samedi 1 février 2025

IMAGES DE GIANDOMENICO TIEPOLO.


Je ne sais si je retournerai - l’âge ! - à la Ca’Rezzonico. Combien pourtant j’aimerais revoir la fresque du Mondo Novo de Tiepolo[1] et ses Pulcinelli ! Vraiment, je ne comprends plus trop, aujourd’hui, pourquoi cet artiste qui me semble, mais je n’ai rien d’un expert, tout aussi intéressant que Watteau avec lequel il partage d’ailleurs bien des choses, n’est pas davantage considéré, lui qui, à ma connaissance n’a encore fait l’objet, chez nous, d’aucun ouvrage d’importance. Et que beaucoup encore considèrent comme un « peintre mineur ».

Peintre virtuose au contraire, Giandomenico Tiepolo possède au plus haut point cette grâce, cette vivacité d’exécution, qui veulent ou plutôt font – car ici point d’affectation - que rien chez lui ne pèse ou bien ne pose. Il aura avec son père Giovanni Battista décoré les murs et les plafonds de certains des plus beaux palais d’Europe. Jusqu’à ce que toute la froideur du goût néoclassique vienne se substituer au dynamisme follement libre et lumineux, grandiose, de ce qu’avec mépris on appellera, dans le sillage de David, au tournant final donc du XVIIIème siècle, le « rococo ». Retiré les quelque vingt dernières années de sa vie, dans sa propre villa de Zianigo[2], il ne peindra plus, ou presque, que pour lui, ornant les murs et les plafonds de sa demeure de nouvelles figures qui ramènent le spectateur vers l’aujourd’hui d’un monde où les illusoires héros guidant d’une main à la fois sûre et légère le char qui leur faisait inventivement traverser le ciel, cèdent la place à des Polichinelles. 

mercredi 29 janvier 2025

RÉCÉPISSÉ DÉCOUVREURS POUR JADIS, POÏENA UNE POÈME D’HÉLÈNE SANGUINETTI CHEZ FLAMMARION.


 Je reparlerai à coup sûr de cet ouvrage qu'Hélène Sanguinetti vient de m'adresser. Hélène Sanguinetti est avec Ariane Dreyfus l'un des tout premiers poètes sur lesquels il m'a été, il y a maintenant presque une trentaine d'années, proposé d'écrire dans ce qui était alors La Quinzaine Littéraire. J'avais bien aimé ce De la main droite exploratrice que j'avais alors découvert. Depuis j'ai eu l'occasion de rendre compte d'un certain nombre des ouvrages d'Hélène qui ont suivi. L'élan, l'inventivité, du poète qu'elle est, se confrontant avec la plus grande liberté à la nécessité de dire ces chocs terribles comme merveilleux, merveilleux comme terribles qui font notre rencontre avec la vie, sont de ces choses rares qu'il m'importe d'accompagner. 

lundi 27 janvier 2025

VERS L’ÉPROUVANTE SIMPLICITÉ DES MATIÈRES ÉLÉMENTAIRES : HRAUN DE FLORENT TONIELLO (Michikusa Publishing Luxembourg)

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Venue de loin, une conscience sensible s’émerveille des présences auxquelles accorder son corps, son regard, son esprit, sa langue, à l’intérieur du paysage dépourvu d’homme dans lequel elle vient de se voir précipitée. Le luxembourgeois Florent Toniello a découvert l’Islande durant l’été 2023. En résidence d’auteur à Berlin, lui est venu l’idée d’évoquer ces rudes territoires en une série de poèmes en prose, centrés sur divers éléments de nature qui en sont  le plus caractéristiques : aurore boréale, fjord, geyser, cratère, lac, neige, banquise, brume, glacier, cendre et lave dont le nom islandais, HRAUN, fournit le titre de l’ouvrage. Quelques présences animales, ours polaire, renard, courlis corlieu, ainsi que mythologique, elfe, complètent ce tableau auxquelles les images d’un photographe allemand établi en Islande, Thomas Fleckenstein, ajoutent un suggestif contrepoint.

dimanche 26 janvier 2025

DONT SE DÉLIVRE AUSSI LA NEIGE, SUITE DE GEORGES GUILLAIN.

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 souvent aussi
c’est fatigue de l’écrire

et d’avancer mot
après mot
parmi les mots

disséminés

nous dissemblables
et pourtant rattachés

abouchés

par cette marche même
en sol quelconque
et lessivé de trop d’usage

à tant de voyageurs urgents
pressés de naître

et dans la neige
qui s’effacent

 

Pour ceux qui auraient encore la curiosité de découvrir. Avec des détails de deux oeuvres du peintre français d'origine hongroise, Miklos Bokor.

Peut aussi se feuilleter sur Calameo.

vendredi 24 janvier 2025

À PROPOS DE FICTION TOMBEAU PARU DANS LE DERNIER LIVRE DE DOMINIQUE QUÉLEN CHEZ BACKLAND ÉDITIONS.

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Personne ne me croira, j’imagine, si j’affirme que la poésie de Dominique Quélen est une poésie des plus claires. Ou comme il l’écrit lui-même, d’une « obscurité plus claire que la clarté même ». Et pourtant quiconque garde bien à l’esprit 1) ces deux ou trois choses fondamentales que ses cours de linguistique lui auront enseignées à propos de la différence entre le mot et la chose, la nature complexe et diverse du signe, comme aussi 2) certaines des considérations de Stéphane Mallarmé autour de la fleur absente de tout bouquet ou par exemple encore de la disparition élocutoire du poète, sans trop négliger non plus 3) ce qu’il faut savoir du Temps comme des temps qui s’efforcent dans nos langues à le décomposer grammaticalement en formes, pourrait souscrire à cette affirmation[1]. Bien reconnu, par ailleurs, que les textes de Dominique Quélen procèdent assez souvent, quelle que soit la nature de ce qu’ils évoquent, d’un humour pince sans rire et d’une forme sans doute un peu douloureuse mais tout-à-fait réelle d’auto-dérision, je crois pouvoir dire que ces livres avec toute l’invention perpétuelle qui les caractérise, signifient à coup sûr davantage que ces monceaux de vers de Carnaval ou de Carême qui ne cherchent, à gros ou maigres renforts de clichés comme de clins d’œil à la mode du temps, qu’à faire poésie sans en prendre le risque vraiment.

mercredi 22 janvier 2025

DÉCOUVRIR UN EXTRAIT DU DERNIER LIVRE D’EMMANUEL MOSES, ET SOUVIENS-TOI QUE JE T’ATTENDS (ÉDITIONS MONOLOGUE)

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 Trois personnages pouvant indifféremment être deux femmes et un homme ou deux hommes et une femme, attendent "quelqu'un". Qui devrait arriver. On pense bien entendu à Godot. Mais le titre de l'ouvrage qui renvoie à Apollinaire lui confère une tonalité très différente de celle qui caractérise l'oeuvre de Samuel Beckett. 

Merci à Gilles Jallet de m'avoir adressé ce texte.  

EXTRAIT :

vendredi 17 janvier 2025

MARIONNETTES DE LA POÉSIE.


 

Bien. Je repousse depuis trop longtemps l’idée de dire quelque chose de ces livres qu’assez souvent je reçois et qui pour n’être pas dépourvus d’intérêt n’en sont pas moins, pour moi, éloignés de ce que personnellement je considère être de la poésie.

Souvent écrits par des êtres sensibles entretenant un généreux commerce avec la chose, qu’elles achètent, recommandent et déclarent volontiers placer au-dessus du reste, les livres auxquels je pense sont des ouvrages qui sous l’étiquette de la poésie se proposent de faire état des blessures personnelles que sous les formes les plus diverses, la vie ne manque pas de faire subir indistinctement à tous. De façon plus ou moins grave. Ces écritures qu’on peut dire de l’intime relèvent d’une forme d’autobiographie à vocation plus ou moins thérapeutique dont je m’en voudrais de nier l’importance.

IMAGES QUI NE ME LAISSENT PAS DORMIR : SOIRS D’HIVER À PRAGUE DU PEINTRE TCHÈQUE JAKUB SCHIKANEDER (1855-1924).


 

jeudi 16 janvier 2025

DÉCOUVRIR UN EXTRAIT D’UN EFFONDREMENT PARFAIT DE JÉRÔME LEROY.

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REDECOUVRIR LIBREMENT COMPRIS DANS LE PAYSAGE.

 


 
Paru en 2010 chez Potentille, un de ces éditeurs dont on ne dira jamais assez ce qu’on leur doit pour continuer, envers et contre tout, à faire un peu reconnaître dans l’espace de nos sociétés ces travaux singuliers de parole, appliqués non seulement à élargir comme à approfondir les possibilités de la langue commune mais à résister comme ils peuvent aux divers formatages dont notre existence fait aujourd’hui de plus en plus l’objet, Compris dans le paysage, ce long poème dont je dis volontiers que c’est avec lui que j’ai enfin compris ce qu’était pour moi la poésie, reparaît sous une autre forme et sans doute avec de nouvelles significations, aux éditions LD.