Chacun à notre place nous sommes les acteurs de la vie littéraire de notre époque. En faisant lire, découvrir, des œuvres ignorées des circuits médiatiques, ne représentant qu’une part ridicule des échanges économiques, nous manifestons notre volonté de ne pas nous voir dicter nos goûts, nos pensées, nos vies, par les puissances matérielles qui tendent à régir le plus grand nombre. Et nous contribuons à maintenir vivante une littérature qui autrement manquera à tous demain.
lundi 3 février 2020
ALAIN DAMASIO. UN LIVRE BLEU POLYCHROME. OU LIRE POUR AFFIRMER LA VIE.
mercredi 14 juin 2017
POUR PIERRE DROGI. FULGURATION DE LA VIE.
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TIEPOLO Métamorphose de Daphné détail |
lundi 2 mars 2020
NOUS INVENTER DE NOUVEAUX COMMUNS.
lundi 2 juin 2025
MIETTES À PROPOS DE M.E.R.E. RÊVERIE-AUSCHWITZ, DE JULIEN BOUTONNIER, AU DERNIER TÉLÉGRAMME.
Seules les pulsations du coeur retenaient ·Reitz désormais. Son organe battait encore bien qu’il n’y eût plus aucune nécessité d’alimenter un corps en oxygène. C’était une énigme. Pourquoi donc battait un coeur enseveli dans un corps de papier ? Quel était ce pouls qui demeurait maître du temps ? ·Reitz ne cherchait pas de réponse. Il se contentait de jouir de ce rythme. Ce battement était en lui-même la question, sa formulation et l’étendue considérable des réponses possibles. Alors ·Reitz comprit peut-être ceci. Un temps avait été provisoirement ouvert, comme on ouvre l’accès à un espace : son coeur battait pour la mer de cadavres nus. Nul retour à la vie, nulle descente des visages sur les corps anonymes, nul reflux du sang dans les membres durcis, nulle consolation, simplement une présence dans le meurtre, un don dérisoire sans doute, une venue : un coeur battait dans la mer de cadavres nus. Ainsi le meurtre souverain connaîtrait lui aussi, un instant, la mélodie territoriale du merle. ·Rêve l’avait dit : Le vif du rythme saisit le sang blanche.[1]
J’imagine assez bien la réaction perplexe du lecteur ignorant du travail de Julien Boutonnier, à la découverte de ce bref passage tiré de l’ouvrage que je viens de lui offrir à lire. M.E.R.E., sous titré Rêverie-Auschwitz, publié par les éditions du Dernier Télégramme est un livre monstre de près de 700 pages. Est-ce un récit ? Un traité ? Un composé de poésie visuelle ? Une histoire fantastique de métamorphose ? Un commentaire de rêve ? Un chant à la mémoire d’une mère. Et de tous les disparus ? Une réflexion sur les pouvoirs ou pas de la littérature ? Le statut particulier de celle qu’on appelle des camps ? Un tableau expressionniste de la dépression ? Une caricature des modes de pensée et d’organisation de nos sociétés d’imposition ? L’œuvre d’un fou littéraire qui, à la différence du personnage imaginé par Queneau dans La Petite gloire, se serait trouvé quand même des lecteurs ?
mardi 24 mars 2020
POÉSIE ENTRE LITTÉRATURE ET ART. DE SA DIMENSION PHATIQUE À SA NÉCESSITÉ VITALE.
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Bernardino Luini, La forge de Vulcain |
mercredi 15 juin 2016
BASSE LANGUE DE CHRISTIANE VESCHAMBRE. POUR UNE EXPÉRIENCE VITALE DE LA LECTURE.
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Mantegna, Descente dans les limbes |
« Occident. 2016. Peut-être qu'une époque se définit moins par ce qu'elle poursuit que par ce qu'elle conjure. La nôtre conjure le dehors. Il ne s'agit plus de combattre ce qui n'est pas nous : il s'agit de le faire nôtre. De le transformer en « nous ». Le sauvage, le naturel, l'inexploré, les opposants, l'étranger, le gratuit : rien ne doit rester en dehors du système. L'hétérogène est endogénéisé, l'altérité s'assimile et se métabolise. Le climat ? Il est climatisé. L'inconnu, quel qu'il soit, se radiographie, se cartographie, il est rendu comptable et compatible. Si quelque chose échappe encore, la lisière du géré, le système allonge ses tentacules pour le raccorder au réseau, qui se veut total. »