mercredi 3 mai 2017

LIRE ALEXANDER DICKOW !

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Pour prolonger l’éloge que j’ai récemment publié du livre de Dickow, j’invite le lecteur curieux à en lire un extrait accompagné d’un commentaire lumineux de François Huglo sur le sens des  « incorrections » dont l’auteur – qui est totalement bilingue -  joue de manière si singulière dans son texte. François Huglo se référant lui aussi dans son billet à l’oeuvre de François Jullien, j’en profite pour recommander ici  la lecture de Vivre de paysage ou l’impensé de la raison, paru chez Gallimard en 2014. Et en citer l’une des lumineuses approches qu’il fait de cette notion de paysage que pour ma part j’élargis depuis longtemps à la relation existant entre langue et poésie.


« Il y a paysage non seulement quand s'efface la frontière du perceptif et de l'affectif ou que du perceptif se révèle en même temps, indissociablement, affectif: mais aussi quand s'abolit la coupure du tangible, physique et du spirituel et que du spirituel se dégage à partir du physique. Le propre du paysage, autrement dit, ce qui le promeut de pays en paysage, ce qui fait qu'il y a « paysage », est qu'il nous hisse — nous hausse — à cette transition et la fait apparaître. Il nous élève à du spirituel, mais dans la nature, au sein du monde et de sa perception : de ce monde de montagnes et d'eaux que j'habite et dans lequel je me promène, à travers ses alternances du massif et du fluide, du visible et de l'audible, de l'opaque et du transparent. Il y a paysage quand le monde, du fait de l'activité de ses corrélations, ouvre du dégagement en lui et nous le fait éprouver — «dégagement» sera le terme clé. Car il y a de nos jours (c'est là notre nouvelle tâche de pensée), non pas à renoncer à la transcendance (toute pensée qui s'enfonce dans son déni y meurt), mais à ne plus la concevoir comme une fuite (dans quelque autre monde) : à concevoir le « spirituel », non plus comme de l’« Être » (s'opposant à l'écoulement du devenir), mais comme du processuel. En quoi le paysage alors est révélation. »

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