Pris récemment plaisir à lire les [notes fantômes] de Sylvain Jamet que m’ont adressées les bonnes éditions louise bottu. J’aimerais en partager aujourd’hui quelques-unes, que ce que chacun sait de la nature singulièrement peu joviale des temps ne laissera pas sans résonance. Dans les notes d’accompagnement jointes par l’éditeur à l’ouvrage, Sylvain Jamet précise que les sortes de définitions qui composent son livre « méritent le nom de fantôme en ce qu’elles flottent hors de la personnalité de l’Auteur, tout en restant malgré tout reliées à elle, comme les fameux « membres fantômes » prolongent le corps des mutilés. Il n’y a rien à soi, ici, et pourtant il y a une douleur. Ou disons plutôt, dans le cas de ces notes, une nostalgie. » Il fournit aussi une autre indication fort parlante, évoquant les ghost notes qui en musique, intercalées entre les notes principales, dans les blancs du morceau, « sont marquées d’une croix sur la partition et sont produites par la technique de l’étouffement », ce qui les rend à peine audibles. Rapporté au texte cela signifierait qu’entre les mailles ou au revers de « tout ce que nous croyons devoir être dit […] quelque chose encore joue une toute autre musique. » Intéressant.
Note sur la fin du monde
Quand il rentra et trouva sa maison dévastée, quelques minutes avant la fin du monde, il n'appela pas la police, mais s'assit au milieu du salon et attendit que la nuit vienne. Mais la nuit ne vint pas. On avait dérobé davantage qu'il n'aurait su le dire.
Note sur le futur
Y a-t-il eu une guerre dans le futur ? Une déflagration dont on pourrait sentir le souffle à rebours, à des années de distance ? Oui, plaident les pierres, qui voient venir le feu depuis toujours. Tout le passé est innocent. Les effets de la catastrophe à venir se lisent dans les ruines de Rome ou la fin des grands cétacés, les jours trop courts, les décombres divers, choses terribles ou banales, ou simplement choses mortes, qui rendent d'avance nos vies inhabitables.
Note sur un cessez-le-feu
Lorsque le feu cessa, les flammes retournèrent d'où elles étaient venues, et le pays redevint le même. Lorsqu'il cessa les pompiers se rassirent, les morts se rassirent. On compta les brûlés qui ne l'étaient plus.
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