vendredi 7 mars 2025

REFUSER DE SE LAISSER ÉCRASER : VOIR L’ESTHÉTIQUE DE LA RÉSISTANCE MISE EN SCÈNE PAR CREUZEVAULT AU THÉÂTRE DE L’ODÉON.

Photo Jean-Louis Fernandez

 

Les quelque trois heures-vingt de représentation que dure l’adaptation théatrale qu’en fait Sylvain Creuzevault au théâtre de l’Odéon ne peuvent naturellement donner qu’une idée de l’immense travail d’histoire et de réflexion mené par Peter Weiss tout au long du bon millier de pages que comporte son Esthétique de la résistance qui, sur une dizaine d’années – en gros entre 1935 et 1945 – suit sur divers fronts la résistance allemande au nazisme tout en s’interrogeant sur les conditions susceptibles de donner à l’art un potentiel réellement révolutionnaire et de le rendre capable de renverser les processus de domination politique et économique permettant depuis toujours l’exploitation des plus faibles.

En revanche la claire intelligence que ce spectacle vivant, prenant, très varié dans ses formes et remuant chez le spectateur toutes sortes d’émotion, donne de l’œuvre de Weiss ne peut être aujourd’hui que profondément salutaire permettant à tous ceux que rebuterait la lecture d’une œuvre pour eux trop abondante en discours et fouillant de trop près le réel, de profiter quand même un peu de certaines de ses idées fortes. Dont la nécessité de l’engagement, qu’il mène ou non au succès, à la réalisation effective de ses idéaux, n’est pas ici la moins importante.

jeudi 6 mars 2025

REMERCIEMENTS DÉCOUVREURS POUR LA LIGNE D’OMBRE DE MARIE ALLOY CHEZ AL MANAR.

 

J’ai disposé ces dernières semaines de trop peu de temps pour lire avec l’attention qu’ils méritent certains des livres que j’ai reçus. Et j’en ressens comme toujours une certaine culpabilité. Que n’affaiblit pas la réflexion. Ainsi de l’ouvrage de Marie Alloy La ligne d’ombre que l’amicale lettre qui l’accompagne présente comme un recueil de poèmes écrits au réveil pour y évoquer le « modeste » vécu d’une femme par ailleurs quand même peintre, graveuse et éditrice, d’une personne par conséquent qui aura depuis longtemps placé son existence sous le signe d’un rapport esthétique, artistique, ce qui pour moi signifie exigeant, avec ce qui fait pour nous la vie.

Je prends quand même ici le temps d’écrire que les poèmes de Marie Alloy sont à l’image des peintures qui les accompagnent. Ils tracent des lignes, déploient des couleurs qui sont avant tout des mouvements. Des mouvements intérieurs qui s’inquiètent moins de définir, d’atteindre ou de cerner, que de faire signes vers. De résonner avec. D’entrer en vibration.