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L’Oca nera ( titre italien, en français : l’Oie noire ) : je reviendrai sans doute sur cet assez singulier roman que Gérard Cartier vient de publier à La Thébaïde. Il y est question de toute une série de choses qui se succèdent, s’imbriquent, pour y dessiner la forme toujours un peu difficile à saisir d’une vie envisagée dans ses différents plans : géographique, historique, familial, professionnel, sentimental, intellectuel…
Gérard Cartier qui est poète et ingénieur recourt ici avec maestria aux qualités a priori contradictoires qu’on prête généralement à ces deux manières particulières d’habiter et de concevoir le monde : rigueur, connaissances et sensibilité se combinent chez lui pour nous fabriquer une machine de lecture, riche en significations et résonances de toutes sortes. Cela ne va pas sans une certaine lenteur, bien sûr, dans la narration qui s’arrête sur des objets, souvent d’ailleurs des paysages, dont l’auteur fouille la multitude de détails dont ils sont composés afin d’en retenir aussi bien la réalité objective que ces «molécules aux formules compliquées», les impressions, qu’elle ne manque jamais de produire à l’intérieur.
Inspirée en grande partie de son existence propre sans qu’on devine toujours bien à quel moment la fiction prend le relais, l’Oie noire dresse comme «un cadastre» de la vie de son auteur, reprenant d’ailleurs sous une forme nouvelle la plupart de ses précédents ouvrages : d’’Introduction au désert, ambitieuse méditation sur la tragédie du Vercors - qui figura dans notre toute première sélection du Prix des Découvreurs - à L’ultime Thulé, ce dernier livre de 2018, inspiré du voyage légendaire de saint Brendan où se retrouve la fascination de Cartier pour le Jeu de l’oie.
On n’a que l’embarras du choix pour extraire dans ce livre très écrit, soucieux de son vocabulaire comme du rythme et des allures de sa phrase, un passage qui soit, non pas représentatif car la construction même de l’ouvrage, essentiel ici, rend cela impossible, mais qui témoigne en tout cas du talent d’écriture et de la profondeur de regard de l’auteur. J’ai choisi pour ma part un court passage dans lequel au détour d’une association d’idées, le narrateur évoque le souvenir d’un trajet dans le camion de son oncle, un jour de fortes pluies.
J’y ajouterai pour finir les belles réflexions que Cartier attribue à son narrateur dans l’un des chapitres terminaux de son livre, qui porte justement comme titre : LA MÉMOIRE.
G.G.
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