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C’est en tentant de mettre un peu d’ordre dans les innombrables photos qu’au cours de ces dernières décennies j’ai ramenées des lieux qu’il m’a été donné de découvrir, des expositions que j’ai décidé d’aller voir, des musées que j’ai fréquentés, que je suis retombé sur quelques images oubliées que j’avais prises de la Galerie dite de Psyché à Chantilly, séjour que j’ai d’abord aimé pour ses jardins avant d’être conquis par le bel espace muséal qu’également il abrite.
Y regardant alors de plus près, entraîné que je me suis trouvé aussi par la vagabonde curiosité qui me caractérise, je me suis pris à rassembler divers matériaux que j’ai éprouvé l’envie de partager. D’où ce livret d’une vingtaine de pages que les curieux auxquels je m’adresse auront j’espère plaisir à feuilleter.
La Galerie de Psyché, à l’intérieur du Musée Condé de Chantilly fournit à partir d’une suite exceptionnelle de vitraux réalisés vers le milieu du XVIème siècle, l’occasion de parcourir dans le détail la suite souvent mal connue des aventures de Psyché et de Cupidon qui trop souvent se résume pour nous au malheureux épisode de la goutte d’huile brûlante tombant sur l’épaule de ce dernier et mettant, provisoirement, la fin à leurs amours. Prendre le temps d’admirer ce beau travail où l’art et la technique rejoignent merveilleusement la puissance d’invention de la littérature, permet de découvrir ou de redécouvrir, bien des choses.
Ainsi, cela aura été pour moi l’occasion de lire enfin ce texte par trop méconnu que le grand La Fontaine a consacré un bon siècle plus tard à cette héroïne pour la première fois apparue dans l’ouvrage d’Apulée, L’Ane d’or ou les Métamorphoses, et qu’il aura fallu attendre le XVème siècle italien pour commencer à voir populariser. Ce que notre École dite de Fontainebleau dont on sait par ailleurs ce qu’elle doit aux maîtres italiens n’aura pas manqué à sa suite de faire.
Les Amours de Psyché et de Cupidon, publié en 1669, sont comme l’écrit Françoise Charpentier dans son entrainante préface à l’édition GF de l’ouvrage (1990) « une sorte de rêverie voluptueuse », dans laquelle le merveilleux de la fable rejoint l’observation spirituelle, humoristique du comportement des hommes, tout en rendant fondamentalement hommage aux pouvoirs de la poésie. La forme générale en est fort originale et mériterait pour elle-même toute notre attention, La Fontaine y combinant vers et prose et surtout toutes sortes de tons et de registres allant du récit proprement dit à la confession personnelle en passant par le tableau, le dialogue philosophique et la critique littéraire. Il faudra d’ailleurs que je donne un jour des extraits de ce passionnant échange dans lequel l’auteur, entre les 2 parties de son histoire, fait s’opposer les 4 imaginaires amis, venus dans les tous nouveaux jardins de Versailles tranquillement partager son récit, sur la question de la supériorité du rire ou des larmes en matière de poésie.
Je conclurai en rappelant l’importance qu’a toujours eu dans l’histoire tant des arts que de la littérature l’imitation des œuvres du passé. Qui assure sur le long terme aussi bien le partage que le renouvellement, d’une expérience, d’une culture. La Fontaine, toujours lui, clairement le rappelle : on ne perd pas sa liberté en s’inspirant d’autrui. En se choisissant des maîtres. Lisez son Épître à Huet :
Souvent à marcher seul j'ose me hasarder.
On me verra toujours pratiquer cet usage ;
Mon imitation n'est point un esclavage :
Je ne prends que l'idée, et les tours, et les lois,
Que nos maîtres suivaient eux-mêmes autrefois.
La Fontaine, oui, La Fontaine. Toujours assurément pour nous, un grand maître !
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