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Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
vendredi 24 mars 2017
mercredi 22 mars 2017
LAURENCE VIELLE PRIX DES DÉCOUVREURS 2017.
OUF ! Non ce n’est pas un soupir de
soulagement que je pousse aujourd’hui pour marquer la fin de l’édition
2016-2017 de ce qui fut je crois la vingtième édition du Prix des Découvreurs.
Non. Cette action que nous menons grâce au concours actif de dizaines et de
dizaines de professeurs qui n’hésitent plus à faire entrer dans leurs classes
des poètes pour une fois bien vivants afin de faire comprendre à la jeunesse
qu’ils forment que la poésie s’écrit toujours au présent, qu’elle parle de
notre humanité actuelle, du monde bien réel qui nous entoure, est certes, une
tâche prenante, qui accapare une bonne partie de mon énergie et de mon temps
mais elle n’a rien d’épuisant, d’accablant, au vu surtout de tout ce qu’elle
apporte.
Non. OUF, c’est le titre qu’auront plébiscité
plus d’un tiers des jeunes qui cette année de Calais à Bastia – salut aux
élèves du lycée Vicensini – auront eu l’occasion de découvrir comment la poésie
d’aujourd’hui a pu se renouveler, étendre ses horizons, élargir ses thématiques
et multiplier ses formes d’apparition de manière à ouvrir, pour chacun d’entre
nous, de nouvelles voies dans la parole.
Le livre de Laurence Vielle qui est donc notre toute fraîche lauréate aura sûrement plu par
ce dynamisme constant qui appliqué à un vécu que chacun peut aisément
reconnaître, communique cette envie de vivre et surtout d’affronter dont les
jeunes ont tant besoin dans le monde difficile que nous leur transmettons. Sans
rien cacher des misères de ce dernier, Laurence sait replacer nos existences dans
le cadre élargi d’un univers qui ne se limite jamais aux étroites frontières du
moi, donnant ainsi de l’air à nos destinées momentanément essoufflées. Les
amenant par l’intensité de ses rythmes à redécoller. S’inventer de nouveaux
espaces. S’approprier des ressources jusque-là inédites.
Bien entendu
nous avons une pensée pour chacun des auteurs de notre sélection qui ont bien
voulu accepter de participer et de rencontrer des classes parfois bien
éloignées de chez eux. Laurent Grisel, Christiane Veschambre, Geneviève Peigné,
tout particulièrement, se sont montrés parfaits dans ce difficile exercice d’écoute,
de partage et de communication que nous avons eu le plaisir d’accompagner. Et
c’est à juste titre que leurs livres ont aussi trouvé de nombreux défenseurs.
Grâce à leur ouverture et à leur engagement, la poésie sort renforcée dans
l’esprit de nombreux jeunes mais aussi de nombreux professeurs qui en ont
découvert la vitalité, la nécessité et pris davantage conscience que cette
forme d’écriture ne peut se réduire à n’être à l’école qu’un support d’exercice
destiné à préparer les épreuves anticipées du bac.
Autre sujet
de satisfaction en cette semaine de la Langue française et de la
francophonie : après le grand poète algérien Mohammed Dib couronné en
2001, le poète liégeois Eugène Savitzkaya en 2008, la luxembourgeoise Anise
Koltz en 2012, c’est une poète bruxelloise qui remporte cette année le prix. Un
prix que par ailleurs auront aussi remporté un poète espagnol, Juan Antonio
Gonzales Iglesias et deux poètes d’origine syrienne : Maram Al Masri et
tout dernièrement cette belle figure de la résistance aux dictatures de tous
ordres qu’est Fadwa Souleimane.
Oui, nos
jeunes et les courageux professeurs qui les encadrent n’ont que faire des
limitations. Désireux de s’affranchir de ce qui, de partout, nous étouffe, ils sont
de ceux qui méritent que nous ne plaignions pas, comme on dit, nos efforts. Et
que nous poursuivions, plus convaincus que jamais, notre folle entreprise.
OUF !
À noter que
le prix sera remis le jeudi 6 avril prochain au Carré Sam à Boulogne-sur-Mer
lors de notre Journée Découvertes dont on peut consulter le programme ici.
vendredi 10 mars 2017
MAIS CE DÉSIR JAMAIS REPU DE S’INVENTER POUR VIVRE... GÉRARD CARTIER. LES MÉTAMORPHOSES
Cliquer dans l'image pour lire des extraits |
Gérard Cartier qui conclut son recueil par une « table » replaçant chacun de ses textes
à l’intérieur d’un grand dîner aux services gourmands, appréciera sûrement que
j’entame cet hommage en révélant que ses poèmes, tout comme ceux d’un poète
comme Etienne Faure, dont je le sens personnellement proche, sont à chaque fois
pour moi l’occasion d’une lente et attentive dégustation qui presqu’à chaque
mot, chaque mouvement de pensée – mais de pensée sensible – fait que je me sens parcouru de tout un
tremblement d’ondes, qu’elles s’étendent sur toutes les surfaces de
signification qu’enferme aujourd’hui mon dictionnaire intérieur, ou viennent
émouvoir les multiples souvenirs d’une vie passée à lire, écrire et surtout habiter
et apprendre à aimer le monde.
On sait qu’une telle poésie, intelligente, cultivée, nuancée et sensible
n’est plus trop pour plaire à nos contemporains. Qui se fatiguent vite à suivre
ces manœuvres de formes naviguant entre l’intelligible clarté de l’idée
rassurante et la réalité toujours un peu fuyante du sentiment qui en constitue le
tissu profond et tout baigné d’humeurs. Qu’importe. Nous n’écrivons pas pour
les analphabètes. Qui au passage ne sont pas toujours ceux qu’on pense. Et
peuvent être parfois, plus que nous, cuirassés de diplômes.
Les
Métamorphoses de Gérard Cartier ne sont pas de ces livres que nourrit une réalité bien
précise. Qu’ils s’acharnent à épuiser. À circonscrire. C’est au contraire un
livre d’expérience par lequel l’auteur se livrant au langage, à l’aventure de
la parole, cherche en quelque sorte à illimiter
ses possibles, libérer ce qui peut toujours et encore en lui et par lui se
dire. La hantise d’être vivant. Et de
se réjouir de voir. Savoir. Approcher et toucher. Écouter et entendre. Goûter à. Tout ce qui,
bien entendu, se trouve à portée, ou pas, dans le monde.
Le titre des principales parties du livre fournit en quelque sorte le
programme de cette jouissive et dévorante entreprise : Épouser le monde (partie 1), Faire de soi sa discipline (partie 2), Cultiver ses vices (partie 3), Donner sens au chaos (partie 4), Hasarder tous les sentiments (partie 5),
Multiplier les formes (Partie
6).
Des verbes donc. Des verbes. Et des résolutions. Car il y a urgence encore
à vivre. Surtout pour « qui passe /
Sur un pied la frontière de l’âge et vacille / De son lourd vin d’aînesse ».
Et se découvre « si tardif à
célébrer le monde et courir après le temps ».
Peut-être qu’on l’aura compris sans que j’en dise maintenant davantage.
Le livre de Gérard Cartier est de ces livres éternellement jeunes que seuls
écrivent ceux qui en arrivent au point d’avoir à compter sur leurs doigts les
belles et courtes années qu’il leur reste à bien vivre.
Sans crainte d’avoir à quitter bientôt – c’est notre lot - la salle du banquet dont ils auront sur le
papier su recueillir les restes : Bénie
la table et les longs amis....
mercredi 8 mars 2017
GÉNÉROSITÉ DE L’ATTENTION. RENCONTRES AUTOUR DE LA POÉSIE AU LYCÉE ARTHUR RIMBAUD DE SIN-LE-NOBLE.
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Le groupe d'élèves de Secondes du lycée Rimbaud de Sin-le-Noble |
Oui, patente, c’est ainsi que je qualifierai l’attention avec laquelle les
jeunes gens du lycée Arthur Rimbaud de Sin-le-Noble ont accueilli
l’intervention que nous venons d’y effectuer Geneviève Peigné et moi dans le
cadre de leur participation au vingtième Prix des Découvreurs.
On sait que l’attention, la
capacité d’attention des jeunes est de plus en plus difficile à capter de façon
autre que superficielle, tant on les a habitués, conditionnés, à répondre aux
mille et une éphémères et débiles sollicitations des objets, des images
qu’entretient une société qui tend à les plonger dans un état de plus en plus
visible chez certains de confusion et de dispersion mentales.
Et c’est vrai que, pour reprendre
les mots qu’employait, à la fin du XIXème siècle, dans son maître
livre, le philosophe et psychologue américain William James,
« sans intérêt sélectif,
l’expérience est un pur chaos ». Seules les choses que je
remarque, en m’appuyant sur une certaine
concentration de ma conscience, forment mon esprit, constatait-il.
Nous ne pouvons alors qu’être
heureux d’avoir bénéficié de cette capacité des jeunes que nous venions rencontrer à se focaliser sur ce nous avons tenté avec
plus ou moins de bonheur de partager avec eux. Ce qui est assurément la marque
d’esprits, de personnalités, réellement attachés à leur propre et durable enrichissement.
Et comme le déclarait la grande Simone Weil une preuve authentique aussi de
générosité.
Et nous félicitons bien
chaleureusement les responsables de l’établissement ainsi que leur professeur
de lettres, Madame Fanny Cambron Huvelle, à qui sûrement ces jeunes doivent
d’avoir pu manifester devant nous leurs hautes qualités.
mercredi 1 mars 2017
OÙ SE TROUVE TOUJOURS LA POÉSIE. TÉMOIN DE SOPHIE G. LUCAS.
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