mercredi 27 novembre 2024

NOUVELLES RENCONTRES EN BOULONNAIS.

 

Même si, pour diverses raisons qu’il serait trop long d’expliquer, nous nous sommes résolus à mettre un terme au Prix autour duquel s’est développé notre action, Les Découvreurs n’en cessent pas pour autant d’exister et d’œuvrer à favoriser autour d’eux tout ce qui peut rendre plus vivant, attractif et humain, notre relation aux livres, à l’art et bien entendu à ces formes de poésie qui ne se contentent pas de faire joli et de véhiculer ces creuses formules dont il faut reconnaître que notre espace est assez largement farci.

On a pu voir sur ce blog que nous proposions de plus en plus de partager certaines découvertes que certains qualifieront de « touristiques » mais il nous semble que les visites que nous avons désormais davantage le temps d’effectuer et surtout d’apprécier, ne doivent pas rester coupées de tout ce que par ailleurs nous avons pu retenir en nous de savoir et de sensibilité. Faire lien, redonner autant que possible de l’épaisseur à ce qui artistiquement, littérairement, poétiquement, s’offre aujourd’hui en profusion à notre regard, reste pour nous un plaisir utile. Que nous nous ingénions à renouveler. Sous les formes les plus variées.

C’est pourquoi nous sommes heureux que la toute jeune librairie de Boulogne-sur-Mer ait favorablement accueilli notre proposition de recevoir ce samedi 30 novembre, en début d’après-midi, l’un de nos tout derniers Prix des Découvreurs, Alexandre Billon pour y présenter son premier roman, Le Tutoiement des morts, récemment paru à L’Arbre vengeur. J’ai dit ici tout le bien que je pensais de ce livre dont j’espère qu’il rencontrera le succès qu’il mérite. L’ouvrage devrait intéresser tous ceux – et  chacun sait qu’ils sont légions – qui, bien qu’adultes, souffrent toujours des relations difficiles qu’ils ont entretenues avec leurs parents. J’ajoute qu’il est écrit. C’est-à-dire qu’il possède un style, une singularité de ton et d’expression qui le met aux antipodes de beaucoup de ces récits familiaux qu’on dirait bien produits par une inintelligence artificielle.

Dans la foulée, si je puis dire, de cette rencontre, nous sommes heureux de proposer dans la même librairie, une séance de signature de notre vieil ami Eddy L. Harris que nous recevons quelques jours chez nous à l’occasion d’une mini-résidence bilingue qu’il effectue, toujours à notre initiative, au Lycée Berthelot de Calais. Eddy qui aura été reçu il y a quelques semaines à La Grande librairie, dédicacera son dernier livre paru chez Liana Lévi, La Confession américaine, un livre dans lequel il s’interroge sur les raisons profondes qui expliquent l’arrivée au pouvoir de Trump. Cette séance de signature aura lieu à partir de 18h, le jeudi 5 décembre.  

 Avis donc aux boulonnais !

 

dimanche 24 novembre 2024

BEAUTÉS DE MANTOUE. II. PISANELLO ET LE TOURNOI BATAILLE DE LOUVEZERP.

 

 Dans l’une des innombrables salles qu’offre à la visite le Palais Ducal de Mantoue subsistent les restes en partie restaurés d’une grande fresque de Pisanello représentant l’un des épisodes du tournoi-bataille[1] de Louvezerp que raconte le Livre V du Tristan en prose composé comme chacun sait dans la première moitié du XIIIème siècle. Ces restes ne paraîtront sans doute qu’un fouillis au visiteur qui, après deux ou trois heures de visite n’aspire plus qu’à s’attabler devant un bon plat de tortelli di zucca ou d’un plus rustique et sec risotto al pilota qu’il pourra déguster soit au Ristorante Giallozucca, Corte dei Sogliari pas trop loin de la Basilique San Andrea, soit à l’Osteria Piazza Sordello 26, à deux pas de la sortie.

samedi 23 novembre 2024

BEAUTÉS DE MANTOUE. I.

Piazza SORDELLO

 

Certains peut-être l’auront remarqué, un peu lassé de toutes ces publications dont certains de leurs auteurs s’acharnent à faire jour après jour l’indiscrète publicité, je me tourne de plus en plus vers ces divers et nombreux espaces d’art et de culture qui, dans la relative ignorance où je suis d’eux, me donnent davantage à découvrir et me permettent aussi de me sentir appartenir au temps plus long et qui sait plus vivifiant et généreux de l’Histoire, une Histoire qui a encore tant et tant à nous apprendre et fourmille d’occasions d’exciter notre toujours insatisfaite et gourmande curiosité.

Foin donc des sourdes autant que pénibles actuelles mécaniques du moi. J’entreprendrai aujourd’hui de parler de Mantoue dont le nom m’aura longtemps fait rêver, associé qu’il est à celui de l’auteur des Georgiques et des Bucoliques ainsi qu’à celui du peintre de la Chambre des époux dans le magnifique Palais ducal qu’on découvre en pénétrant sur la place Sordello dont le nom célèbre un poète-troubadour dont on ne sait quasiment plus rien sinon l’élogieuse mention qu’en fit à deux reprises Dante inspirant sans doute par là le poème à lui consacré par l’écrivain anglais Robert Browning qui à son tour inspira Oscar Wilde ainsi peut-être qu’un court passage du Molloy de Beckett.

Arrivant à Mantoue une fin d’après-midi de novembre, à partir de l’autoroute Gènes-Milan que l’on quitte pour prendre la direction Piacenza, Cremona, on passe de la belle lumière ligure aux habituels brouillards de la plaine du Pô dont l’atmosphère un peu fantastique nous remet à mille lieux de celle que nous laissaient imaginer les merveilleux dessins dont Maillol, qui s’inspirait là sans doute plutôt de la région des Pyrénées orientales où il possédait une villa, naguère illustra les recueils de Virgile.

mercredi 20 novembre 2024

PLAISIRS DE FERRARE.



"Il n'y a de conscience que dans les rues". Je ne sais trop ce qu'entendait exactement par-là Albert Camus qui sans doute voulait dénoncer le fait que l'homme moderne s'était coupé de la nature. Toujours est-il que marchant dans les rues de Ferrare cette phrase résonne  pour moi de façon singulière. Peu, j'imagine, savent en effet que c'est à Ferrare, sous l'impulsion de la famille d'Este, que furent réalisés pour la première fois et sur une grande échelle, les principes d'urbanisme de la Renaissance conduisant à prendre en compte la "perspective urbaine" imposant à toute nouvelle implantation architecturale de s'intégrer au plan d'ensemble de la cité sans plus désormais ne se préoccuper que de ses propres dimensions formelles.  C'est ce qui rend aujourd'hui la promenade dans ses rues si fascinante. On s'y trouve à chaque instant confronté à des perspectives qui n'ont en fait qu'assez peu changé depuis plus de cinq siècles. Et à l'intérieur desquelles la plupart des éléments y compris "naturels" se trouvent en harmonie.

 

Cela dit, à côté de sa voisine Mantoue, Ferrare qui peut s'enorgueillir d'avoir accueilli aussi bien de grands scientifiques comme Copernic que de grands écrivains comme L'Arioste ou le Tasse, sans compter les peintres les plus éminents comme Mantegna, Piero della Francesca, Jacopo Bellini ou Rogier van der Weyden, n'aura conservé dans ses musées comme dans ses églises qu'un nombre relativement modeste des chefs-d'œuvre auxquels elle a donné naissance. La visite du Château Ducal est sur ce point - celui de l'histoire de la Peinture -  assez décevante. A mille lieux du Palais de Te et du palais ducal des Gonzague qui sont un pur éblouissement.