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SAUTONS
dans qui respire,
Se servir du point comme
tremplin. De la virgule non pas comme une pause, mais une entaille, pour
accélérer l’écriture, la pousser en avant. En avant ! C’est le mot d’ordre
du poème dans l’œuvre d’Hélène Sanguinetti, même quand, traversé par un deuil, il
se tourne vers le Jadis, « la douceur propre au jadis »,
comme elle l’écrit dans son Avant-Propos qui explique la raison pour
laquelle elle a finalement accepté la proposition d’Yves di Manno, de conjuguer
dans un même recueil son dernier livre-poème, Jadis, Poïena, sous titré une
poème et son tout premier livre, Fille de Jeanne-Félicie, écrit il y
a plus de 38 ans.
C’est en fait de mouvements et de
relations, d’élans, de ruptures, de coups d’arrêt et de reprises, d’une suite
syncopée d’impulsions que procède l’art poétique d’Hélène Sanguinetti. Qui
cherche moins à rendre compte du réel qui l’entoure qu’à lui rendre coup pour
coup, répondant toujours à la violence à la fois merveilleuse et terrible des
choses par une façon bien à elle de stimuler, d’électriser la langue, pour la reconvertir
en vie. Jusque dans la chute, la perte ou le regret.
Jadis, Poïena, d’Hélène
Sanguinetti, est une mise en théâtre de voix venant de divers points répliquer,
au sens presque sismique du terme, au deuil qui l’a frappé. Choc puissant dont
les marques restent bien visibles à l’intérieur d’un(e) poème qui, à la façon
des grandes lyriques d’autrefois, commence par invoquer les Muses, aujourd’hui
devenues ombres et revient par deux fois, à l’intérieur de courts blocs de
prose, sur l’enfant qu’elle a été, Fille de mère bien sûr, mais aussi de
tout un paysage, milieu, matériel et humain, qui lui auront fait famille.
Alors, quand s’élèvent ces voix,
jusqu’à celle de deuil qui aujourd’hui profondément les colore, il se produit
la même chose dans sa langue qu’une explosion d’énergie qui fait, qui veut, que
« des mers reculent / d’autres avancent », que les
« fleurs/fanées se réveillent,/ se remettent/ en bouquet,/ de l’autre
côté/ de la frontière, », tandis que les images toujours vives des
anciennes amours reviennent, descendent « sans freiner/ à peine un
bout/ de savate ROUIIIIINNNNN ! » jusqu’à l’eau de la rivière.
Ça sent bon alors « l’amour
du sauvage », « l’amour des Huns ».
Ces « Huns »
dont en même temps il importe de ne pas oublier la violence destructrice dont
ils restent chargés dans notre imaginaire.