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Photo Jean-Louis Fernandez |
Les quelque trois heures-vingt de représentation que dure l’adaptation théatrale qu’en fait Sylvain Creuzevault au théâtre de l’Odéon ne peuvent naturellement donner qu’une idée de l’immense travail d’histoire et de réflexion mené par Peter Weiss tout au long du bon millier de pages que comporte son Esthétique de la résistance qui, sur une dizaine d’années – en gros entre 1935 et 1945 – suit sur divers fronts la résistance allemande au nazisme tout en s’interrogeant sur les conditions susceptibles de donner à l’art un potentiel réellement révolutionnaire et de le rendre capable de renverser les processus de domination politique et économique permettant depuis toujours l’exploitation des plus faibles.
En revanche la claire intelligence que ce spectacle vivant, prenant, très varié dans ses formes et remuant chez le spectateur toutes sortes d’émotion, donne de l’œuvre de Weiss ne peut être aujourd’hui que profondément salutaire permettant à tous ceux que rebuterait la lecture d’une œuvre pour eux trop abondante en discours et fouillant de trop près le réel, de profiter quand même un peu de certaines de ses idées fortes. Dont la nécessité de l’engagement, qu’il mène ou non au succès, à la réalisation effective de ses idéaux, n’est pas ici la moins importante.