J’avais prévu
après avoir rendu comme j’ai pu compte de l’intéressant ouvrage de Yannick
Fassier, Le Soc, d’en reprendre ici quelques extraits consistants permettant non
seulement de se faire une idée de l’écriture assez singulière de ce livre mais de
nourrir un peu plus encore les pistes de réflexion finalement assez nombreuses que
ce blog a entrepris de suivre. Les images que je viens de poster de quelques
toiles du peintre suédois Liljefors m’ont amené à choisir ces quelques pages
que je trouve personnellement lumineuses à propos de l’opposition entre le
végétal et l’animal. Des propos qui ne sont pas chez moi sans entrer en
résonance avec de nombreux autres textes comme la célèbre huitième élégie de
Duino de Rilke, tel passage d’Italo Calvino sur l’herbe
ou encore d’Augustin Berquevoire
bien sûr des ouvrages comme celui de Baptiste Morizot Manières d’être vivant…
J’ai adjoint à ce
long extrait un plus court passage sur la façon dont à travers la mémoire, la
lecture, l’écriture, la culture donc, les morts se conjuguent pour toujours aux
vivants. À l’infini.
Nature morte — Le groupe ne rend pas
l'animal plus fort, il retarde seulement sa mort. II facilite la résistance de
son individualité. Le groupe se sert du nombre. Il y a une différence de nature
entre la vie en réseaux du végétal et la vie individuelle de l'animal,
au sens d'individu, qui vit en collectif. Lorsque je regarde une
prairie, je ne vois pas un troupeau. Je vois une vie qui a la possibilité de se
revivifier, de se régénérer au fil des saisons. La prairie ne vieillit
pas, alors que le troupeau vit sans cesse sous la menace de son extermination.