mercredi 25 novembre 2015

BANDE DE GAZA. SYLVIE NÈVE.

André ROBILLARD, LAM, Villeneuve d'Asq

L’Atelier de l’Agneau vient de publier Bande de Gaza, un intéressant texte de Sylvie Nève que certains peut-être se souviendront d’avoir entendu, il y a quelques années, sur les antennes de Radio-France sous la forme d’un oratorio mis en musique par le compositeur Éric Daubresse. Le livret de cet oratorio s’accompagne de textes plus récents dont l’un d’ailleurs réagit au propos d’un journaliste trouvant apparemment surprenant que l’auteure ait écrit, sans «y  avoir jamais mis les pieds », sur cette terre qu’elle a décidé, non de chanter, mais de prendre comme objet de pensée « pour y comprendre quelque chose ».


Il est assuré que si l’on devait toujours mettre physiquement le pied là où l’on a choisi de porter sa parole, le champ de la littérature s’en trouverait fort rétréci, au seul bénéfice sans doute de ce que Mallarmé appelait l’universel reportage. Et si l’on peut juger condamnable pour un poète de prétendre parler, en lieu et place des autres qu’il imagine et de loin, il serait absurde de lui interdire le droit de réfléchir  - à sa façon et aux divers sens du terme, ne serait-ce que pour mieux sortir de ses propres enfermements - tout espace ou fraction du monde par quoi il se sent intimement questionné.

Ainsi, même s’il nous parle d’un lieu géographique que l’auteur n’a jamais de ses propres yeux vu, on ne manquera pas d’apprécier la manière dont le travail de Sylvie Nève cherche à faire résonner dans ses pages, le bourdonnement babélique souvent terrible de cet espace comme confisqué du monde dont elle parcourt avec entêtement les figures trop souvent éclatées. On sera également sensible à la volonté qu’elle affiche, faisant brèche aux Murs de tous ordres de dérouler – reprenant un peu la formule du célèbre poème-partition d’Heidsieck, Vaduz – la litanie de toutes les nationalités qui gravitent, autour de cette petite langue maltraitée de terre, pour composer avec elle le concert de notre fertile, diverse mais aussi, regrettons-le, toujours bien impuissante humanité.

Lire le tout dernier texte du livre.

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