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Vraiment. Un livre qui mérite, que
dis-je ? qui devrait, être lu par tous ceux que préoccupe la relation
entre pouvoir, volonté politique et réalité. L’auteur, hollandais, est
ingénieur hydraulique et s’intéresse en particulier à la façon dont la
littérature a répondu sous la pression du pouvoir soviétique à l’injonction d’accompagner
la transformation radicale du système hydrographique de l'énorme territoire qu'il gouverne, moins
pour améliorer les conditions de vie de tous que pour imposer aux yeux du monde
l’idée de la supériorité d’un régime capable de dompter les forces les plus
apparemment incontrôlables de la nature. C’est vivant. Précis. Concret. Désespérant
aussi car on aurait bien tort d’imaginer que les délires autoritaires, l’arrogance
technocratique, les prétentions théoriques à enfermer la réalité, la folie
technologique et le gaspillage insensé des ressources matérielles et humaines
qu’elle entraîne, sur fond de clandestine servilité et d’universelle courtisanerie,
aient disparu de nos sociétés.
L’extrait que j’ai choisi met l’accent moins
sur la dimension proprement littéraire de l’ouvrage que sur la question plus
large encore de la contribution des pouvoirs et des puissances, scientifiques,
technologiques et humaines qui lui sont inféodées, à la production en chaine de
catastrophes écologiques et sociales. Tant la capacité d’illusion des hommes
dans leur pouvoir et leur volonté de puissance sont grandes.
Ce passage peut aussi être lu comme une fable
analogue à celle que nous raconte Fontenelle dans la Dent d’Or : le
biologiste Aliyev qui raconte ici à l’auteur/narrateur l’histoire de la
construction à travers le désert du Kourskistan du plus long canal du monde, me
faisant penser à l’orfèvre mis en scène par le philosophe français.
De tels textes devraient être lus, connus des
jeunes avant qu’ils ne soient lancés dans le monde dit actif du travail et des
responsabilités. Pour qu’ils apprennent à se défier des représentations
abstraites et simplistes dont le plus souvent l’école aura chargé leur esprit.
Comme le dit le texte, l’eau est beaucoup plus que ce qu’en dit la chimie. Elle
est la Vie. Une vie dont ils doivent apprendre à s’approcher dans toute sa
complexité et sa fragilité. Sans l’excessive présomption des soi-disant
sachants.
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