchandise pour produire des sentiments convenus, mais comme cette
puissance traversante de vie dont toute existence sur notre terre enfin procède
- Physis ou Gaïa, qu’importe – l’ouvrage de Jean-Claude Pinson fixe à la poésie
autre chose qu’une mission. Il en fait une fonction de l’être. Qui à
l’intérieur d’un langage de langues qui aujourd’hui séparent peut-être beaucoup
plus qu’ils relient, tente de refaire parole ou voix. À la vie, comme au corps, abouchée.
On ne
s’étonnera pas alors que les poètes dont nous parle Pinson ne soient pas ces
petits « Anacréon de province » qui comme l’écrit Bourdieu voient
dans « la reproduction lettrée » l’occasion d’entrer à peu de frais
dans ce champ littéraire dont ils convoitent démesurément les rentes symboliques
mais des poètes qui se font une bien plus haute représentation de leur travail
d’écriture. Car il en va nous dit Jean-Claude Pinson de bien autre chose que de
décorer d’illusoire façon les salles du théâtre mondain où nous nous
produisons. Il en va possiblement de notre survie. De ce que nous serons
capables, nous tristes dissipateurs, de sentir à nouveau, pour les mieux partager,
les libérer, de toutes ces énergies dont nous sommes tissés. Qui s’appellent la
Vie, la Nature. Dont il faut inventer « ces chants pastoraux nouveaux »
écrit-il, dont nous avons tant besoin.
Lire un extrait du livre de J.C. PINSON
lundi 24 août 2020
PIÈGES DE LA POÉSIE : POÈMES PHOTOSHOP & PARCOURS DU COMBATTANT.
JACQUES MONORY, JARDINAGE N° 17, 1988 |
Pour me faire mieux comprendre
je prendrai deux ouvrages sur lesquels je repousse depuis plusieurs semaines le
désir de dire, sincèrement, quelques mots. Et dont je sais qu’ils ont donné
naissance à bien des commentaires dont j’ai pu suivre la trace par la magie de
plus en plus efficace du net et des réseaux sociaux.
Le joli petit ouvrage d’Estelle
Fenzy, d’abord, Le chant de la femme source, amicalement adressé par son
éditeur Michel Fiévet, me confirme dans ce que je pense de la poésie de cet
auteur, représentative d’une foule de courtes productions qui ne cessent de
s’enfermer dans le vocabulaire étroit de la belle nature pour y épancher de
façon aimable une sentimentalité respectable certes mais n’ouvrant sur rien de
nouveau, de singulier. Le mérite d’Estelle Fenzy est ici celui d’une excellente
fabricante qui donne au lecteur peu au fait des avancées de l’écriture poétique
de ces dernières décennies, ce qu’il continue d’attendre : des évocations
idéalisées, séduisantes, harmonieuses, d’états d’âme attendus lui permettant de
se projeter dans un univers factice de concetti qui ne sont pas sans talent, je
veux bien, mais dans lesquels le signe l’emporte toujours sur le sens, la
manière en fait sur l’idée [1].
Ainsi par exemple ce
poème :
Par longue
pluie
la rivière
se cabrait se
cambrait
lavait ses
rubans
gommait ses
berges
cousait des
draps neufs
dans les
roseaux
Se
déprendrait-elle de nous
Il manquait
une hirondelle
pour écrire
notre histoire
Le gros livre de Pierre
Vinclair, La Sauvagerie, qu’il a pris soin de m’adresser bien avant sa
sortie publique est de tout autre facture, ayant retenu bien davantage mon intérêt,
attentif que je suis au travail en profondeur de son auteur qui mène
dans le champ poétique actuel un triple voire quadruple travail d’auteur, de
critique, de traducteur, que sais-je encore, de responsable de revue et de
maison d’édition… L’ambition particulière de ce qu’il nous présente aujourd’hui
comme « une épopée totale concernant l’enjeu le plus brûlant de notre
époque, la crise écologique, la destruction massive des écosystèmes »,
reposant sur rien moins que cinq centaines de dizains dont cinquante commandés
à autant de poètes contemporains francophones et anglophones, mériterait de ma
part une étude infiniment plus fouillée que celle que je m’apprête à donner
ici. Qu’on se rassure, la prise que Pierre Vinclair a fini par s’assurer sur le
champ poétique actuel fait que son livre n’est pas à court d’échos et de
commentaires auxquels on se reportera pour en savoir davantage. Mon propos
n’est ici que d’expliquer les raisons qui m’ont retenu d’en faire plus vite
état alors même que je pense bien m’être, un des premiers et la plume à la
main, penché sur la totalité des poèmes dont ce livre est composé. Pierre
Vinclair se réclamant ouvertement de la Délie de Maurice Scève (1544) on
m’autorisera de partir d’un passage du Courtisan (1528) de B.
Castiglione que m’a tout récemment rappelé une intéressante étude menée sur
l’art du portrait dans la première moitié du XVIème siècle, pour faire
comprendre ici, de rapide façon peut-être, ma pensée : «Pour avoir souvent réfléchi à l’origine de cette gracia, en
laissant de côté ceux qui l’ont obtenu du ciel, j’ai conçu – écrit le
diplomate italien - une règle universelle [...] qui consiste à fuir autant
que possible l’affectation comme un écueil aussi acéré que dangereux ; et, pour
employer peut-être un terme nouveau, user d’une certaine sprezzatura,
qui dissimule l’art et laisse entendre que tout ce que l’on fait ou dit est
venu sans effort, presque sans y penser. C’est de là, je
crois, que provient la gracia.
Chacun sait bien que les choses rares et bien faites sont difficiles, de sorte
que la facilité en elles engendre l’émerveillement. Et au contraire, faire des
efforts et, comme on dit, tirer par les cheveux, créé beaucoup de disgracia
et fait accorder peu de mérite à une chose aussi grande soit-elle ». Oui, si
le Chant de la femme source en fait trop dans la « grazia »,
si bien que par rapport à la réalité crue il fait l’effet pour moi d’une
photo complètement retouchée sur Photoshop, La Sauvagerie assurément
n’en fait pas tout-à-fait assez, sollicitant sans répit l’attention critique de
son lecteur, mobilisant quantité de savoirs linguistiques et culturels qui peu
à peu l’écrasent. Surtout, à vouloir systématiquement s’enfermer sans renoncer
pour cela à la liberté de sa phrase, dans le cadre d’une forme fixe à vers
comptés, décasyllabes et alexandrins, cette poésie conduit à des contorsions
dont aucune sans doute ne manque d’intérêt mais dont la multiplication fatigue.
On me dira bien sûr que la sauvagerie n’a que faire de plaire et de séduire
autrement que par son caractère âpre, farouche, hérissé. Et que l’objectif que
son auteur fixe à la poésie l’écarte résolument de toute ambition de simplement
plaire et servir d’aliment à ce désir mondain de distinction par la culture
auquel se réduit trop souvent notre goût affiché des arts et de la poésie.
Certes, mais n’y-a-t-il pas quelque contradiction dans le fait d’enrôler la
poésie au service d’un « combat » jugé à juste titre
essentiel, d’envisager à partir d’elle la possibilité « d’un avenir
commun – sur la Terre qui nous doit être, comme la Délie pour Scève, l’objet de
plus haute vertu » et du même mouvement, distraire de cette armée de
lecteurs de bonne volonté qu’il faudrait pour cela sensibiliser, le plus grand
nombre, rebuté par l’excès d’intellectualisme, la multiplication des événements de prosodie et de langue qui sacrifie malheureusement souvent la fin au profit
des moyens.
Je sais que pour Pierre Vinclair dont j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le
livre qui double chez Corti la parution de la Sauvagerie [2] que
la lecture relève d’un « corps à corps avec le texte, où la noyade
(dans la matière verbale) est toujours possible et dont il faudra sortir
vainqueur si l’on veut continuer son expérience », mais si j’admets
aisément que toute lecture authentique relève d’un travail étroit et parfois
difficile de co-construction du sens, je n’aime pas trop l’idée de cette
épreuve de force qui sous-tend l’image de l’auteur. Et fait de la lecture
l’équivalent d’une course d’obstacles. Tous les lecteurs ne sont pas des
champions. Ne sont pas des héros. Et tous ne tiennent pas non plus à tester
dans les livres l’endurance et la fermeté de leurs muscles mentaux.
Reste qu’à la différence des œuvres comme celle d’Estelle Fenzy, les
ouvrages du type de celui de Pierre Vinclair méritent largement qu’on s’y
intéresse. Ne serait-ce que par la solidité et l’ampleur des éléments de
réalité concrète qui lui servent de matériaux et contribuent à nous permettre
d’élaborer, sans illusion, une pensée à la fois large et profonde des
problématiques les plus vraiment inquiétantes du temps. Dans une conscience
aiguisée de la fragilité de notre séjour, à nous humains, sur cette terre, que
des siècles et des siècles de civilisation ne nous ont pas appris – ce serait
plutôt l’inverse – à voir pour ce qu’elle est : non pas un monde pour
l’homme avec de la nature dedans, mais un monde de vies multiples, pour la
plupart bien plus anciennes et peut-être intelligentes que les nôtres, que nous
sommes venus impudemment saccager.
[1] Je sais
bien sûr qu’on ne fait pas de la poésie avec des idées mais avec des mots.
Encore faut-il à ce sujet bien s’entendre. Cette boutade de Mallarmé à son ami
Degas ne signifie pas que la poésie n’a rien à voir avec les idées, ce qui
serait absurde. Simplement, pour le dire vite, que le poème à la différence de
ce qui se passe dans l’utilisation courante du langage laisse l’initiative aux
mots, créateurs d’idées si possible nouvelles au lieu de ne voir en eux que les
matériaux d’une simple traduction de la pensée.
[2] Agir
non agir, éléments pour une poésie de la résistance écologique,
éditions Corti, 2020.