dimanche 7 décembre 2025

NOUVELLE RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. ROSA DE DENISE LE DANTEC AUX PRESSES DU RÉEL.


 

J’ai salué rapidement lors de sa parution l’ouvrage intitulé Rosa, en hommage à la célèbre révolutionnaire allemande Rosa Luxemburg. Je sais combien ce livre est cher à cette formidable artiste et poétesse qu’est Denise Le Dantec dont je m’efforce depuis de longues années de soutenir autant que je peux l'œuvre singulière. Rosa n’est pas seulement un court ouvrage de poésie. C’est un livre d’artiste véritable. Pas à l’image de ceux qui de fait ne sont que des livres illustrés et qui se font passer abusivement pour. Ici la page bouge. Et la forme, les signes qui ne sont pas tous de nature verbale, forment concurremment sens. Disant la mort certes. Mais tout aussi puissamment la vie. Ou du moins l’espérance d’une vie autre. En fait le drame plutôt que le tragique, d’une existence forte de toutes les énergies qu’elle contient et aura su assimiler, malheureusement confrontée à ces « méridiens noirs » qui projettent, semble-t-il à nouveau leur ombre sur nos trop oublieuses et égoïstes sociétés. Difficile pour moi de donner ici un extrait de ce livre à la fois poème, tableau et partition. Il me faudrait pour cela être artiste typographe. D’où le montage que je propose, opéré à partir de photographies du livre. Livre très court mais d’une extrême densité. Ce qui surtout ne veut pas dire obscur. Juste qu’il ne cesse d’allumer de partout en nous ses feux.

J’y ai adjoint l’image d’une page de l’Herbier de prison réalisé par Rosa Luxemburg au cours de son incarcération à Berlin durant une partie de la première guerre mondiale.  Herbier que les superbes éditions Héros-Limite ont publié en 2023 avec le concours de Muriel Pic qui en a signé aussi la préface.

samedi 6 décembre 2025

POÉSIE DES IMAGES. JOUR 2. FOOTBALL.


 

Dans l’ancienne vallée minière qui s’étend autour de l’actuelle Stoke-on-Trent, le football aura été longtemps pour les populations ouvrières attachées par leur condition à vivre dans un décor industriel d’usines recrachant leurs fumées sur leurs modestes et parfois misérables habitations de brique, l’occasion de se rassembler dans une même fierté, un semblable élan, une commune ambition. Les artistes qui auront vécu dans cette vallée ou l’auront approchée de près n’ont pas manqué de tenter de saisir les divers aspects de cette importante ferveur populaire. Sid Kirkham, originaire de Stoke-on-Trent et mort en 2018 à l’âge de 74 ans y sera sans doute parvenu mieux que quiconque. Me rappelant à travers ses œuvres, les dimanches de mon enfance où en compagnie de mon père, lui-même considéré à l’époque comme une des gloires du club local dont il fut le gardien de but entre 1920 et 1940, accédant à plusieurs quart de finale de la Coupe de France, battu à chaque fois, aimait-il à me dire et redire,  par le vainqueur final, je me rendais au stade en traversant la ville où des paquets de supporters faisaient de leur côté route.

Stoke-City lui remporta la League Cup en 1972 par une victoire à Wembley, deux à un, contre Chelsea. A l’époque les cheminées commençaient à cesser de fumer du fait du Clear Air Act de 1968. Aujourd’hui les œuvres de Sid Kirkham font le bonheur des amateurs qui mythifient à leur façon cet important passé dont, comme c’est assez naturel, ils ont tendance à ne conserver en mémoire que ce qui les glorifie. 

 

NOTE

Dans notre composition figurent cinq oeuvres de Sid Kirkham ayant toutes la ville de Stoke-on-Trent pour cadre, notamment une toile célébrant le retour gagnant de l'équipe de Stoke City en 1972.  J'y ai adjoint deux oeuvres de L.S. Lowry  (coin droit, en bas) aisément je pense reconnaissables. 

vendredi 5 décembre 2025

POÉSIE DES IMAGES. JOUR 1.

JACK CLARKSON 1906-1986

 

En matière de peinture j’ai des goûts éclectiques. Qui me conduisent à aimer toutes sortes d’images qui m’amènent souvent à percevoir avec plus d’acuité les choses qui m’entourent. À ressentir autrement des atmosphères. La petite enquête que j’ai faite dernièrement à propos de Laurence Stephen Lowry m’a amené à rassembler quantité de ces images, je dis volontairement images[1], produites par des peintres anglais depuis le début du vingtième siècle dont le dénominateur commun est pour moi qu’elles contribuent à m’aider à saisir davantage la poésie du monde. Je m’explique. Le mot de poésie est la plupart du temps utilisé de façon vague. Un mot creux n’ayant qu’une valeur d’adverbe destiné à renforcer l’expression d’un jugement dépourvu d’argument. Si je parle ici de poésie du monde c’est que je voudrais signifier que le regard que nous portons sur ce qui nous entoure, c’est du moins l’expérience personnelle que j’en ai, est fortement nourri d’images qui déterminent et soutiennent  son attention. Je me souviens que traversant, il y a bien longtemps, les grandes étendues plates des Flandres belges, de retour de Bruxelles où j’avais fait découvrir à mes enfants la peinture de Brueghel, ce paysage qui jusque là m’avait paru terne et sans charme et sur lequel je ne portais qu’un regard bien distrait, m’est apparu totalement autre. Pour la première fois je voyais les bouquets d’arbres autour des fermes rousses, les cheminées qui fumaient, la pointe bleutée des clochers d’église, les cours d’eau sinueux, les mares, les grandes pièces sombres de terre labourées… Tout s’était animé sous mes yeux. S’était mis à prendre couleur. Se mettait à exister prenant en même temps comme une profondeur historique m’amenant à imaginer, ici un groupe de paysans en sarrau occupés à étêter des saules, un enfant attendant qu’on lui cède une petite part de gaufre, là une troupe d’aveugles en route sur un chemin…

mardi 2 décembre 2025

POUR MORT. CINQ POÈMES TROP COURTS. NE POUVANT M’ARRÊTER.



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 J'imagine qu'on reconnaîtra dans le titre donné à cette entrée de blog, le premier vers d'un poème particulièrement célèbre d'Emily Dickinson. Dans la traduction qu'en donne la regrettée Claire Malroux.

lundi 1 décembre 2025

CONNAISSEZ-VOUS LE PEINTRE ANGLAIS LAURENCE STEPHEN LOWRY ?


Jusqu’à ces derniers mois je ne connaissais pas l’œuvre du peintre anglais Laurence Stephen Lowry dont le magnifique Lowry Center à Salford, à proximité de Manchester, abrite aujourd’hui un large panorama de l’importante production. C’est vrai que durant la plus longue partie de sa vie ce peintre, essentiellement tourné vers les paysages urbains du nord de l’Angleterre industrielle, animés de fumées d’usines, de foules ouvrières se rendant au travail ou se précipitant en masse vers le stade pour assister au match de football, aura fait l’objet du mépris de la plupart des amateurs d’art qui n’auront vu en lui qu’un peintre du dimanche. Ce que sans doute malheureusement d’une certaine manière il fut, n’ayant jusqu’à sa retraite à l’âge de 65 ans, eu la liberté de peindre qu’au cours de ses loisirs.

vendredi 28 novembre 2025

RECOMMANDATION DÉCOUVREURS. AVIONS DE FRÉDÉRIQUE SOUMAGNE AU DERNIER TÉLÉGRAMME.

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À partir de l’évocation de la disparition de L’Oiseau blanc, l’avion de Nungesser et Coli, disparu en 1927, la poète Frédérique Soumagne, réalise l’exploit de nous faire dans son détail kaléidoscopique revivre toute une époque avec ses rêves, ses inventions, sorte d’opéra fantastique où l’ensemble des passions humaines déploient leurs énergies pour le meilleur et pour le pire dans un monde, traversé de grandes forces cosmiques, qui ne cesse de s’ouvrir et de se transformer.

lundi 24 novembre 2025

LE BANNISSEMENT D'AGAR. QUELQUES REPRESENTATIONS.


 Pour compléter mon précédent article, j'ai pensé intéressant de partager ici un montage regroupant quelques unes des représentations que l'on aura donné de l'épisode biblique du bannissement d'Agar au cours des temps. 

De haut en bas et de gauche à droite, on trouvera ainsi une scène de Rubens, puis de Wilhelm Ernst Dietrich, du Guerchin, de Friedrich Oberbeck, de Giovanni Baptista Tiepolo, de Govert Flint et enfin de Camille Corot.  

Intéressante aussi cette toile du peintre néerlandais Matthias Stom (1590 – mort après 1650) représentant la vieille Sarah offrant à Abraham sa servante Agar pour l'inviter à lui offrir une descendance. Stom dit aussi parfois Stommer fut influencé par Le Caravage et Ribera. Comme on le voit dans cette oeuvre réalisée entre 1642 et 1645.


  

dimanche 23 novembre 2025

QUERELLE D’ENFANTS OU SI LES DIEUX S’OCCUPAIENT MOINS DES AFFAIRES DES HOMMES. SUR UN PANNEAU DU PEINTRE DE HARLEM JAN MOSTAERT.

 

J’avoue avoir un faible pour les compositions de ces maîtres anciens qui m’obligent à lire leur tableau à la manière un peu de bandes dessinées qui feraient l’économie de leurs cases. Le regard s’y promène à la recherche sans cesse de nouveaux détails et l’esprit, vite, s’y retrouve embarqué, aspiré dans le paysage feint comme à l’intérieur d’un univers réel. L’immobile peinture cesse d’être un temps arrêté, suspendu. Les jours et les saisons avec leurs âges passent. Et l’espace rejoint en nous la durée.

« La fin de l’art, comme le fait remarquer Stendhal, étant la joie, non de l’homme représenté, mais de l’homme qui regarde et sent », le bannissement d’Agar peint entre 1520 et 1525 par le peintre de Haarlem Jan Mostaert auquel on doit l’une des premières représentations du massacre des populations autotochtones d’Amérique par les espagnols, est de ces panneaux qui toujours excitent ma curiosité et me procurent en dépit de leur sujet, rarement réjouissant, une profonde délectation.

lundi 17 novembre 2025

DE QUELQUES LIVRES REÇUS CETTE SEMAINE. EXISTER MALGRÉ ET AU-DESSUS DE TOUT !


 

Merci tout particulièrement aujourd'hui pour ces quelques livres reçus au cours de la semaine :

Une réédition d’un Jésus de 1927 où pour reprendre les termes d’un critique de l’époque, Henri Barbusse fait de Jésus «une sorte d’humanitaire ou de bolcheviste très doux, vaguement athée ».

Un long récit en vers de Frédérique Soumagne dans lequel cette dernière, à partir de l’évocation de la disparition de L’Oiseau blanc, l’avion de Nungesser et Coli, disparu la même année, en 1927, réalise elle-même l’exploit de nous faire dans son détail kaléidoscopique revivre toute une époque avec ses rêves, ses inventions, sorte d’opéra fantastique où l’ensemble des passions humaines déploient leurs énergies pour le meilleur et pour le pire dans un monde qui ne cesse de s’ouvrir et de se transformer.