Est-ce le pré que nous voyons,
ou bien voyons-nous une herbe plus une herbe plus une herbe? Cette
interrogation que s'adresse le héros d'Italo Calvino, Palomar, comment ne pas
voir qu'elle est une des plus urgentes que nous devrions nous poser tous,
aujourd'hui que, du fait des emballements et des simplifications médiatiques
souvent irresponsables, risquent de fleurir les plus coupables amalgames, les
plus stupides généralisations et les fureurs collectives aveugles et
débilitantes. C'est la force et la noblesse de toute l'éducation artistique et
littéraire que de dresser, face à tous les processus d'enfermement mimétique,
la puissance civilisatrice d'une pensée attentive, appliquée au réel, certes,
mais demeurée profondément inquiète aussi de ses supports d'organes, de sens et
de langage.
Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
mardi 18 septembre 2018
lundi 17 septembre 2018
QU’ATTENDONS-NOUS VRAIMENT DES RENCONTRES D’AUTEUR ? POUR UNE RÉFLEXION ÉLARGIE SUR LA DIVERSITÉ DE NOS PRATIQUES.
L'Equilibre des forces, Carel Willink |
Invité dernièrement à suivre l’intéressante journée
professionnelle consacrée aux événements littéraires de la région Hauts-de-France
par la jeune et valeureuse Agence Régionale du Livre et de la Lecture, je
voudrais revenir sur l’importante question malheureusement toujours un peu
escamotée de cette fameuse « plus-value » existentielle et culturelle
que les organisateurs de rencontres personnalisées autour du livre comptent
par-là apporter à leur public et qui, en principe, justifie pour l’essentiel, l’investissement
souvent « énorme » qui est le leur.
mercredi 5 septembre 2018
ON NE LIT PAS POUR LE PLAISIR !
Il est, en matière de lecture, des stéréotypes dont la
répétition m’agace de plus en plus profondément. Celui en particulier de ces
médiateurs de culture qui s’acharnent à vouloir convaincre que lire est un
plaisir, un « délice », chose dont je ne conteste pas la possible
réalité, bien entendu, mais le peu de pertinence qu’elle possède par rapport à
la finalité qu’elle vise, à savoir : défendre, au profit des publics principalement
les plus démunis - et ces derniers ne font apparemment que s’étendre - l’idée
que la dite lecture est indispensable au développement d’une subjectivité
ouverte capable de résister aux diverses puissances d’asservissement de
l’esprit humain, que nos sociétés numériques ont considérablement renforcées.
vendredi 24 août 2018
C’EST LA RENTRÉE : TÉLÉCHARGEZ LE DOSSIER COMPLET DE L’ÉDITION 2018-2019 DU PRIX DES DÉCOUVREURS.
Cliquer dans l’image ci-dessus pour télécharger le dossier. Ce
dernier étant riche en images cette opération peut prendre quelques minutes.
Pour découvrir les principes qui ont régi cette année encore notre choix ainsi que pour obtenir rapidement la liste des ouvrages sélectionnés avec l'adresse de notre librairie partenaire où il sera possible de se procurer facilement les livres, voir : http://lesdecouvreurs2.blogspot.com/2018/05/selection-2018-2019-du-prix-des.html#more
jeudi 9 août 2018
CONTES, TEXTILES ET POÉSIE AU MUSÉE DU COSTUME DE SCÈNE À MOULINS DANS L’ALLIER.
« Circé l'enchanteresse estoit vestue d'une robe
d'or, de deux couleurs, estoffée partout de petites houppes d'or et de soye, et
voylée de grands crespes d'argent et de soye : ses garnitures de teste, col et
bras, estans merveilleusement enrichies de pierreries et perles d'inestimable
valeur : en sa main, elle portoit une verge d'or de cinq pieds, tout ainsi que
l'ancienne Circé en usoit, lorsque, par l'attouchement de cette verge, elle
convertissoit les hommes en bestes et en choses inanimées. »
Les historiens du
spectacle s’accordent généralement pour voir dans le Balet comyque de la
Royne (1), présenté le dimanche 15 octobre 1581 dans la salle du Petit-Bourbon,
face au Palais du Louvre, la première ébauche significative de ce qui allait
devenir l’Opéra. On voit par la description qu’en donne ici le principal
organisateur, l’italien Balthasarini qui prit pour l’occasion le nom de Balthasar
de Beaujoyeulx et se fit attribuer le titre de Valet de Chambre du Roy &
de la Reyne sa mère, qu’on ne lésinait guère à l’époque sur les costumes et
que si ces derniers ne se souciaient que fort peu de naturel ou de vraisemblance,
tout semblait bien être fait pour qu’ils concourent avec les autres éléments du
spectacle à émerveiller le spectateur et mettre surtout en valeur la
magnificence des personnalités qui l’avaient commandité (2).
samedi 4 août 2018
L’ÉTÉ NE FERME PAS LES YEUX.
Fernand Léger, Le Campeur, vers 1954, Biot |
L’été. Nous avons la chance de pouvoir profiter de la
franchise du moment non pour pratiquer le saut à l’élastique ou le jet ski mais
pour nous adonner aux plaisirs de la marche, aux joies de la baignade sur des
plages peu fréquentées ou des cours d’eau encaissés cherchant leur voie parmi
les roches et glissant sur des pierres où nous n’avons jamais mis le pied… Et
nous aimons l’été l’idée d’une autre vie ailleurs. Dans les couleurs et les
odeurs d’un pays qui n’est pas le nôtre. D’une campagne différente. Soumise à
des régimes de vents et de chaleurs, de découpes des ombres, d’affirmations
parfois brutales de lumière qui réveillent nos sens d’ordinaire peu enclins à
se trouver brusqués.
vendredi 6 juillet 2018
CAHIER 7 : EXTRAITS PRIX DES DECOUVREURS 2018-19 : LA TERRE TOURNE PLUS VITE DE CAMILLE LOIVIER.
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Dernier de ces Cahier d'extraits que nous mettons sur ce blog à disposition non seulement des classes qui participeront cette année encore au Prix des Découvreurs mais de tous ceux qui auront la bonne idée de s'en servir pour élargir un peu la connaissance tellement limitée qu'on donne dans les écoles de la poésie actuelle.
Rappelons que l'iconographie et les liens que nous proposons dans chacun de ces Cahiers ne sont pas là pour faire jolis et distraire les jeunes des textes que nous désirons leur faire découvrir mais pour les entraîner à comprendre à quel point la sensibilité artistique est faite de mises en relation, d'ouverture à toutes sortes de formes et de moyens d'expression. A chacun de tisser alors ses propres réseaux de signification. Et de s'inventer parmi eux ses parcours.
jeudi 5 juillet 2018
CAHIER 6 : EXTRAITS PRIX DES DECOUVREURS 2018-19 : UN HOMME AVEC UNE MOUCHE DANS LA BOUCHE DU POÈTE IRAKIEN ALI THAREB.
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Voir la présentation que j'ai faite de ce livre à l'occasion de sa parution.
mercredi 4 juillet 2018
CAHIER 5 : EXTRAITS PRIX DES DECOUVREURS 2018-19 : L’OGRE DU VATERLAND DE PAUL DE BRANCION.
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Comme je l’ai écrit il y a quelque temps dans ce
blog : avec L’Ogre du Vaterland, publié en 2017, soit un peu plus
de cinq ans après la mort de son père, l’auteur/narrateur décrivant ce qu’il
appelle « les effroyables travers de Léon Jacques » dont il se
reconnaît lui-même « porteur contaminé mais conscient », ne
fait pas que tenter de s’amputer de cette « gangrène »
psychologique et morale qu’est le prolongement en lui de la monstruosité
paternelle. Il brosse pour nous le tableau effrayant des dessous d’une famille
de la grande bourgeoisie de la seconde moitié du XXème n’hésitant
pas à dénoncer ce qui se cache de petitesse sordide derrière
certaines carrières qu’une société soumise au prestige du nom et de l’argent
continue cyniquement à ériger en modèles.
À l’intention naturellement des classes et toujours
avec ce même souci de permettre à nos amis professeurs de mettre chaque jour
davantage la poésie au cœur des arts auxquels on leur demande d’ouvrir la
sensibilité des jeunes, nous proposons à partir de ces extraits d’effectuer une
plongée dans le monde de « l’illustration » à travers le travail de
Gustave Doré autour de la figure de l’Ogre.
mardi 3 juillet 2018
CAHIER 4 EXTRAITS DÉCOUVREURS 2018-19 : KASPAR DE PIERRE DE LAURE GAUTHIER.
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Comme j’ai eu l’occasion de le montrer dans l’article que je lui ai consacré, le livre de Laure Gauthier, Kaspar de pierre est un livre dans lequel le détail particulier ne
prend totalement sens qu’à la lumière de l’ensemble. J’espère donc que la
découverte ici des extraits, comme d’ailleurs pour tous les autres ouvrages en
compétition, mènera le lecteur à prendre connaissance de l’ensemble. Sans se
laisser dissuader par ce que l’écriture de Laure Gauthier peut avoir de
déroutant pour quiconque n’est pas encore trop familier des libertés
contemporaines.
lundi 2 juillet 2018
vendredi 29 juin 2018
CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2018-19 : CARNET SANS BORD DE LILI FRIKH.
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J’ai déjà pu rendre compte dans ce blog de l’intérêt que le livre de Lili Frikh a suscité chez moi. Je suis
persuadé que cet ouvrage qui attire particulièrement l’attention sur la
relation fondamentale qui existe entre la vie et la parole, bien au-delà du
simple fait d’écrire et de trouver, comme on dit, ses mots, est de nature à faire
découvrir aux jeunes à quelles nécessités peut répondre aujourd’hui, comme
toujours, la poésie. Même si, comme ici, elle est prose. Et apparaît sans oripeaux.
mercredi 27 juin 2018
CAHIER D’EXTRAITS PRIX DES DÉCOUVREURS 2018-19 : LETTRES D’UNE ÎLE D’ALEXANDRE BILLON.
CLIQUER DANS L'IMAGE POUR OUVRIR LE PDF |
Depuis plusieurs années, nous proposons à l’intention des
jeunes qui auront, grâce à leurs professeurs, la chance, car c’est une chance,
de participer, au Prix des Découvreurs, un Dossier leur permettant dans un
premier temps de découvrir l’ensemble des 7 ouvrages que nous avons choisi de
soumettre à leur curiosité. Richement illustrés et accompagnés de divers liens
et références, ces dossiers visent aussi à aider les professeurs dans leur
action - qui devrait devenir de plus en plus importante - d’accompagnement des élèves en termes de
formation culturelle et artistique. Notre ambition étant ici de placer la
poésie au cœur des arts.
Nous publions aujourd’hui le premier Cahier composant ce
Dossier : il est consacré au beau livre d’Alexandre Billon, Lettres d’une île, publié par p.i.sage intérieur.
mercredi 20 juin 2018
AUTOPORTRAIT AUX SIÈCLES SOUILLÉS DE MICHAEL WASSON. OU QUE SAUVER DE CE QUE, MONSTRE, L’HISTOIRE A ÉCRASÉ.
« Je suis en partie monstre, en partie animal, partie eau, partie
histoire, partie chant, partie farceur, toujours le sang rencontre l’eau &
asperge la terre ».
C’est à partir de ce sentiment de
personnalité éclatée, diffractée - en parties violemment concurrentes ou
contraires - jetée au cœur d’une réalité et d’une histoire cruelles, que le
poète américain Michael Wasson, d’origine Nimíipuu ou Nez-percé, une des plus
vieilles tribus indiennes, qui occupait autrefois les territoires de l’Idaho et
du Montana, a composé cet Autoportrait
aux siècles souillés, que les éditions des Lisières viennent de publier
dans une traduction de Béatrice Machet.
samedi 16 juin 2018
DITES MERCI AUX POÈTES PRÉTENDUMENT ILLISIBLES !
Oui « bien
fou du cerveau » comme dirait La Fontaine qui prétendrait en quelques
lignes, sinon quelques mots, porter sur
le véritable foisonnement des poésies actuelles en France, un jugement complet,
impartial ou définitif. Nous sommes un certain nombre à lire sans esprit de
chapelle, avec un appétit véritable, dans un esprit d’accueil et de
découvertes, quantité d’ouvrages. Dont pour certains nous faisons l’effort tout
aussi véritable, de rendre compte. Sans nous contenter de quelques mots hâtifs
ou mensongers. Et pourtant qui d’entre nous peut se targuer de tout connaître.
Partant de tout pouvoir juger. Personnellement je suis persuadé que si la
poésie, les poésies d’aujourd’hui, ont quelque chose à apporter c’est précisément
par l’exemple qu’elles donnent de ces multiples singularités qui chacune semble
s’être autorisée à advenir comme Sujet,
Sujet à part entière à l’intérieur
d’une langue qui par ses multiples emplois, tend à l’inverse, de plus en plus,
à travers ce qu’on appelle la communication, à nous assujettir aux discours
intéressés de l’autre. Cette « fabrique » du Sujet, chacun en poésie
la tente à sa manière. Plus ou moins juste. Plus ou moins aboutie. Dans son
arbre généalogique. Je veux dire à partir de ce que les hasards de la vie et de
ses propres lectures ainsi que les conditions générales de sa propre
sensibilité, lui permettent d’atteindre. Il en résulte, considérablement
accentué par l’explosion de toutes les libertés que la poésie depuis plus d’un
siècle s’est attachée à conquérir, au point de ne pouvoir plus être
formellement définie par personne, des œuvres ou du moins des ouvrages voire
des prestations, d’une diversité, d’une hétérogénéité telle qu’il ne s’en vit
jamais auparavant dans l’histoire. Et toutes loin de là ne sont pas illisibles.
Et toutes ne sont pas le fait de vieux poètes rancis. Et toutes ne sont pas
nombrilistes. Et toutes ne cherchent pas non plus la vaine gloire de se faire
entendre en ouverture du Journal de TF1. Où elles retomberaient, je pense,
nécessairement sous l’empire de ce qu’elles avaient au départ pour vocation de
fuir.
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