mercredi 18 mars 2020

MIEL, LITTÉRATURE ET MODE D'EMPLOI DES MACHINES Á LAVER !

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J'aurai bientôt l'occasion, j'espère, de présenter et commenter un peu le livre de réflexion de Pierre Vinclair qui accompagne chez Corti la publication de La Sauvagerie qu'il définit comme une "épopée totale concernant l'enjeu le plus brûlant de notre époque, la crise écologique et la destruction massive des écosystème".
En attendant je propose au lecteur de se pencher sur quelques pages de cet ouvrage qui ne devrait pas laisser indifférent.

vendredi 13 mars 2020

JEUX DE PISTES. LIRE SANDRA MOUSSEMPÈS AUX ÉDITIONS DE L’ATTENTE.


Dira-t-on du livre de Sandra Moussempès, Cinéma de l’affect, sous-titré Boucles de voix off pour film fantôme, qu’il défie tout commentaire : la complexe élaboration que son auteur fait subir aux confidences qu’elle y adresse à ses lecteurs, les laissant finalement comme face à une « porte sans serrure dont nul ne possèderait » comme elle l’écrit, le code secret, « code intérieur bien sûr, aucune combinaison chiffrée ne pouvant être efficace ». 

C’est vrai que le livre de Sandra Moussempès n’est pas de ceux qu’on peut lire d’un œil distrait et qui se comprennent avant même d’être lus. Si la maîtrise de la langue, contrairement à ce que vers quoi s’oriente de plus en plus la logique du temps, y est absolument parfaite, donnant des phrases d’une précision et d’une évidence syntaxiques remarquables, l’univers référentiel, comme on dit, vers lequel ces phrases font signes, interroge par son apparente opacité. Et la diversité des pistes – j’emploie le mot ici dans le sens que lui donnent les actuelles techniques d’enregistrement audio-visuelles – la façon dont elles sont combinées, superposées, ont de quoi dérouter.

Qu’est-ce toutefois que dire sa propre vie, sinon entrer tout entier en relations. Au sein d’un espace-temps formel où la matérialité des choses dont on fait multiplement l’expérience, apparaît toute tissée d’affects mobiles qui s’accumulent en nous pour s’exprimer en pensées, se voir traduire en voix, à travers des opérations d’organes et d’intelligence qui nous demeurent en grande partie obscures.

C’est bien consciente de tout cela que Sandra Moussempès se met ici en scène. Avec cela qu’elle nous fait, si je peux dire, tout un cinéma. Non pour épater le bourgeois. Mais pour se libérer de certaines angoisses. Et continuer à se construire. Par une compréhension plus affinée sinon des opacités, du moins de ces divers brouillages, occultations ou effets parasites imposés à toute volonté d’expression.

Dédié à un certain R., présenté comme « l’amoureux errant de ce dédale », Cinéma de l’affect, doit être d’abord lu comme une chronique amoureuse. Une relation apparemment bousculée, difficile dans laquelle la complicité première des corps, des voix et des projets, les attachements, le « conte de fée psychique sans dialogue » qu’ils génèrent, finalement se désagrègent, laissant l’esprit s’interroger sur la nature réelle de ce qui a eu lieu : « escroquerie ou flamme jumelle, connard ou amour vrai, la reconstitution des faits se trouve dans une sacoche vide jamais retrouvée ».

Mais comme l’esprit – pourquoi ne pas d’ailleurs dire ici l’âme ? -  a besoin de sens, d’insérer chaque séquence de son propre vécu dans une sphère d’existence et de compréhension plus large, la rumination à laquelle Sandra Moussempès se livre dans cet ouvrage, passe par l’interrogation des principaux domaines d’expérience qui lui sont chers et façonnent depuis longtemps son imaginaire. Ainsi de sa relation singulière à la voix. Comme à ce que nous avons en nous de plus intime. Et qu’on aurait bien tort de ne considérer que comme un simple organe de parole. Du son. Du bruit. A la fois appareil et produit de langage. La voix c’est ce qui porte. Et nous porte vers l’autre. De la chair et de l’être. Pris dans une même tension. Et dans un même appel.

Ainsi Cinéma de l’affect interroge t-il la voix. Celle de son auteur d’abord. Dans son rapport au chant. Et par suite dans son rapport au père. Puis à l’ensemble de sa « lignée ». Insistant plus particulièrement sur cette Angelica Pandolfini, cette arrière-grand-tante qui au début du XXème fut une cantatrice célèbre et dont Sandra Moussempès dit avoir hérité de son timbre. La découverte sur YouTube d’un enregistrement de la voix de sa lointaine parente l’amenant à ce constat, renforcé par une certaine confiance accordée aux expériences spirites, que « les voix ne se dispersent jamais tout à fait » même si « on ne sait pas où elles vont et si elles montent au ciel avec les défunts ».

Alors, que se conserve-t-il ou s’invente-t-il de nous, dans la voix ? Celle que par exemple on aura laissée s’enregistrer sur le répondeur de l’amant. Celle qu’on aura conservé de lui sur tel ou tel appareil. Rejoindront-elles un jour toutes celles qui aujourd’hui remisées dans « un hangar désaffecté au département des rubans sonores démagnétisés », conservent dans le fouillis des appareils devenus obsolètes – vieux magnétos à bandes, K7 audio, répondeurs téléphoniques ou Walkmans sans leur casque -  « les messages des années 80, 90, des voix de défunts ou d’enfants à présent adultes ».

De fait, toutes ces voix, chacune avec son timbre propre, qui auront tenté de se trouver passage, de s’éterniser sur la cire d’un microsillon, dans la chambre numérique d’un appareil enregistreur, et se seront posées comme autant de voix off sur les images saccadées du film étrange de leur vie, ne sont-elles pas figures de cette condition qui fait de nous, fondamentalement, fantômes ? Egarés parmi d’autres fantômes, esprits, revenants, simulacres, phantasmes, ectoplasmes… , toutes formes que nous désirons pour les aimer ou les avoir aimées, saisir ou ressaisir, sans que bien sûr cela nous soit possible. Même avec les meilleurs appareils – le cœur en est-il un ? – du monde.

Reste l’art. L’écriture conçue comme un art, venant tresser ses filets de mots, ses emboitements de formes, imposer ses miroirs déformants. L’art qui, comme dans un vieil épisode de Colombo, n’en finit pas de tourner autour de ses sujets, jusqu’à ce que l’approximation devant laquelle il nous laisse, nous lasse. Nous réduisant pour conclure à la sommaire définition de ce que nous sommes. Défilant sur l’écran à la façon rapide d’un générique. Ici : « une Emily Brontë parisienne, d’origine basque et sicilienne, sub-londonienne d’adoption, devenue quasi Normande. »

mardi 10 mars 2020

LA NUIT DES ROIS À LA COMÉDIE FRANÇAISE. VIVE LE VRAI SPECTACLE VIVANT !



La Nuit des rois de Shakespeare est une pièce farcesque. Une vraie pièce de carnaval. C’est en ce sens d’ailleurs que le célèbre metteur en scène allemand Thomas Ostermeier l’a monté en 2018 à la Comédie française. Et c’est un pur régal que de voir en mars 2020 cette pièce continuer sous sa direction à vivre en intégrant pour les tourner en dérision quantité d’éléments qui font la tristesse sinon le malheur de notre sombre actualité, du recours insupportable au 49.3 à la propagation angoissante de la peur du coronavirus.

Il est loin le temps où l’on se rendait en habits à la Comédie Française pour y voir jouer des pièces à costume. Aujourd’hui pour reprendre le slogan d’une marque de fast food on y va comme on est. Et les acteurs jouent en slip. Quand ils ne le baissent pas pour montrer quelque plus intime partie de leur anatomie. Et si je ne pousse pas la naïveté au point d’ignorer, dans ce changement d’esprit, la mise en place de nouvelles postures, j’aime voir par là le théâtre renouer vraiment avec l’une de ses fonctions principales qui est de parler au présent pour un public vivant.

Pour faire mieux réagir son public Thomas Ostermeier n’hésite jamais à bousculer les codes. Ainsi la part qu’il fait tout au long de sa mise en scène au mauvais goût tant des costumes que de certaines des plaisanteries qu’il donne à faire à ses très remarquables acteurs, va, comme le veut d’ailleurs tout l’esprit de la pièce, dans le sens d’une remise en question de tous les attendus, de toutes les pseudo-définitions par lesquelles sont encadrées d’ordinaire nos représentations et à travers elles, nos vies. À commencer par les identités que nous nous supposons. Que nous attribuons aussi à nos partenaires d’existence. Et jusqu’aux animaux avec lesquels nous partageons notre si déroutante et confondante habitation.

J’ai eu la chance, la veille de la représentation au Français, de pouvoir assister au théâtre de la Colline à la mise en scène du texte de Peter Handke, Les innocents, moi et l’inconnue au bord de la route départementale, par l’excellent Alain Françon. Force est de constater que la belle esthétique de Françon, l’incontestable talent de ses acteurs, l’intelligence aussi qu’on sent bien déployée partout sur la scène, n’empêchent pas le texte très fort mais quand même un peu bavard de l’auteur, de susciter à la longue un certain ennui que ne dissipe pas entièrement les fort beaux tableaux d’hiver et de nuit de la fin. Le côté couillu de la représentation donnée à la Comédie Française et l’implication que, par des effets d’ailleurs un peu faciles parfois, les acteurs réussissent à obtenir du spectateur, font à l’inverse que les presque trois heures de représentation passent là comme lettre à la poste et qu’on entend bien aux applaudissements de la salle que chacun serait bien encore resté des heures à prendre plaisir à ce vivant spectacle qui venait de lui être offert.

Bien sûr les deux pièces ne sont pas de même nature. Ni de même portée. Et si toutes deux engagent à la réflexion elles le font dans un esprit totalement différent. Qui témoigne quand une nouvelle fois qu’au théâtre, l’esprit de sérieux et la pertinence approfondie du verbe et de tous ses discours l’emportent rarement sur le langage irrévérencieux, tout débridé des corps et le sens actualisé de la raillerie et de la dérision.

lundi 9 mars 2020

CEZANNE À MARMOTTAN. PANURGISME ET CORONAVIRUS !



Á quoi peut bien servir d’organiser à grands frais une exposition qu’on rend par ailleurs quasiment invisible par les conditions de visite qu’on inflige au public venu s’en régaler. Ce Cezanne, Rêve d’Italie que propose actuellement le Musée Marmottan, a tout a priori pour séduire. Outre la réputation bien entendu du maître d’Aix, tant auprès du grand public que des vrais connaisseurs, sans compter bien sûr les artistes eux-mêmes, l’idée de mettre doublement en perspective son œuvre en la comparant à ses sources italiennes ainsi qu’aux nombreux peintres de la péninsule qui s’en sont ensuite inspiré, a de quoi attirer. Toutefois comme les rapprochements effectués par les organisateurs de l’exposition sont loin de sauter toujours immédiatement à la vue, il faut pour tirer vraiment profit de la visite pouvoir prendre le temps de tranquillement regarder et comparer les œuvres et de lire pourquoi pas les nombreux cartels explicatifs qui très pédagogiquement les accompagnent.

Paysage classique de Francisque Millet
Or une telle chose est impossible. Encombré de visiteurs et surtout de groupes faisant cercles autour de différents conférenciers, au point de masquer de leur masse importune la plupart des tableaux qui y sont accrochés, l’espace relativement étroit des salles qui s’offre au parcours tient plus de la jungle amazonienne ou du grand magasin le premier jour des soldes que du lieu de contemplation et de réflexion qu’il devrait avoir pour vocation d’être.

C’est bien dommage assurément. Mais finalement bien représentatif de l’évolution de nos sociétés qui font consommation de tout et ont édifié le panurgisme touristico-culturel au rang de vertu cardinale. Alors que l’art continue à ne pas trop nourrir son homme, la culture, elle, s’en nourrit sans complexe, lançant les foules avides de distinction vers les grandes choses souvent méprisées du passé, à grands coups de lancements publicitaires.

On pourrait recommander aux responsables de Marmottan de réserver, comme cela se fait par endroits, les visites guidées à quelques plages horaires pour redonner au visiteur solitaire un peu de la jouissance effective du lieu. Pas certain que cette décision de bon sens prime sur la politique du chiffre qui ravage la plupart des "managers" du temps. Ne reste d’espoir alors que dans le coronavirus. Quand on s’apercevra que devant les tableaux ici rassemblés, de Cezanne, de Tintoret, de Poussin ou de Morandi, ce sont des foules qui s’entassent à se marcher sur les pieds, engoncés dans leurs manteaux, leurs pardessus – le musée n’ayant pas de vestiaire ! – chaque visage à moins de cinquante centimètres de son voisin, peut-être que pour éviter la fermeture on se résoudra à ne faire entrer qu’un petit contingent de visiteurs qui enfin pourra profiter de ce qu’il n’hésitera sans doute plus alors à estimer avoir été une belle exposition.

lundi 2 mars 2020

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NOUS INVENTER DE NOUVEAUX COMMUNS.


En matière de livre de résidence le pire côtoie parfois le meilleur. Nous connaissons tous de ces minces plaquettes où sous couvert de rendre hommage au territoire qui l’a quelque temps hébergé tel estimé confrère s’en fait comme il peut le rhapsode, bricolant quelques rapides pièces de circonstances dans l’espoir d’ainsi s’acquitter de l’engagement prévu dans son contrat.

Il n’est pas toujours simple d’écrire sur commande. Ou d’en trouver le sens.

Florence Jou n’est apparemment pas de ceux que rebutent ce type d’exercice. Invitée par Le Grand café, un dynamique Centre d’Art Contemporain installé depuis plus d’une vingtaine d’années sur l’estuaire de la Loire, à Saint-Nazaire, la jeune poète-performeuse a bien assimilé l’esprit de cette structure dont une des raisons d’être est d’associer autant que possible les publics diversifiés auxquels elle se trouve rattachée, au processus de création mis en place à leur contact par des artistes que la production d’une œuvre achevée retient moins que l’invention collective d’un chemin enrichissant ou renouvelant les pratiques de chacun.*

Certes dans ses Alvéoles Ouest, Florence Jou ne se libère pas totalement des poncifs qui accompagnent ces productions sensées réveiller pour se la réapproprier la mémoire d’un territoire. Reprenant ici celle des travailleurs des bureaux d’étude des gigantesques chantiers de Saint-Nazaire, elle joue à mon avis un peu trop facilement de la nostalgie d’un monde d’avant le numérique où les tracés effectués sur les plans par des employés devant à l’expérience plutôt qu’à leur diplôme, contrôlant l’ensemble de leurs outils, n’étaient pas encore désolidarisés des corps, « pas encore coincés dans les modélisations »  d’un programme élaboré sans eux. Par les machines. 

On lui en tiendrait rigueur si l’ensemble du livre se contentait d’une critique de convention des systèmes oppressifs nous enfermant aujourd’hui de plus en plus dans le cercle malheureux de nos passions tristes.

Mais, dans un esprit et une certaine invention de formulation qui m’a parfois rappellé le travail d’Alain Damasio dont j’étais d’ailleurs en train de relire la postface qu’il vient d’écrire au livre indispensable de Baptiste Morizot, Manières d’être vivant, Florence Jou, contre ce qu’elle nous invite à voir comme une terrible entreprise de broyage des aspirations légitimes de l’individu, nous entraîne à tout un travail de résistance et de réaffirmation créatrice, inventive, de nos libertés profondes. Face ainsi à ce qu’elle nous donne à penser comme une entreprise de « pestonnage massif » par laquelle l’individu se fait piler, dépiler « comme du basilic, comme de l’ail, comme des pignons », elle revendique pour chacun l’art du bartitsu, cette méthode de défense personnelle née en Angleterre à la fin du XIX, reposant « sur le sens de l’équilibre, l’art de la ruse et une économie de coups ».

C’est que l’heure n’est plus à la plainte voire à la résignation. Mais à l’invention de nouveaux espaces et de formes nouvelles de résistances. Dans la création de nouvelles solidarités. Si possible joyeuses. Allègres. Mobiles. Et pourquoi pas flottantes.

Dans ce domaine l’art doit bien tenir sa place. C’est pourquoi dans la dernière partie de son texte Florence Jou rejoue la scène inaugurale de la création du centre d’art qui l’accueille, réinventant l’argumentaire de Sophie Legrandjacques qui allait devenir sa toute première directrice. Insistant sur la nécessité de « casser les stéréotypes de l’art identitaire » pour proposer à ces Messieurs de la municipalité une aventure susceptible de créer sur leur territoire de nouvelles relations. De faire émerger chez ses habitants une autre et plus fertile intelligence et du monde et d’eux-mêmes.**

Une alvéole est une cavité dans laquelle comme une dent, comme une plante, quelque chose de l’ordre de la vie, de la création, est susceptible de prendre un jour racine. Les Alvéoles de Florence Jou sont à prendre comme la reconnaissance par l’artiste qu’elle est de la puissance d’un lieu où cette vie s’invente, anglant comme elle dit « vers de nouveaux communs », plongeant « dans des ouvertures et des passages », débordant pour finir « d’un réseau inextricable de nouvelles affinités ».


NOTES

* C’est ainsi que ce livre a été conçu pour servir de support à une performance réalisée au Grand Café dans un dispositif sonore imaginé par l’artiste Dominique Leroy. Dans ce dispositif cinq performeurs amateurs dont la directrice du Grand Café ont pu prendre leur part.


vendredi 28 février 2020

UN POÈME DE NIMROD.




Un poème du livre de Nimrod qui peut-être n'est pas le plus significatif de l'ensemble. Mais qui fait écho en moi à bien des choses, avec cette façon qu'il a, autour de la mention d'un paysage qui m'est cher, de rassembler ces mondes qui aujourd'hui plus que jamais affrontent leur puissance...

vendredi 21 février 2020

GUERRE AUX RESTAURATEURS ? UNE HALTE Á PIERREFONDS.

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Qu’est-ce qui peut bien constituer l’authenticité d’un monument ? Est-ce principalement comme semble le penser la majorité d’entre nous, la persistance dans le temps de ses matériaux d’origine. Auquel cas rien, nous venant des plus lointains passés, ne sera plus authentique bien entendu qu’une ruine. Ou, comme c’est par exemple le cas pour la tradition japonaise, la forme qui porte son esprit ou pour mieux dire le modèle immatériel qui aura pu dans le passé en susciter la construction et par la suite son usage.

Á ce moment de notre petite histoire nationale où nos responsables politiques auront à se prononcer sur les suites à donner à l’incendie de Notre-Dame-de-Paris, ces questions naturellement se posent. En des termes je veux bien le croire beaucoup plus complexes encore. C’est pourquoi je ne crois pas inutile de partager sur ce blog quelques réflexions qui me sont venues à la suite d’une visite du Château de Pierrefonds qu’on peut finalement considérer comme emblématique d’un type de restauration penchant plutôt du côté de la conception japonaise. Viollet-le-Duc n’a-t-il pas là, dans sa quête du monument perdu situé l’authenticité dans la reconstruction, à force de plongées dans le passé et d’un inlassable travail d’observation et de connaissance mais à partir aussi des matériaux et des techniques de son temps, d’un modèle idéal de gothique capable de parler à nouveau à l'esprit.

On trouvera dans ce dossier outre mes réflexions sur le site et quelques rapides recommandations pour le séjour, deux textes particulièrement intéressants que je donne dans leur intégralité, l’un d’Anatole France exprimant ses réactions à la découverte de Pierrefonds juste après sa restauration, l’autre de Victor Hugo, un  pamphlet magnifique et bizarrement très peu connu, que je recommande vraiment à tous pour sa verve inimitable et pour les multiples échos qu’il peut faire à notre sombre actualité.