mardi 6 décembre 2022

APRÈS-MIDI DÉCOUVERTES AU CHANNEL DE CALAIS AVEC CHRISTOPHE MANON, LAURENCE VIELLE ET LE MUSICIEN JERÔME PAQUE.

Des années que nous avons le plaisir d’accueillir pour leur faire découvrir un peu la poésie contemporaine les élèves du lycée Berthelot de Calais. Dans l’un des cadres aussi parmi les plus extraordinaires de notre région : la salle du Passager que l’équipe de la Scène nationale du Channel que l’on ne saurait trop remercier met à disposition.

Pour ce qui sera peut-être d’ailleurs l’une de nos toutes dernières interventions en ce lieu c’est à des auteurs que nous connaissons bien et apprécions tout particulièrement que nous avons fait appel. Laurence Vielle l’une des lauréates du Prix des Découvreurs est connue pour son sens de la scène. Accompagnés par un jeune et talentueux musicien, Jérôme Paque, ses textes, le plus souvent en prise directe avec les problèmes du temps emportent immédiatement l’adhésion de tous les publics grâce à la transparence de leur message et à l’enthousiasme communicatif dont elle les dit. Avec puissance. Générosité. Sans oublier l’émotion.

Christophe Manon, dont j’aurai bientôt à reparler pour la sortie prochaine chez Verdier, d’un livre autour de ses racines familiales et dont le peu que je sais c’est qu’il nous emmènera autour d’une ville qui m’est aussi bien chère, Gubbio, est d’un tempérament presque opposé. Ses textes, plus resserrés, plus denses, la retenue, le phrasé si particulier dont il les dit avec sa maîtrise coutumière, tout cela nécessite une autre espèce d’attention et suscite toujours bien des interrogations chez un public non averti.

 Ainsi le contraste est grand entre ces deux paroles qui se succèdent sur la scène.

 Et c’est justement cela que nous aimons dans les rencontres. Principalement quand il s’agit de jeunes. Témoigner par la poésie de l’exceptionnelle diversité possible des êtres et des paroles. Du vivant tout entier. Indiquer à chacune de ces riches et inquiètes sensibilités en devenir, que nous avons la charge d’accompagner, de diriger, de cultiver, former comme on dit, qu’il n’est pas qu’un seul chemin pour devenir adulte. Ou pour dire le monde.

 De tels moments sont notre manière à nous de répondre à la robotisation croissante nous semble-t-il des esprits, en maintenant ouverts, pour reprendre la belle formule d’Elias Canetti,  « les accès entre les êtres». Des êtres dont les différences n’auraient plus vocation à s’exclure, se rejeter, mais à se magnifier.

 Que des établissements scolaires aient bien compris cette nécessité, que des professeurs particulièrement investis se soient fait un devoir de rendre ces choses possibles, voilà qui en ce début d’hiver difficile, a de quoi réjouir. Merci.

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