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dimanche 13 novembre 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. PIERRE PERRIN.

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Pour compléter ma récente note de lecture sur l’ouvrage de Pierre Perrin, Des jours de pleine terre, voici quelques poèmes qui viendront j’espère donner à leur lecteur l’envie d’en découvrir davantage. Les pédants s’ingénieront, c’est aussi leur droit, à examiner d’un peu plus près la manière dont l’auteur travaille à faire jouer le rythme ample déjà de ses vers, bien assourdi, c’est vrai, par l’absence de rimes, avec celui distinct de ses phrases, jouant souvent de leur non-coïncidence. Ce qui ne va sans doute pas sans essentielle signification. Tant le rythme en poésie parle. Les mêmes pédants, dont je suis bien entendu, ne manqueront pas non plus de rapprocher le caractère volontairement trivial parfois du poème, voir celui intitulé La Porte, de certaines poésies fameuses du premier Rimbaud. Celui d’avant les Illuminations. Par quoi se vérifiera le caractère filial, comme j’ai dit, de cette écriture qui sans doute ne sera pas trop bien accueillie par nos extrêmes contemporains. Ils n’oublieront pas pour finir de se pencher sur l’usage très personnel par Pierre Perrin de l’épigraphe. Un usage qui réhabilite cet élément en en faisant un élément essentiel du texte. Lui conférant souvent une dimension réflexive supplémentaire. Ce qui me conforte dans l’image que je me fais de ce poète anti- mallarméen au possible qui loin de vouloir comme c’est un peu la mode dans certains milieux, suspendre le sens, cherche par tous les moyens à le multiplier.

Et puis parce que tout pédant peut cacher sous sa glaçante écorce un cœur prêt à s’enflammer, ils ne résisteront pas à contempler longuement, comme en écho à tous ces mots, les pommes tellement présentes, vibrantes, de Courbet. Des pommes qui auront vu l’écroulement de la Commune. Mais n’en font que davantage éclater leurs couleurs sur un mirage d’éternité[1].



[1] Comtois comme lui, Pierre Perrin a consacré à son « pays » Gustave, et sous le titre Le Modèle oublié, un livre dont l’un des principaux mérites, à ma connaissance, est d’évoquer l’histoire de ce peintre à partir du regard de son principal modèle, Virginie Binet.

dimanche 30 octobre 2022

JEUX SANS FRONTIÈRES. SUR LES CRADUCTIONS DE BRUNO FERN, TYPHAINE GARNIER ET CHRISTIAN PRIGENT AUX ÉDITIONS LURLURE.


 

C’est un petit ouvrage réjouissant que nous proposent les éditions lurlure avec ces Craductions par lesquelles le trio constitué par Bruno Fern, Typhaine Garnier et Christian Prigent, prolongeant par là l’entreprise amorcée dans Pages rosses, paru aux Impressions nouvelles, s’ingénient à « traduire crado modo locutions savantes, bouts de citations, paroles de chansons, titres, noms propres » etc… empruntés non plus cette fois seulement au latin, mais à toutes sortes de langues européennes y compris, pourquoi pas, notre lointain ( far ) breton !

Se donne alors à savourer ce jeu potache[1] qui seul en fait sait redonner à la langue comme une évidence première, sa foncière matérialité d’éléments convertibles que l’intelligence libérée, joueuse, volontiers iconoclaste, entraîne comiquement à signifier par rapprochements, suggestion, voisinages, tout autre chose. De cette sorte de quiproquo verbal affectant par belle malice l’ignorance du béotien bousculant les frontières, il ressort que rien n’est jamais figé réellement pour l’esprit, l’esprit alerte, qui pourtant de plus en plus confronté à toutes sortes de formules cherchant à le fossiliser n’en conservera pas moins toujours, ses capacités de détournement, la carnavalesque puissance de leur opposer masques, tarasques ou bergamasques ! À plaisir comme à volonté.

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[1] Je recommanderai d’ailleurs volontiers aux professeurs de mes amis de donner à découvrir quelques exemples de ces craductions en demandant par exemple à leurs élèves dans un premier temps d’identifier la langue source, la nature du terme ou de la locution avec son sens puis de retrouver le processus par lequel aura pu passer l’auteur. Enfin d’imaginer pourquoi pas des craductions alternatives.

samedi 29 octobre 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. MILÈNE TOURNIER : SE COLTINER GRANDIR.

 

 Je n’aurai finalement rien écrit sur le dernier livre de poésie de Milène Tournier. Non par indifférence. Bien au contraire. Mais parce qu’il fait pour moi partie de ces livres dont on ne peut parler à la hâte. Ces livres qui pour leur auteur ont quelque chose de vital. Et qui pour les lecteurs dont je suis ouvrent à l’intérieur des espaces où se reconnaît pour eux l’essentiel de ce qu’ils ont aussi à vivre.

mercredi 18 mai 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. CAMÉLIAS.


 Il me peine ces derniers jours d'assister à la défloraison des camélias qui depuis des semaines éclairent le fond de mon jardin de ville. Toutes les roses, que le grand soleil de mai, fait maintenant s'ouvrir pour leur succéder, ne me les font pas oublier. Pas plus que je n'oublie ce texte qui continue de me parler.

Photos : fleurs de camélias de mon jardin.

vendredi 29 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. BROUETTES DE JAMES SACRÉ. OBSIDIANE.

 

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« Forcément qu’un livre est trace de par où est passé moins ton pied que ta pensée ou l’incertitude inquiète et désireuse de ta rêverie. Aucun lecteur pourtant, ni même toi quand tu relis, ne sera le fin chasseur qui saurait lire d’emblée quel corps et quel esprit vivants ont laissé des marques dans ces fragiles bouts d’écriture que la pluie du temps bientôt défait. »

James Sacré, Figures de solitudes, Tarabuste, 2018

 Comme l’écrit avec sa coutumière justesse Jacques Josse, « où qu’il se trouve, James Sacré aime se saisir, dès qu’il en a l’occasion, d’une image brève et animée qui ne semble là que pour s’offrir à son regard.

jeudi 28 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. ARIANE DREYFUS.

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 De son ouvrage, Les Miettes de décembre, paru en 1997, Benoît Broyart dans Le Matricule des anges écrit ceci : "Les Miettes de décembre pourrait être un roman. On suivrait le parcours de Catherine, la fille, de sa naissance à l’âge adulte, à travers les yeux d’Émilie, la mère. Mais Ariane Dreyfus, née en 1958, dont c’est le troisième ouvrage, déchire la narration, transformant le roman potentiel en une suite de petits éclats, proches du poème. Le texte est en miette et le silence, entre chaque bribe, installe la distance nécessaire. Le poète garde juste ce qu’il faut".

Un tel sentiment de vie dans ces vers. Une vie tellement ouverte. A en devenir si profondément vulnérable. 

Cette édition reprend 4 titres importants de l'auteur, L'Amour, Les Miettes de Décembre, La Durée des plantes, La Bouche de quelqu'un, parus respectivement en 1993, 1997, 1998 et 2003 chez divers éditeurs. 

lundi 4 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. EXTRAIT DES PHRASES DE LA MORT DE JEAN-PASCAL DUBOST AUX ÉDITIONS DE L’ATELIER CONTEMPORAIN.

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 Le temps qui trop nous est compté, s’il m’empêche de décompter là, les pluriels allèchements de ce tout dernier travail de Jean-Pascal Dubost, ne saurait me priver de proposer à la curiosité des amateurs véritables qui parfois s’égarent sur mes pages, quelque passage par quoi se donnera peut-être à goûter ce banquet de la mort qu’âpre et amer, souvent, il constitue. Banquet de la mort qui est aussi banquet de mots. Plus proprement ici de phrases. Qui largement font écho. À notre piteuse et massacrante condition. L’ombre de Villon plane sur cet ensemble. Et celle bien sûr de ces temps où la pensée de la mort tout imprégnait. L’usage particulier que Jean-Pascal Dubost fait depuis toujours, ou presque, d’une langue redéployant nos anciennes syntaxes comme nos vocabulaires éteints, ajoute finalement à l’ensemble autant qu’une jouissance, sa cruauté d’ardillon.

Divisé en quatre parties- Lai, Envoi, Final et Coda, que précède une adresse au lecteur, accompagné des suggestifs dessins du peintre Hervé Bohnert et d’une lecture finale mais non définitive de François Boddaert, le livre est le fruit de plusieurs années de notations impréméditées retenues en des carnets mais à l’évidence remmanchées avec art, suivant desseing de forme. Le passage que nous avons extrait, pour éloquent qu’il soit, ne donne aucunement l’idée du tout.

vendredi 1 avril 2022

ANTHOLOGIE DÉCOUVREURS. TOUT PARTOUT DE LUCIEN SUEL.

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 Ma mère, née Brabant, eh oui, utilisait souvent cette expression, que pendant longtemps j’ai moi-même utilisée, avant qu’on ne me fasse savoir qu’elle n’était pas bien correcte, sentait son peuple, son petit paysan. Son belge ! Car il semble que cette expression à caractère pléonastique pour les uns, figure d’insistance pour moi, serait un « flandricisme ». J’aime à le retrouver là sous la plume de Lucien Suel, célébrant les richesses de notre terre du Nord qu’il habite en poète, c’est-à-dire avec le regard large ouvert, déhiérarchisé, de ceux qui restent sensibles à tout. Tout ce qu’ils voient partout. Et fait pour lui la couleur, non, les couleurs ici, et le riche ordinaire, de nos vies reliées.[1]

Arithmomania, paru en 2021 au Dernier Télégramme, est une anthologie des poèmes écrits par Lucien Suel en vers arithmonymes(comprenant le même nombre de mots) ou arithmogrammatiques (le même nombre de lettres). Tout partout est donc un poème en vers arithmogrammatiques. L’emploi de la police courrier new, police dont chaque caractère occupe le même espace, permet à ce poème d’être justifié aussi bien à gauche qu’à droite.



[1] Il y a du souffle et de l’inspiration toujours dans les poèmes de Lucien Suel. Ce que signale bien pour moi le jeu de mots revenant dans une partie du texte comme un refrain : Aura pro nobis, qui a de plus l’avantage par rapprochement phonétique d’évoquer l’or (aurum). Et de permettre à Lucien Suel de reconnaître merveilleusement ce qu’il doit à tous ces créateurs, ces êtres compagnons, avec lesquels aussi, depuis longtemps, il se sent faire pays.